
L’inflation américaine a accéléré comme prévu en octobre

L’inflation aux Etats-Unis a accéléré sur un an en octobre, conformément aux prévisions. L’inflation globale des prix à la consommation (CPI) s’est établie à 2,6% sur un an en octobre, après être ressortie à 2,4% en septembre, selon les données publiées mercredi par le département américain du Travail (US Bureau of Labor Statistics, BLS). Ce chiffre est conforme aux attentes des économistes interrogés par le Wall Street Journal. L’inflation de base (core CPI), qui exclut les prix volatils de l’alimentation (2,1%) et de l’énergie (-4,9%), a atteint 3,3% sur un an le mois dernier, comme en septembre, et conformément aux prévisions des économistes.
En ligne avec la baisse des taux pour décembre
Sur un mois, l’indice global des prix à la consommation a progressé de 0,2% en octobre, comme en septembre, en août et en juillet, tandis que l’inflation de base s’est établie à 0,3%, comme en septembre et en août. De quoi prolonger légèrement la tendance baissière, avec 2,6% en variation six mois annualisés, pour cet indicateur encore cité par le président de la Fed Jerome Powell lors du dernier Comité de politique monétaire (FOMC).
«Bien que ce rapport ne change pas la donne en soi, la bonne nouvelle pour la Fed est la décélération de l’inflation ‘supercore’», note Christophe Boucher, directeur des investissements d’ABN Amro Investment Solutions, pour qui les chiffres publiés mercredi laissent une marge de manœuvre pour réduire à nouveau les taux lors de la réunion du 18 décembre.
Sur les marchés, le rendement de l’obligation souveraine américaine à 10 ans a finalement peu réagi à cette publication, malgré un recul de 6 points de base (pb) peu après 14h30, avant un retour à 4,42%, en soirée. La probabilité d’une baisse de taux de 25 pb est elle remontée de 59% à 82% (20,6 pb), pour un taux terminal toujours attendu autour de 4% fin 2025.
Dans le détail, les prix des biens ont stagné en rythme mensuel, et continuent à reculer en rythme annuel, de -1% comme sur le mois précédent. Les prix des véhicules d’occasion ont augmenté de +2,7% en rythme mensuel (-3,4% en rythme annuel), «mais la légère baisse de l’indice Manheim suggère que cette hausse ne se répétera pas», note Stephen Brown, économiste Amérique du Nord chez Capital Economics. A part cette augmentation, et celles de quelques biens particuliers comme les équipements audio-vidéo de type télévisions (+1,4 en rythme mensuel) et les journaux (+9% en rythme mensuel), les prix de presque tous les autres biens ont stagné ou diminué au mois d’octobre : -1,5% pour les vêtements après la hausse mensuelle de septembre, -1,2% pour ceux liés aux technologies de l’information et de la communication ; -0,2% pour les médicaments, 0% pour les biens de loisirs ; etc.
Une fois de plus, les prix des logements et les services ont été les principaux contributeurs à la hausse des prix. Ceux des services augmentent encore un peu trop, mais chaque fois un peu moins tout de même : +0,3% en rythme mensuel après +0,4% en septembre, pour 4,8% en rythme annuel. Avec un léger ralentissement de l’inflation pour les transports, à 0,4% en rythme mensuel et 8,2% en rythme annuel, encore pénalisés par les billets d’avion, en hausse de 3,2% en rythme mensuel comme en septembre, alors que le coût des assurances auto a stagné : -0,1% en rythme mensuel ; +14% en rythme annuel.
Et c’est à nouveau le poste logement, qui pèse 36,5% de l’indice total, qui déçoit un peu : il stagne en rythme annuel, à 4,9% en octobre comme en septembre, mais remonte de 0,2% à 0,4% en rythme mensuel, alors que les analystes avaient trouvé le ralentissement «encourageant» un mois plus tôt. L’équivalent loyer des propriétaires (OER) a augmenté de 0,4%, après une hausse de 0,33% en septembre, «là encore, l’indice BLS All Tenant Rent Index, plus actuel, suggère qu’il est peu probable qu’une hausse plus importante de l’OER se reproduise», poursuit Stephen Brown.
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«L’épine dans le pied de l’inflation reste le logement, et c’est la principale source de risque à la hausse pour nos prévisions 2025, estime Ryan Sweet, chef économiste US chez Oxford Economics. Les taux hypothécaires ont augmenté et, bien que cela ait freiné la demande de logements, la construction de nouveaux logements a également chuté. Le déséquilibre entre offre et demande reste flagrant, et il ne sera pas corrigé dans les prochaines années.» L’économiste s’attend à ce que les ralentissements du marché du travail et de la croissance des salaires nominaux – compensée par les gains de productivité - continuent d’exercer une pression à la baisse sur l’inflation des services «supercore».
L’inflation a récemment été reléguée au second plan par rapport aux données sur le marché du travail. Mais l’élection de Donald Trump finira par se reporter sur l’inflation, en raison des tarifs douaniers notamment. «Cependant, certaines estimations semblent surestimer leur effet positif sur le CPI, poursuit Ryan Sweet. Des tarifs plus élevés déplaceront les dépenses vers la production nationale et d’autres fournisseurs d’importations, tandis que les marges des détaillants pourraient absorber une partie de la hausse des prix en amont de la chaîne d’approvisionnement. L’effet sur l’inflation sera également réduit par un ralentissement de l’économie et une appréciation du dollar en réponse aux tarifs», conclut l’économiste d’Oxford Economics, rappelant que la Fed ne peut pas répondre à ces menaces prématurément, par anticipation.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse