
L’inflation reste la bête noire des marchés actions

Simple prétexte à des prises de bénéfices ou risque réel pour les marchés, les craintes d’inflation ont à nouveau fait chuter les actions. A Wall Street, l’indice Nasdaq a cédé 2% supplémentaires mardi dès l’ouverture (-2,55% lundi, sa plus forte baisse depuis début mars) avant de réduire ses pertes à 0,1%. La correction s’est propagée au-delà des valeurs technologiques à l’ensemble de la cote. L’indice S&P 500 a abandonné 0,8%. Les marchés européens ont également fini en forte baisse, au lendemain de nouveaux records, l’indice Stoxx 600 chutant de 2%, sa pire performance depuis décembre 2020. L’indice VIX de volatilité du S&P 500 a bondi à plus de 22.
Les craintes d’inflation sont nourries par le rebond des matières premières (le cuivre et le minerai de fer ont atteint de nouveaux records) et les pénuries dans certains domaines. Les prix à la production chinois,supérieurs aux attentes, reflètent ces évolutions. Les anticipations d’inflation ont atteint des plus hautsdepuis plus de dix ans aux Etats-Unis et progressent également en Europe. La publication ce mercredi de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux Etats-Unis pour avril, attendu en hausse de 3,6% sur un an, a pesé sur la tendance.
L’inflation n’est pas une surprise
«La hausse de l’inflation n’est pas une surprise mais cela rend nerveux les marchés financiers une fois qu’ils sont confrontés à la réalité», observe Frédéric Rollin, conseiller en investissement chez Pictet AM. Les investisseurs craignent que ces chiffres ne mettent la Fed sous pression d’autant qu’il n’y a pas de consensus sur le tapering, la réduction du programme des achats d’actifs. «La Fed pourrait annoncer en juin ou lors du symposium de Jackson Hole en septembre une réduction de ses achats», poursuit Frédéric Rollin.
Les valeurs technologiques, et plus globalement la thématique croissance, sont les plus affectées par la correction. Elles sont non seulement très bien valorisées mais aussi sensibles aux taux (et donc à l’inflation) et aux inflexions du quantitative easing (QE).
Un manque d'élan
Après plus d’un an de rebond, le marché manquerait désormais d’élan. «Jusqu’à présent, le marché performait sur la thématique du rebond et de la reflation, relève Emilie Tétard, stratégiste cross asset chez Natixis. Ce rebond est toutefois déjà largement intégré dans le marché. Nous l’avons vu à l’occasion de la publication des résultats trimestriels, plutôt bons mais sans véritable réaction du marché.» Le marché se projette au-delà de la reprise avec des questions et des incertitudes en suspens. «Quelle sera la croissance potentielle? Quel sera le niveau d’inflation? Et quel sera l’impact du tapering ?», s’interroge Emilie Tétard qui anticipe un regain de volatilité dans les mois à venir mais pas forcément une correction durable. «Il est encore trop tôt pour voir les banques centrales changer de ton, ou pour voir les nouvelles se dégrader : ces éléments de soutien restent donc encore très présents à court terme», explique-t-elle.
Frédéric Rollin s’attend également à un marché plus volatil mais ne pense pas que toute consolidation sera un prétexte pour revenir en Bourse. «Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de marché, juge ce dernier. Nous sommes au pic du cycle et des bonnes nouvelles macro-économiques, que ce soit en termes de croissance que de politiques monétaires. Il y a bien sûr les plans de relance de Joe Biden mais il va désormais falloir les financer, notamment par des hausses d’impôts.» Ce ne sera pas la phase la plus facile pour les marchés actions.
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