Les titrisations CLO seraient portées par la fin du Libor aux Etats-Unis

La définition d’un nouveau taux de référence ressemble pour l’instant à un casse-tête.
Fabrice Anselmi

Les gestionnaires américains de titrisations de prêts à effet de levier (collateralized loan obligations, CLO) craignent le changement de taux de référence et en font un argument pour refinancer les véhicules existants. Les CLO américains ont connu un record avec 109 milliards de dollars d’émissions au premier trimestre, dont 70 milliards de réémissions - refinancements ou rééinitialisations (avec d’éventuels changements de caractéristiques et d’échéances). Ces réémissions ont même atteint 98,5 milliards fin avril, à comparer à 24,6 milliards sur la même période en 2020, 12,9 en 2019 et 43,6 en 2018 selon Bloomberg.

Mais le manque de consensus sur le remplacement du taux interbancaire en vigueur pourrait provoquer des turbulences sur ce marché, explique Bank of America (BofA), qui prévoit 220 milliards de réémissions cette année sur un record de 360 milliards. Le Libor USD ne pourra plus être utilisé dans les contrats aux Etats-Unis à partir de mi-2023, mais l’Alternative Reference Rates Committee (ARRC) a demandé aux banques d’arrêter d’émettre de nouveaux prêts avec cette référence «dès que possible» en 2021.

A priori, la référence actuelle au Libor 3 mois devrait laisser place à une version prospective du taux Sofr qui, au contraire du Libor, est un taux à la fois sécurisé et au jour le jour. Or cela pose problème : si certains autres segments de la titrisation tels que les créances hypothécaires commerciales (CMBS) ont déjà utilisé un Sofr moyen sur la période de référence pour certaines offres, les régulateurs ont recommandé de tenir compte notamment des décalages potentiels entre les taux de référence des CLO et ceux des prêts à effet de levier sous-jacents américains, pour la plupart indexés sur le Libor 1 mois. «Pour atténuer ce risque de base, nous nous attendons à ce que la plupart des gestionnaires et investisseurs évaluent, refinancent ou réinitialisent les transactions dès 2021. L’incertitude pourrait aussi créer une certaine volatilité des ‘spreads’ fin 2021 alors que le marché tente de parvenir à un consensus», estiment les stratégistes de BofA, pour qui le possible décalage initial entre les taux des CLO et les taux des prêts sous-jacents finira par converger à terme. Si un taux Sofr moyen ne pouvait être adopté faute de comporter une composante «crédit» souhaitée par les banques en période de crise, d’autres taux sont aussi étudiés : Ameribor, ICE Bank Yield Index, Bloomberg’s Short-Term Bank Yield Index.

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