
Atos réplique aux revendications de Sycomore AM

Parade, riposte. Atos sonne à son tour la charge face aux revendications de Sycomore Asset Management. Point par point, la société de services informatiques a répondu ce mercredi soir aux réclamations de son actionnaire minoritaire, en vue de l’assemblée générale mixte que doit tenir le groupe le 28 juin.
Sycomore AM avait dévoilé cinq projets de résolutions dans une lettre adressée à son président Bertrand Meunier, rendue publique le 1er juin. Il demandait notamment la révocation de Bertrand Meunier en tant que président du conseil d’administration, en poste depuis novembre 2019.
Dans un communiqué diffusé mercredi soir, Atos réplique donc aux propositions de résolution, parlant de «risque de déstabilisation» par son actionnaire minoritaire. «Tout bouleversement dans la gouvernance de la société lors de la mise en œuvre du plan de transformation du groupe serait préjudiciable à son intérêt social», décoche, sans fard, le groupe dans son communiqué.
Atos doit en effet lancer, fin juin, son plan de scission de ses activités en deux entités, entre son pôle de services informatiques historiques, rassemblés dans Tech Foundations, et d’autre part, ses activités du cloud, du digital et de cybersécurité, rassemblées dans un périmètre «Eviden», nouveau nom d’Evidian.
Sycomore AM cumulerait 2% du capital d’Atos
Les projets de résolutions sont donc portés par Sycomore AM, qui revendique, avec «un peu plus de 1% du capital» d’Atos, être septième actionnaire d’Atos, comme l’indiquait à la presse son directeur général délégué Cyril Charlot. Il assurait alors pouvoir rallier d’autres actionnaires minoritaires.
De fait, Sycomore est chef de file. Il a rallié deux autres actionnaires pour porter ses projets de résolutions. Sycomore AM détient ainsi «0,27% du capital», avec 299.303 actions, calcule Atos dans son communiqué. Les deux autres actionnaires minoritaires – deux sociétés commerciales - sont Asdi SAS, qui détient 0,69% du capital, et le family office Nactis (0,90% du capital). De son côté, Sycomore AM précise mercredi soir, dans un communiqué, avoir atteint les 2% du capital d’Atos, «dans le cadre d’une action de concert».
Sans surprise, le conseil d’administration s’est prononcé «à l’unanimité» contre les résolutions de Sycomore AM qui réclament en premier lieu la révocation de sa qualité d’administrateur de Bertrand Meunier, ainsi que des deux autres administrateurs, Aminata Niane et Vernon Sankey. «Le conseil a renouvelé à l’unanimité son soutien à Bertrand Meunier», indique Atos dans son communiqué.
Tentative de «déstabilisation»
Le groupe réfute toute éventuelle «crise de gouvernance» pointée par Cyril Charlot, directeur général délégué de Sycomore AM. Ce dernier rappelait la semaine dernière que «trois équipes de direction générale se sont succédé en trois ans».
«Il n’y a pas de crise de gouvernance chez Atos. Les compétences requises sont représentées et la gouvernance en tant qu’organe collégial fonctionne», a tenu à préciser Caroline Ruellan, une des administratrices indépendantes d’Atos, dans un entretien exclusif avec L’Agefi. Cette spécialiste des questions de gouvernance avait été cooptée en juillet 2022. Elle est par ailleurs présidente et fondatrice de SONJ Conseil, un cabinet de conseil indépendant.
L’administratrice estime qu’une telle initiative «déstabilise et porte atteinte à l’intérêt d’Atos, alors que le groupe a besoin de stabilité et de continuité», en raison de son engagement sur un chantier sensible. Une «instabilité» pourrait «avoir des conséquences défavorables sur les relations avec les fournisseurs et les clients», argumente-t-elle encore.
«Les salariés se demandent pourquoi Sycomore lance ceci maintenant, quelles sont ses intentions réelles, et pourquoi une telle agression contre notre groupe», abonde auprès de L’Agefi Farès Louis, administrateur et représentant des salariés. «Il y a une gouvernance démocratique au sein du ‘board’, chacun a la parole. Les décisions sont prises à la majorité, en concertation avec tout le monde», ajoute-t-il.
Les candidats de Sycomore AM rejetés
Quant aux candidats proposés par Sycomore AM aux postes d’administrateurs, «leurs profils ne correspondaient pas aux besoins identifiés par la société», indique Atos dans son communiqué. Ces deux candidats étaient Emilie Sidiqian (directrice générale en France de l’éditeur de logiciels Salesforce) et Christopher Guérin (directeur général du câblier français Nexans), indique Caroline Ruellan.
En outre, Sycomore AM aurait trop tardé pour proposer les noms de ses deux candidats, selon les deux administrateurs d’Atos. Le Comité de nomination et de Gouvernance puis le Conseil ont «dû examiner ces candidatures dans un délai très court», dont un «durant le week-end de Pentecôte», et n’ont pu rencontrer Emilie Sidiqian, assure encore l’administratrice. Elle estime qu’il aurait été logique que Sycomore AM propose ses candidats dès octobre 2022.
Atos oppose aussi une fin de non-recevoir à la candidature de Léo Apotheker à la présidence, proposée cette semaine. «Sa candidature de toute dernière minute est pour le moins étonnante (...) alors même qu’Atos avait proposé depuis plusieurs mois de suggérer des profils», tranche Caroline Ruellan. Dans son communiqué, le groupe insiste en outre sur son parcours professionnel mitigé, notamment à la tête de HP, où il a été démis de ses fonctions «au bout de onze mois seulement».
Atos rejette aussi la résolution de Sycomore de recréer la fonction d’administrateur référent. Le groupe préempte la question en annonçant la désignation d’Elizabeth Tinkham à un tel poste, avec effet immédiat. Une décision prise lors de son board du 4 juin. Cette ancienne cadre d’Accenture était jusqu’alors présidente du Comité de nomination et de gouvernance du groupe.
Enfin, Atos réaffirme sa volonté d’entretenir «un dialogue actif avec les actionnaires», précisant avoir rencontré «à cinq reprises» Sycomore AM. Le match continue.
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