
Une Amérique plus isolationniste impose une nouvelle forme de prudence

Alors que la Bourse américaine avait salué la réélection du président Trump, les gains ont depuis été effacés. La chute a été provoquée par les annonces d’introduction de droits de douane, par l’augmentation des risques géopolitiques et par des indications selon lesquelles l'économie américaine pourrait perdre une partie de sa dynamique de croissance.
Selon les économistes de Schroders, si les hausses de droits de douane annoncées sur le Canada, le Mexique et la Chine sont imposées, elles porteront les “tariffs” moyens sur les importations américaines à 12%, contre environ 3% auparavant. Et si l’on inclut ceux pour l’Union européenne, ce chiffre dépasserait les 16%.
Stagflation
La dernière fois que les droits de douane américains ont été aussi élevés, c'était à la suite de l’introduction de la loi Smoot-Hawley en 1930, qui n’a guère aidé l'économie américaine. Nous pensons que l’impact aujourd’hui aura un effet «stagflationniste» sur les États-Unis, en augmentant l’inflation et en réduisant la croissance du PIB.
L’augmentation des droits de douane sur les produits chinois ne constituerait pas une préoccupation majeure : les entreprises américaines y font face depuis des années. En revanche, ce serait différent avec le Canada et le Mexique. Les sommes en jeu sont plus importantes et il faudra déterminer la part que les entreprises répercuteront sur les fournisseurs et les consommateurs, et la part qu’elles absorberont elles-mêmes.
Dans la mesure où les droits de douane se traduiraient par une hausse des prix à la consommation, il serait alors plus difficile pour la Réserve fédérale d’abaisser ses taux d’intérêt. Cette crainte est l’un des facteurs cités dans les récentes enquêtes montrant un affaiblissement de la confiance des consommateurs américains. Étant donné l’importance du consommateur pour l'économie américaine et les bénéfices des entreprises, c’est un facteur qui explique la chute des marchés.
Réduction de l’exposition aux actions
Dans bon nombre de nos stratégies, nous avons réduit notre exposition globale aux actions au début de l’année, en partie en raison du degré élevé d’incertitude entourant la politique américaine. Bien que nous anticipons une poursuite de la volatilité, nous restons satisfaits de cette exposition. Le risque géopolitique s’est accru, mais les actions profitent toujours de la bonne santé des bénéfices des entreprises et de l’expansion continue de l'économie américaine. Par ailleurs, les réductions d’impôts et la déréglementation restent à l’ordre du jour et seraient probablement considérées comme plus favorables à la croissance par le marché.

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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse