
EDF essuie de nouvelles difficultés sur son parc nucléaire

Les problèmes de soudure représentent une plaie pour EDF. Après avoir été à l’origine d’une partie des retards ayant conduit à repousser à de multiples reprises la mise en service de l’EPR de Flamanville, ils compromettent désormais le bon fonctionnement de certaines centrales nucléaires existantes. Mercredi soir, l’énergéticien français a fait savoir que des défauts avaient été détectés «à proximité de soudures des tuyauteries du circuit d’injection de sécurité» au sein des deux réacteurs de la centrale de Civaux dans la Vienne. Ce circuit d’injection permet d’assurer le refroidissement du réacteur en cas d’accident. L’analyse des défauts a mis en évidence la présence de fissurations résultant d’un phénomène de corrosion sous contrainte.
A la suite de ces contrôles programmés dans le cadre de la visite décennale de cette centrale, le remplacement des pièces concernées conduira à prolonger les arrêts des deux réacteurs. Etant donné que la centrale de Chooz, dans les Ardennes, comprend deux réacteurs conçus à partir d’une technologie similaire, EDF va procéder à des contrôles préventifssur ce site, ce qui conduira à arrêter la production de la centrale durant cette inspection. «Le réacteur n°2 de la centrale de Chooz sera mis à l’arrêt le jeudi 16 décembre et le réacteur n°1 de la centrale de Chooz sera mis à l’arrêt le samedi 18 décembre», a précisé le groupe. La dernière visite décennale de la centrale de Chooz date de seulement deux ans.
Une perte de production d’environ 1 térawattheure
Informée de ces difficultés, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a estimé jeudi que la décision prise par EDF était «appropriée à la situation». Le régulateur suivra attentivement les investigations menées et se prononcera le moment venu sur la remise en service des équipements mis en cause. Anticipant une perte de production d’environ 1 térawattheure provoquée par ces arrêts non planifiés, l’énergéticien a abaissé sa prévision d’excédent brut d’exploitation (Ebitda) pour l’ensemble de 2021. Aux prix de marché actuels, il table désormais sur «une fourchette comprise entre 17,5 et 18 milliards d’euros, contre un objectif d’Ebitda supérieur à 17,7 milliards précédemment», après 16,17 milliards dégagés en 2020. Il a cependant maintenu son objectif d’un ratio de dette financière nette sur Ebitda inférieur à 2,8 fois en fin d’année.
Cette perte de production, qui intervient lors d’une période hivernale de forte consommation d’énergie, obligera EDF à acheter de l’électricité sur le marché de gros européen «à un prix compris entre 200 et 300 euros par mégawattheure, soit 4 à 6 fois plus cher que les niveaux habituellement constatés ces dix dernières années», relèvent les analystes d’Oddo BHF. Pour leurs homologues de JPMorgan, l’impact négatif «devrait se prolonger l’an prochain», entraînant des coûts supplémentaires «pouvant atteindre 2 à 3 milliards d’euros dans le pire des scénarios». L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), qui assume un rôle d’expertise technique pour l’ASN, a de surcroît indiqué que des contrôles portant sur d’autres réacteurs seront vraisemblablement nécessaires. L’action EDF a plongé jeudi de 15,5% à 10,04 euros, portant son recul à 22,2% depuis le 1er janvier dernier.
Ces accrocs suscitent de nouveaux doutes sur les conditions de vieillissement du parc nucléaire français, quelques mois après que l’ASN a avalisé la prolongation de 10 ans de la durée de vie des plus anciens réacteurs répartis dans huit centrales, celles de Civaux et de Chooz n’étant pas concernées par cette décision.
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