Les introductions en Bourse à Paris devraient garder le rythme

Malgré le recul d’Icade Santé, de nombreux autres dossiers sont en attente ce qui devrait nourrir un flux durablement soutenu.
Bruno de Roulhac
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2021 devrait être une année record à la Bourse de Paris depuis les années 2006-2007, tant en nombre d’opérations qu’en montants levés.  -  RK.

Résilience. La mise sur pause en fin de semaine dernière de l’introduction en Bourse d’IcadeSanté, la plus importante de l’année, ne semble pas avoir affecté le marché parisien. Malgré un livre d’ordres couvert, la foncière a jugé les conditions financières non satisfaisantes, avec un prix en bas de la fourchette de 115 à 135 euros par action, valorisant le groupe de cliniques 5,6 milliards d’euros, et non 6 milliards d’euros en milieu de fourchette. Cela n’a pas découragé ni OVHcloud qui devrait dévoiler dans les toutes prochaines heures les modalités de sa cotation à Paris, ni ForseePower, ni la biotech MaaT Pharma. Ces derniers ont annoncé lundi matin leur intention de rejoindre le marché réglementé d’Euronext Paris. Forsee Power, qui fabrique des systèmes de batteries intelligentes pour l’électromobilité durable, a même l’ambition de lever 100 millions d’euros lors de son introduction en Bourse.

Aussi, l’engouement pour les introductions ne semble pas se tarir. «Le rush de la rentrée de septembre, particulièrement fort, devrait se maintenir jusqu’à la mi-novembre, confie Vincent Le Sann, directeur général adjoint de Portzamparc. Beaucoup de dossiers sont en attente sur tous les segments de marché. Signe de cette bonne santé, les parcours décevants post IPO de Believe et d’Aramisn’ont pas cassé l’élan des entreprises pour rejoindre la Bourse. 2021 devrait être une année record depuis les années 2006-2007, tant en nombre d’opérations qu’en montants levés ».

Une tendance mondiale. Le troisième trimestre 2021 a été le plus actif depuis 20 ans pour les IPO mondiales, notamment en Europe, selon le dernier rapport EY. Les 547 introductions du trimestre ont permis de lever 106,3 milliards de dollars.

ISR et transition énergétique

«Nous sommes partis pour plusieurs années porteuses pour les entrées en Bourse, avec un rythme qui pourrait être d’une quarantaine d’IPO par an à Paris, anticipe Vincent Le Sann. Nous avons de la visibilité avec un certain nombre d’opérations déjà signées, alors que le processus d’introduction prend environ six mois.» En outre, le fléchage de l’épargne vers les actions, et les besoins d’investissement en produits ESG et ISR soutiendront le mouvement. D’autant que «le taux d’engagement des investisseurs préalablement au lancement de ces introductions (cornerstone) est de plus en plus élevé et en facilite le succès. On peut y voir un effet de la sortie de crise. Le niveau de valorisation des marchés actions poussent aussi les entrepreneurs à se présenter maintenant sur le marché pour limiter leur dilution», relève Portzamparc. La banque souligne également les efforts de la French Tech et d’Euronext ainsi que le travail depuis dix ans des incubateurs, qui portent leurs fruits, avec des sociétés emblématiques comme Believe ou OVHcloud. «Dans un contexte de marché porteur et au regard du nombre important de candidats, il est crucial que les entreprises soient en capacité de se préparer au plut tôt afin de bénéficier de cette fenêtre favorable de marché», note Franck Sebag, associé EY.

D’ailleurs, le profil des entreprises qui rejoignent la cote séduit aussi les investisseurs. «Les trois quarts opèrent sur le marché porteur de la transition énergétique, constate Vincent Le Sann. Les technologies sont aussi toujours présentes, et le secteur de la santé et des biotechs revient en grâce dans le sillage du Covid». Dans le monde, le secteur technologique est le plus actif, avec une introduction sur quatre, suivi par la santé (18%) et l’industrie (12%), selon le rapport EY.

Les dernières opérations se sont déroulées avec des succès divers. Ainsi, le spécialiste des technologies des énergies renouvelables, Entech, vient de lever 25 millions d’euros sur Euronext Growth, en milieu de fourchette, avec une sursouscription de 2,2 fois. Le titre est resté quasiment stable (-0.43%) pour son premier jour de cotation. La greentech Afyren vient de lever 66 millions d’euros en bas de fourchette (à 8,02 euros), mais cède 6,4% sur ses deux premières séances. Antin, qui avait flambé de 26,25% pour son premier jour de cotation le 24 septembre, perd depuis 4,4% mais reste bien au-dessus de son cours d’introduction de 24 euros. Exclusive Networks, introduit en bas de fourchette à 20 euros, est parfaitement stable huit jours après ses débuts en Bourse. «L’exercice de fixation du prix est toujours difficile, ajoute Vincent Le Sann. Le marché demande en moyenne 20% à 35% de décote pour une entrée en Bourse. Nous avons de nombreux échanges avec les investisseurs institutionnels pour trouver le bon niveau qui équilibre offre et demande».

Pour autant, les candidats à la Bourse ne se découragent pas. La biotech NH TherAguix et le fonds Audacia doivent rejoindre Euronext Growth en octobre. Ils devraient être suivis par Acticor Biotech, qui a dévoilé la semaine dernière son projet d’IPO.

Euronext Growth sur sa lancée

Surtout Euronext Growth confirme son succès et devient le marché de référence pour les PME-ETI. Depuis le début de l’année, déjà 34 sociétés ont rejoint Euronext Growth, 17 via une IPO, 4 par cotation directe et 13 par transfert. En revanche, seules 6 sociétés (Believe, Affluent Medical, Aramis, HDF, Exclusive Networks et Antin) se sont introduites sur le marché réglementé. «Les sociétés PME ETI devraient continuer à privilégier Euronext Growth au détriment d’Euronext du fait de la réglementation croissante. Cela correspond à la volonté de l’Union européenne d’offrir un cadre allégé, moins coûteux, pour les PME et ETI, explique Vincent Le Sann. D’ailleurs, nous constatons que le choix d’une cotation sur un marché réglementé (Euronext) ou sur un marché régulé (Euronext Growth) n’est pas un sujet pour les investisseurs internationaux pour les opérations jusqu’à 100 millions d’euros de levée. Plus largement sur la cote, l’allégement des prospectus avec les prospectus de croissance, et maintenant dans le contexte de sortie de Covid, du prospectus de relance sont des vrais atouts pour faciliter les levées de fonds des PME ETI ».

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