Les émergents retrouvent la faveur des investisseurs

Les flux vers la classe d’actifs, qu’il s’agisse d’actions et désormais d’obligations, ont accéléré ces dernières semaines.
Xavier Diaz
L’appétit des groupes émergents s’aiguise dans la grande consommation - Photo : Fotolia
La dette émergente en devises locales est actuellement la plus demandée dans les stratégies obligataires  - 

Après deux ans de disette, les actifs émergents retrouvent grâceaux yeux des investisseurs. «Il y a beaucoup d’intérêt pour la classe d’actifs depuis quelques semaines», constate Pierre-Yves Bareau, responsable de la gestion dette émergente chez JPMorgan Asset Management, qui ne se rappelle pas un tel engouement depuis 2012 avant le taper tantrum de la Fed de la mi-2013. «La dette émergente en devises locales est actuellement la plus demandée dans les stratégies obligataires dans notre plate-forme», ajoute-t-il. Si les flux vers les émergents restent modérés, ils grossissent progressivement.

«Ce début d’année est encourageant pour les marchés émergents en général, et les obligations locales en particulier», confirme Sameer Goel, stratégiste macro chez Deutsche Bank. Les fonds et les ETF dédiés à la dette locale - à l’exclusion de ceux avec des mandats spécifiques à la Chine - ont enregistré des entrées équivalentes à 3% de leurs actifs sous gestion au cours des six dernières semaines», avec une accélération récente. Les émergents font partie des paris pris par le marché depuis le début de l’année, aux côtés du crédit et des actions européennes, notent les stratégistes de Bank of America. «Il y a de la conviction dans les émergents avec des flux entrants moyens de 7,1 milliards de dollars au cours des quatre dernières semaines, les plus élevés depuis mars 2021», indique BoA reprenant les données d’EPFR Global, et quasiment autant que les crédit investment grade et high yield.

Paris sur les actions

«Les allocations récentes aux marchés émergents ont été massivement consacrées aux actions, mais l’intérêt pour les obligations des marchés émergents augmente également», observe Sameer Goel. Les fonds d’actions émergentes ont aligné six semaines de rang de collecte positive, dont un flux entrant de 7,9 milliards de dollars entre le 19 et le 25 janvier, totalisant près de 21 milliards (0,5% de l’actif sous gestion) depuis le début de l’année (24 milliards pour l’ensemble des fonds actions). La collecte positive sur les dettes émergentes a atteint 3,8 milliards (0,8% de l’encours) la même semaine, la troisième consécutive positive.

Les stratégistes de Deutsche Bank relèvent que sur les 62 milliards de dollars de collecte vers les marchés émergents, 51 milliards se sont dirigés vers les actions, dont 30 milliards sur les actions chinoises. L’Asie a drainé une grande partie des flux de capitaux. Et les flux qui ont été moins importants jusqu’à présent vers les obligations ont toutes les raisons de s’accentuer.

«C’est une bonne fenêtre pour les émergents», affirme Pierre-Yves Bareau. Les planètes semblent de nouveau alignées en termes de contexte économique et de marché avec la stabilisation des conditions financières et du dollar. Le pivot des banques centrales devrait entraîner une réallocation en dehors des fonds monétaires dont devraient profiter les dettes émergentes, car les investisseurs vont aller là où il y a du rendement, selon les stratégistes de Deutsche Bank.

Le différentiel de croissance va tourner au profit des marchés émergents, relèvent les économistes de TAC Economics. La réouverture de la Chine est l’un des moteurs de ce regain d’optimisme. «La faible valorisation des actifs et notamment des devises est un soutien robuste dans ce contexte», poursuit le gérant de JPMorgan AM qui note en outre que les actifs émergents sont peu détenus par les investisseurs après la forte décollecte des deux dernières années. De quoi offrir également un support solide. «Même si 2023 sera une année pivot pour les pays émergents, avec d’importantes divergences entre pays en termes de calendrier et d’ampleur de la reprise, une plus importante dynamique économique va accroître l’écart de croissance avec les pays développés par rapport à la moyenne entre 2015 et 2019, affirme Matthieu Pautonnier, économiste chez TAC Economics. Ce qui facilitera le retour des capitaux et réduira la pression sur les devises.»

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