
Rachat de Twitter : Elon Musk souffle le chaud et le froid

Le feuilleton risque de durer encore. Après avoir annoncé suspendre son projet d’acquisition de Twitter, invoquant ses doutes sur le nombre de «vrais» utilisateurs de la plateforme, Elon Musk a augmenté la part en capital qui sera consacrée à l’opération. Un signe qu’il n’a pas fait une croix dessus.
Le 24 mai, la Securities and Exchange Commission (SEC), le gendarme de la Bourse américain, a révélé que le milliardaire s’engageait à apporter 6,25 milliards de dollars supplémentaires sous la forme d’«equity». Le financement global de l’opération – toujours estimée à 44 milliards de dollars – prévoit désormais un apport en capital de 33,5 milliards de dollars et un emprunt bancaire de 13 milliards. Le prêt gagé sur des actions Tesla détenues par Elon Musk, qui s’élevait initialement à 12,5 milliards de dollars, est ramené à zéro.
Cette annonce a propulsé le cours de l’action Twitter de 10,2% en deux séances. A 39,54 dollars en clôture du 26 mai, elle cotait toutefois encore 27% sous le prix de 54,20 dollars auquel le fondateur de Space X est censé racheter le réseau social. Un tel écart suggère que les investisseurs jugent encore peu probable que la transaction aboutisse. Ou tout du moins qu’elle aboutisse au prix convenu.
Au-delà de ses interrogations sur la part de robots parmi les utilisateurs de Twitter, le milliardaire pourrait en effet profiter du contexte compliqué pour les sociétés de technologie américaines pour tenter de réduire la facture. Depuis le 1er avril, juste avant l’annonce de la montée d’Elon Musk au capital du groupe à l’oiseau bleu, l’indice Nasdaq a plongé de 18%. Dans le secteur des réseaux sociaux, Meta Platform (Facebook) a perdu 15% sur la période, Pinterest 20% et Snap s’est effondré de 60%. Une ristourne de 15%-20% permettrait au patron de Tesla de ramener le coût de l’opération vers 35-37 milliards de dollars… pas si loin de la somme qu’il a déjà sécurisée sous forme d’equity. D’autant qu’Elon Musk a indiqué continuer à discuter avec certains actionnaires actuels de Twitter en vue de les convaincre de rester investis dans le réseau social après le rachat.
Elon Musk pourrait y laisser des plumes
Obtenir l’accord du conseil d’administration de l’entreprise n’aura toutefois rien d’aisé. Lors de l’assemblée générale du groupe qui s’est tenue le 25 mai, le fondateur de Twitter, Jack Dorsey, qui a montré sa sympathie pour le projet d’Elon Musk, a quitté son poste comme c’était prévu depuis son départ de la direction générale fin 2021. Les actionnaires de Twitter se sont par ailleurs opposés au renouvellement du mandat d’administrateur d’Egon Durban, codirecteur général de Silver Lake, qui s’était associé à Elon Musk lors de son projet finalement abandonné visant à retirer Tesla de la cote. Le 27 mai, le conseil a toutefois décidé de refuser la démission d’Egon Durban, qui devrait finalement pouvoir rester en place jusqu’en 2025.
En cas d’échec, l’opération pourrait se révéler coûteuse pour l’homme le plus riche du monde. Le milliardaire devra 1 milliard de dollars d’indemnités à l’entreprise s’il ne va pas au bout de la transaction convenue à 54,20 dollars par action. Et l’action Twitter ne cote «plus que» 10%-15% au-dessus du cours du mois de mars, lorsqu’Elon Musk a acquis une bonne part de sa participation de 9,2% dans le réseau social. Des achats qui pourraient en outre lui valoir des ennuis judiciaires. Des investisseurs de Twitter ont récemment porté plainte contre lui pour «manipulation de cours». Ils lui reprochent d’avoir trop tardé à déclarer ses achats de titres, ce qui lui aurait permis de les payer moins cher. Un sujet qu’étudie également la SEC…
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