
Comment intégrer les actifs liés aux données dans les bilans des entreprises

En dépit de leur valeur intrinsèque apparente, les actifs liés aux données ne figurent toujours pas au bilan d’une organisation. La raison ? Il est incroyablement difficile d’en quantifier avec précision leur valeur monétaire. Le RODA (Return On Data Asset) se présente désormais comme une alternative simple aux métriques financières existantes.
Si, techniquement, les données répondent aux critères minimaux acceptables de l’actif du bilan, les pratiques comptables actuelles interdisent toujours aux organisations de capitaliser les données à l’actif du bilan. Il existe deux raisons principales à cela : premièrement, les pratiques actuelles introduisent certaines inefficacités pratiques, et deuxièmement, une capacité insuffisante à établir un lien direct entre les données et les résultats commerciaux mesurés. Dans ce dernier cas, les données inestimables sont soit sous-utilisées, soit totalement ignorées dans la stratégie de l’organisation visant à créer de nouvelles sources de revenus. La première étape pour éviter ce piège consiste à créer une culture de visibilité et d’accès aux données qui complète et améliore les processus de réflexion de chacun au sein d’une organisation. Les données doivent devenir l’ingrédient secret qui inspire et donne à chacun les moyens de générer des revenus et d’augmenter la rentabilité. Les données ne peuvent être ajoutées au bilan que si elles étayent le processus de création de valeur dans l’ensemble de l’organisation.
La question est de savoir comment mesurer ce mouvement. Les analystes de Wall Street utilisent une mesure appelée Rentabilité des Actifs (ROA) pour évaluer l’efficacité avec laquelle une entreprise utilise ses actifs pour générer des bénéfices. Une valeur élevée de ROA signifie qu’une entreprise est plus efficace dans l’exploitation de ses actifs pour produire des rendements positifs. Le ROA constitue une référence cruciale pour les CxOs (directeurs de l’expérience utilisateur) et les oblige à considérer les implications stratégiques des opérations sur la rentabilité. Cependant, comme les données n’apparaissent pas au bilan, les métriques actuelles ne permettent toujours pas d’appréhender le rendement des investissements dans les pratiques en matière de données.
La Rentabilité des Actifs de Données
Compte tenu des insuffisances des métriques existantes comme le ROA, il est clair qu’une approche alternative est nécessaire pour que les entreprises puissent quantifier les retours générés par l’utilisation de leurs données. Une alternative possible est de considérer le Rentabilité des Actifs de Données (RODA). La base du RODA est d’examiner les revenus générés par les actifs de données (directs et indirects) et de les comparer aux coûts de création et de conservation des actifs de données.
RODA = Rendement des actifs de données / Coût des actifs de données
Dans le scénario ci-dessus, nous pouvons classer un « actif de données » comme tout objet qui fournit des informations (par exemple : un ensemble de données contenant des dossiers clients) ou un service qui augmente les informations pour fournir des idées (par exemple : un modèle utilisé pour l'évaluation des risques). Il est essentiel d’avoir une visibilité complète sur la manière dont les données sont utilisées dans l’ensemble de l’organisation pour construire un framework clair permettant de comparer les résultats des projets.
En reprenant la formule de base du RODA, les entreprises peuvent quantifier leur capacité à monétiser leurs actifs de données de manière rentable et efficace. Les principes du RODA exigent que les CDO optimisent au-dessus et au-dessous du diviseur. Côté revenus, les CDO doivent se concentrer sur les cas d’usage où les données peuvent être exploitées pour générer une valeur commerciale maximale (directe ou indirecte). Si l’on considère le coût, les CDO doivent s’efforcer d'élaborer une stratégie data pour trouver le moyen le plus rentable de créer, maintenir et sécuriser les actifs de données. Les actifs de données existants doivent être soit monétisés, soit déclassés et remplacés afin de créer un écosystème d’actifs de données hautement productifs.
Au niveau micro, le RODA peut aider les CDO et les unités d’exploitation à hiérarchiser les projets et les cas d’usage. Au niveau macro, il peut aider les directeurs financiers à allouer plus efficacement les capitaux et aider les directeurs techniques à prendre de meilleures décisions sur les technologies à mettre en œuvre. Autrement dit, si le RODA est supérieur au coût du capital, un projet ou un cas d’usage crée une valeur économique positive. En revanche, si le coût du capital est plus élevé, un projet ou un cas d’usage réduit le résultat net et ne vaut pas la peine d'être entrepris.
L’ajout des données à l’actif du bilan signifie repenser complètement l’approche de l’organisation pour évaluer et quantifier la valeur dérivée de ses données, qu’elle soit directe ou indirecte. Les données doivent être considérées comme un produit à part entière. Des entreprises comme Uber, qui consomment des milliards de points de données pour améliorer constamment leur compréhension des tendances et du comportement des clients, n’ont probablement pas eu à subir de transformation importante pour quantifier la valeur de leurs actifs de données, parce que les données étaient déjà intégrées comme un moteur de valeur au cœur de la stratégie de l’entreprise. Cependant, la plupart des organisations ont encore du mal à comprendre comment les données alimentent l’entreprise, et à fortiori à en faire un actif tangible dans le bilan.
Il est vital pour toute organisation qui souhaite sérieusement élaborer une stratégie en matière d’actif de données d’établir en priorité une métrique financière simple mais claire qui quantifie la valeur tangible de ses actifs de données. Qu’il s’agisse de données fondamentales ou financières, les données ont toujours été la valeur au cœur des résultats de l’organisation. Il est temps de donner aux données la place qui leur revient : celle d’un actif dans le bilan.
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