CMA CGM et Maersk s’allient pour décarboner le fret maritime

Les deux armateurs veulent développer l’utilisation de carburants durables destinés aux porte-conteneurs. Le nucléaire représente une option à plus long terme.
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Une coopération étendue dans le transport maritime pour accélérer la transition énergétique du secteur  -  photo CMA CGM.

Le transport maritime subit une pression grandissante des investisseurs pour trouver des carburants moins polluants. Actuellement responsable de 3% des émissions mondiales de dioxyde de carbone (CO2), ce secteur a récemment adopté une stratégie volontariste de diminution des émissions de gaz à effet de serre des navires et de lutte contre les émissions polluantes. Dans ce contexte, le français CMA CGM et le danois Maersk ont annoncé mardi dans un communiqué commun qu’ils allaient conjuguer leurs efforts «pour accélérer la transition énergétique de leur secteur». Cette coopération renforcera les mesures déjà prises à titre individuel par ces deux armateurs.

Le groupe français s’est ainsi doté de navires fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL) mais qui peuvent aussi être alimentés par le biométhane ou l’e-méthane. A l’instar de son partenaire danois, il a commandé d’autres porte-conteneurs propulsés par le bio-méthanol ou l’e-méthanol. CMA CGM et Maersk prévoient désormais de procéder à un examen du cycle de vie complet de ces carburants alternatifs durables et à une analyse des gaz à effet de serre générés, en vue de contribuer à définir un cadre de production de masse de méthane et de méthanol verts.

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Accélérer la capacité d’avitaillement des principaux ports

Les deux groupes mettront en place des critères d’exploitation des navires fonctionnant au méthanol vert afin d’accélérer la capacité d’avitaillement en carburants durables des principaux ports mondiaux. Enfin, ils poursuivront en commun leurs recherches portant sur d’autres carburants alternatifs comme l’ammoniac. «En combinant le savoir-faire et l’expertise de deux leaders du transport maritime, nous accélérons le développement de nouvelles solutions et de nouvelles technologies, permettant à notre industrie d’atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2. Nous espérons être rejoints par d’autres entreprises», a commenté Rodolphe Saadé, PDG de CMA CGM, cité dans le communiqué.

Le recours à l’énergie nucléaire pour propulser des navires commerciaux sort par ailleurs du domaine du rêve. Déjà utilisé pour des sous-marins militaires et des brise-glaces, le combustible nucléaire n’a jusqu’à présent pas pu servir à plus grande échelle dans le secteur maritime en raison d’un coût trop élevé et de la réticence des assureurs face aux risques encourus. Mais une enquête réalisée au printemps dernier par la Chambre internationale de la marine marchande (ICS) montre que les progrès technologiques réalisés pourraient déboucher sur une propulsion nucléaire de certains navires commerciaux dans un délai compris entre sept et dix ans, grâce à de petits réacteurs produits en série.

Un prototype de réacteur nucléaire avancé à l’étude

L’armateur italien Fincantieri a récemment manifesté son intérêt pour «suivre l’évolution de ces technologies susceptibles d’apporter une contribution significative à la décarbonation des navires liés à notre activité principale». Cette dernière regroupe les paquebots de croisière, les vaisseaux militaires et les navires spécialisés. Concernant les porte-conteneurs, outre les difficultés à faire accepter par l’opinion publique un combustible nucléaire sur ce type de navires, l’exposition aux radiations et les garanties à mettre en place lorsque le navire est en mouvement seront les deux autres principaux freins à surmonter pour rendre cette solution viable.

La société britannique Core Power travaille de son côté sur un prototype de réacteur avancé qui permet de remplacer un combustible solide par son équivalent liquide. Dans ce type de réacteur à fission nucléaire, le combustible et le liquide de refroidissement sont mélangés dans un sel combustible qui devient liquide à haute température. Le plus grand risque de défaillance d’un réacteur nucléaire classique, à savoir la perte du liquide de refroidissement, serait ainsi éliminé. «Nous pensons qu’aux alentours de 2032 ou 2035, nous devrions être en mesure de faire une première démonstration», a déclaré mi-septembre à la presse Mikal Bøe, directeur général de Core Power, lors d’une réunion organisée à Londres.

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