
Didier Michaud-Daniel : «Bureau Veritas anticipe un fort impact des plans de relance»

L’Agefi : Le rebond de l’activité du premier trimestre se prolongera-t-il ?
Didier Michaud-Daniel : Nous confirmons de solides perspectives de croissance pour l’ensemble de l’exercice et affichons un optimisme raisonné, même si l’environnement reste incertain pour l’ensemble de l’année. Après une croissance organique de 6,6% des ventes au premier trimestre, le deuxième trimestre devrait être de très bonne facture, profitant d’une base de comparaison favorable dans de nombreux pays européens, et ainsi qu’aux Etats-Unis, qui étaient confinés l’an dernier.
Les activités de construction, d’infrastructures et de certification bénéficient d’un effet de rattrapage. Pour leur part, les activités de certification liées au développement durable sont en très forte accélération.
Si le segment pétrochimique a pesé sur l’activité au premier trimestre, en raison de la baisse des volumes et des prix et du niveau des réserves, il redémarre progressivement après le point bas de début d’année, avec la baisse des réserves et la reprise des cours du pétrole.
Aussi, les disparités géographiques s’atténuent au deuxième trimestre : l’Europe est tirée par la France, l’Asie-Pacifique est bien repartie, hormis l’Inde, le Bangladesh et le Japon qui souffrent. Le redémarrage des Etats-Unis au deuxième trimestre devrait permettre de compenser ces trois pays.
Quel impact attendez-vous des plans d’investissement dans les infrastructures et la neutralité climatique en Europe et aux Etats-Unis ?
Pour le moment, nous n’observons pas d’effet significatif de ces plans sur notre activité, tant en Europe qu’aux Etats-Unis, mais nous avons la conviction qu’ils auront un fort impact d’ici la fin de l’année et lors des prochains exercices. Nous travaillons actuellement sur ces sujets grâce à notre savoir-faire dans la décarbonation de l’industrie, le véhicule électrique ou dans les solutions et services à destination de la construction. Beaucoup d’entreprises de ces secteurs font état de leurs progrès en matière de respect de l’environnement, mais cette simple communication «déclarative» ne suffit plus à certaines parties prenantes, qui réclament une certification de ces progrès. Bureau Veritas est de plus en plus sollicité pour mesurer ces performances et le nombre d’opportunités est considérable.
Quels sont vos axes stratégiques de développement ?
Nous dévoilerons notre plan stratégique en fin d’année, en novembre ou en décembre. Déjà 40% de notre chiffre d’affaires sont liés aux sujets «verts», à travers la sécurité, l’hygiène, l’environnement, etc. Bureau Veritas est en position de leadership dans ces domaines. Nous souhaitons la conforter. En matière de traçabilité bio-organique, nous avons pris de l’avance. L’augmentation de la population mondiale et de l’urbanisation accentuera cette «ligne verte», dont bénéficieront en particulier nos métiers liés à la construction et à l’agroalimentaire. Nous accompagnons les sociétés pétrolières sur leur décarbonation et vers le renouvelable, ainsi que les sociétés minières sur les remédiations et les nouvelles méthodes d’extraction.
La crise nous a offert des opportunités. A titre d’exemple, la mise en place de protocoles sanitaires liés au Covid-19 se poursuit avec la certification des déchets alimentaires chez Sodexo, ou encore des certificats sur l’hygiène chez Accor. Nos solutions «Redémarrer votre activité avec Bureau Veritas» nous ont permis de toucher 5.000 clients, dont la plupart sont nouveaux. La digitalisation des audits - 20% se sont faits à distance pendant la crise - va se poursuivre et s’accélérer.
Quelles sont vos priorités en matière d’acquisitions ?
En 2020, nous avons été très prudents en matière de croissance externe. Mais depuis le début de cette année, nous avons déjà annoncé trois acquisitions : le groupe américain Bradley Construction Management, qui opère dans les services de gestion de la construction pour le secteur des énergies renouvelables, Secura, un spécialiste néerlandais de la cybersécurité et l’entreprise chinoise Zhejiang Jianchuang Testing, qui réalise des tests de produits textiles. Nous poursuivrons avec discipline une politique d’acquisitions ciblées, dites bolt-on, en particulier dans l’agroalimentaire et la sécurité, avec la volonté de nous renforcer aux Etats-Unis et en Chine.
Bureau Veritas est membre de l’indice CAC Next 20. A-t-il vocation à intégrer le CAC 40 ?
L’intégration de Bureau Veritas auCAC 40 ferait sens pour l’image de la société et pour la renommée internationale de l’indice. Ce serait une fierté de voir notre société, présente dans 140 pays, couvrant tous les métiers, qui va accompagner le monde dans ses développements d’hygiène, de qualité, de sécurité et d’environnement, intégrer l’indice phare. Mais ce n’est pas un objectif en soi.
En février 2022, date d’échéance de votre mandat, cela fera dix ans que vous dirigez Bureau Veritas. Accepterez-vous de prolonger votre bail si le conseil d’administration vous le propose ?
Il est un peu tôt pour répondre à cette question. Sachez toutefois que je viens travailler chaque matin comme si j’allais rester vingt ans de plus et que l’énergie que je consacre à piloter Bureau Veritas n’a pas faibli depuis ma prise de fonction en 2012. Je suis très attaché aux équipes, je reste fidèle à mon actionnaire ainsi qu’à mon conseil d’administration : c’est à lui que revient naturellement, ainsi qu’au comité des nominations, la décision.
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L'armée israélienne appelle à l’évacuation de la ville de Gaza avant un assaut terrestre d’ampleur
Gaza - L’armée israélienne a appelé samedi matin les habitants de la ville de Gaza à l'évacuer vers une zone déclarée «humanitaire» plus au sud, en prévision d’un assaut au sol sur cette agglomération, la plus grande du territoire palestinien dévasté par près de 23 mois de guerre. Le colonel Avichay Adraee, porte-parole arabophone de l’armée, a lancé cet appel sur les réseaux sociaux alors que l’ONU, qui estime à environ un million les résidents de la région, a averti d’un «désastre» à venir en cas d’expansion de l’offensive sur Gaza-ville. L’armée israélienne, qui dit contrôler environ 75% de la bande de Gaza et 40% de cette agglomération, affirme vouloir s’en emparer pour venir à bout du Hamas et libérer les otages qu’il retient encore. L’appel à évacuer intervient après que le président américain, Donald Trump, a affirmé vendredi que les Etats-Unis étaient «en négociation approfondie avec le Hamas», dont l’attaque sans précédent en Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre. «Nous leur disons: +Libérez-les (otages NDLR) tous immédiatement», sinon «ça va être terrible», a-t-il dit. M. Trump a également avancé que certains des otages pourraient être «morts récemment». L’armée israélienne estime à ce stade que 25 des 47 captifs restants à Gaza - sur 251 enlevés le 7-Octobre - sont morts. Le mouvement islamiste palestinien avait donné son accord en août à une proposition de trêve et libération des otages présentée par les médiateurs (Egypte, Etats-Unis et Qatar). Le gouvernement de Benjamin Netanyahu exige qu’il rende les armes et dit vouloir prendre le contrôle sécuritaire de la bande de Gaza. «L’armée ment» Dans son message, le colonel Adraee précise que pour «faciliter le départ des habitants» de la ville de Gaza, le secteur côtier d’Al-Mawasi, dans le sud du territoire, est déclaré «zone humanitaire». Selon l’armée, cette zone comprend des «infrastructures humanitaires essentielles», et est approvisionnée «en nourriture, tentes, médicaments et équipements médicaux». Depuis le début de la guerre, qui a ravagé la bande de Gaza, désormais en proie à la famine sur 20% du territoire selon l’ONU, l’armée a souvent bombardé des zones déclarées «humanitaires» et «sûres», affirmant y viser des combattants du Hamas. «L’armée ment aux gens, quand nous allons chercher de l’aide (...) ils ouvrent le feu», s’indigne Abdelnasser Muchtaha, 48 ans, déplacé à l’ouest de la ville de Gaza après avoir quitté son quartier pilonné de Zeitoun. Il affirme vouloir «pour l’instant» rester sur place. Déja déplacé à Al-Mawasi, avec sa famille, Bassam al-Astal, 52 ans, assène que la zone n’est «ni humanitaire ni sûre». «C’est là qu’il y a chaque jour le plus de martyrs, il n’y a pas de place pour les tentes, pas de services humanitaires, pas d’eau, pas d’assainissement, pas d’aide alimentaire», dit-il. Vendredi, l’armée israélienne a encore intensifié ses opérations dans la ville de Gaza bombardant, après un appel à évacuer, une tour d’immeuble dans le centre, qui s’est écroulée comme un château de cartes. Selon l’armée, le Hamas y avait installé «des infrastructures» pour «préparer et mener des attaques» la visant. Elle avait auparavant prévenu qu’elle ciblerait «dans les jours qui viennent» des «infrastructures terroristes», en particulier dans des tours d’immeubles. Le Hamas a rejeté comme «des prétextes fallacieux et des mensonges éhontés» les affirmations d’Israël selon lesquelles il utilisait ces bâtiments. «Propagande diabolique» La Défense civile du territoire palestinien, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007, a fait état de 42 personnes tuées vendredi par des tirs ou bombardements israéliens, dont la moitié dans la ville de Gaza. Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans de la Défense civile. Le Hamas a dans le même temps diffusé une vidéo montrant deux otages - Guy Gilboa-Dalal et Alon Ohel - au moment où les proches et soutiens de ces captifs se mobilisaient à travers Israël pour marquer leurs 700 jours de détention et réclamer leur retour. La séquence montre M. Gilboa-Dalal demandant à M. Netanyahu de ne pas mener d’offensive dans la ville de Gaza. «Aucune vidéo de propagande diabolique ne nous affaiblira ni n'émoussera notre détermination», a réagi le Premier ministre israélien, après s'être entretenu avec les parents des deux hommes, selon son bureau. L’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles. Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.300 morts à Gaza, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l’autorité du Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU. Equipe de l’AFP dans la bande de Gaza © Agence France-Presse -
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