
Les élections en Allemagne laissent peu de perspectives de changement

Les enjeux autour des élections législatives en Allemagne, dimanche, devraient être en théorie considérables, tant pour le pays que pour l’Union européenne (UE), qui pourrait profiter de sa bonne gestion de la crise sanitaire pour refaire une partie de son retard économique sur la Chine et les Etats-Unis. Mais les résultats attendus donnent, en pratique, assez peu d’espoirs de changements, après seize ans de compromis savamment trouvés par Angela Merkel.
Si le Parti social-démocrate (SPD, désormais à 25,4% des intentions de vote) est passé depuis août devant les démocrates-chrétiens (CDU/CSU, à 21,4%), ce ne sera pas suffisant pour gouverner sans une coalition que les deux partis ne veulent plus former ensemble. S’il l’emporte, le SPD du candidat Olaf Scholz s’orienterait donc plutôt vers une alliance avec les Verts (15,9%), mais au terme d’une longue négociation, qui inclurait probablement un troisième soutien, potentiellement le Parti libéral (FDP, 11,5%). Du fait des alliances nécessaires et d’un scrutin particulier à deux votes qui rend les sondages assez peu prédictifs en Allemagne, le candidat CDU-CSU Armin Laschet peut encore devenir le prochain chancelier malgré sa communication désastreuse autour des inondations en juillet.
Dans ce dernier cas, le successeur mollement désigné d’Angela Merkel assurerait probablement une certaine continuité, à ceci près qu’il s’est exprimé tout au long de la campagne pour un retour rapide au pacte européen de stabilité et contre une prolongation du plan de relance NextGen EU au-delà de 2028 - contrairement à Olaf Scholz. Il s’oppose aussi à l’Union bancaire alors qu’il est favorable à une Union de la défense.
Le climat capital
Dans les autres cas d’alliance élargie autour du pôle SPD-Verts, aucun parti ne semble vraiment remettre en cause la règle budgétaire qui interdit le déficit structurel (Schwarze Null). Des efforts seront enclenchés, par exemple via des fonds hors bilan, «pour diversifier l’économie, trop dépendante des exportations (vers la Chine notamment) et de l’industrie (automobile)», indique Bruno Cavalier chez Oddo BHF. Une coalition marquée à gauche soutiendrait aussi une Allemagne et une UE plus sociales, avec plus d’impôts sur les ménages aisés, une réforme des retraites différente et une augmentation du Smic horaire de 9 à 12 euros. Elle augmenterait les investissements publics pour relever le potentiel de croissance et surtout pour lutter contre le changement climatique, point capital que les Verts souhaitent particulièrement accélérer s’il sont en position de peser dans les débats.
Mais la recherche d’une coalition devrait prendre beaucoup de temps, sans doute plus que les deux mois prévus, ce qui inquiète particulièrement les marchés et les partenaires européens en cette période cruciale. Surtout, «cette phase de négociations nécessite un accord de coalition, avec des concessions et des programmes écrits validés par les partis», rappelle Paul Maurice, chercheur spécialiste de l’Allemagne à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Un processus qui devrait aboutir à gommer les différences entre eux pour se concentrer sur les plus petits dénominateurs communs, avec une forme d’immobilisme sur de nombreux dossiers.
{"title":"Le SPD et le pacte de stabilit\u00e9»,"body":{"value":"Plusieurs pays plaident pour une r\u00e9vision du pacte de stabilit\u00e9 qui r\u00e9git la zone euro (suspendu jusqu\u2019\u00e0 2023) et qui pr\u00e9voit de respecter un maximum de 3% de d\u00e9ficit structurel\/PIB et de 60% de dette\/PIB... Des r\u00e8gles bien ambitieuses quand la plupart des Etats d\u00e9passent largement 100% de dette\/PIB, \u00e0 cause d\u2019une croissance frein\u00e9e depuis au moins dix ans par le premier crit\u00e8re. En Allemagne, le ministre des Finances et candidat pour le Parti social-d\u00e9mocrate (SPD) Olaf Scholz a r\u00e9affirm\u00e9 sa volont\u00e9 de pr\u00e9server les r\u00e8gles actuelles, avec la flexibilit\u00e9 offerte en cas de crise. D\u2019autres voix, pas tellement plus \u00e0 gauche, sugg\u00e8rent, pour permettre la transition \u00e9cologique dont l\u2019institut Bruegel \u00e9value le co\u00fbt annuel proche de 1% du PIB<\/a>, de sortir du calcul les investissements publics \u00abverts\u00bb. Mais une coalition du SPD qui m\u00e8nerait au minist\u00e8re des Finances le leader du FDP Christian Lindner couperait court \u00e0 cette id\u00e9e\u2026<\/p>\n»,"format":"light_html"}}
Plus d'articles du même thème
-
La BCE affiche sa posture restrictive
Le Conseil de la Banque centrale européenne devrait maintenir ses taux directeurs inchangés jeudi. Le débat entre gouverneurs portera sans doute déjà sur le besoin - ou non - d’une «baisse de précaution» pour décembre. -
L’Assemblée nationale refuse sa confiance à François Bayrou
Le premier ministre qui avait engagé la responsabilité de son gouvernement n’a recueilli que 194 voix pour ce vote de confiance. François Bayrou devrait remettre sa démission au plus tard mardi matin. -
L’instabilité gouvernementale s’accroît au Japon
Moins d’un an après son arrivée au pouvoir, le Premier ministre Shigeru Ishiba a annoncé sa démission après avoir subi plusieurs revers électoraux.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Mistral s'affirme comme leader européen de l'IA avec l'entrée d'ASML et une importante levée de fond
Paris - La start-up française d’intelligence artificielle (IA) Mistral conforte sa place de champion européen de l’intelligence artificielle après une importante levée de fond et l’entrée au capital du géant néerlandais des technologies ASML, qui lui permet de «réaffirmer son indépendance» vis-à-vis des mastodontes américains et chinois. Mistral a levé 1,7 milliard d’euros, l’une des plus importantes levées de fonds pour une jeune pousse française, et double ainsi quasiment sa valorisation à 11,7 milliards d’euros, à l’heure où la question de la souveraineté technologique de l’Europe est devenue cruciale. L’alliance entre les deux entreprises «a pour objectif de générer une forte plus-value pour les clients d’ASML grâce à des produits et solutions innovants dopés à l’IA et offrira des pistes de recherche commune», a commenté le patron d’ASML, Christophe Fouquet, cité dans le communiqué diffusé mardi par Mistral. Le fabricant néerlandais de machines de pointe pour le secteur des semi-conducteurs détiendra au terme de l’opération autour de 11% du capital de Mistral, selon une source proche du dossier, ce qui en fera le premier actionnaire de la start-up après chacun des fondateurs, qui contrôlent encore majoritairement la société. ASML obtiendrait par ailleurs un siège au conseil d’administration, d’après plusieurs médias, une information qui n’a pas été confirmée par les deux entités. Echelle européenne «On ne peut pas lutter sur ce secteur-là en étant franco-français», analyse auprès de l’AFP Jean-Baptiste Bouzige, fondateur d’Ekimetrics, société spécialisée dans l’IA et les données. «L'échelle qui est pertinente, c’est l’Europe», ajoute-t-il. Le géant américain des puces Nvidia, les fonds Index Ventures, Andreessen Horowitz ou encore Bpifrance ont aussi participé à ce tour de table. Lancé en juin 2023 par Arthur Mensch, polytechnicien et normalien, avec deux autres Français anciens chercheurs chez Meta, Guillaume Lample et Timothée Lacroix, Mistral a notamment conçu le chatbot Le Chat concurrent de ChatGPT d’OpenAI. L’entreprise, basée à Paris, fournit aussi des grands modèles de langages portés sur la génération de texte et des modèles spécialisés capables de traiter des images, transcrire de l’audio ou générer du code. Elle a cette année multiplié les annonces retentissantes de partenariats notamment avec le géant américain Nvidia pour créer une plateforme de cloud (informatique à distance) ou encore avec le fonds émirati MGX pour fonder un gigantesque campus IA en région parisienne. Elle a aussi signé un accord avec l’Agence France-Presse (AFP) pour utiliser ses dépêches d’actualité afin de répondre aux requêtes de ses utilisateurs. Indépendance Mais si Mistral est la start-up d’IA à la plus haute valorisation en Europe, ses capacités financières restent modestes face à ses concurrents américains. La start-up américaine Anthropic, dont le modèle Claude est l’un des principaux rivaux du ChatGPT, revendique une valorisation de 183 milliards de dollars après un tour de table de 13 milliards de dollars en septembre. Le leader OpenAI serait lui en pourparlers pour permettre à ses employés d’encaisser leurs actions, ce qui valoriserait l’entreprise à environ 500 milliards de dollars, selon plusieurs médias. Cette nouvelle levée de fonds permet surtout à Mistral de «réaffirmer son indépendance», selon son communiqué, et d'éviter de passer sous le contrôle de géants de la tech américains ou chinois, après un été marqué par une rumeur de rachat par Apple. Étant donné les tensions géopolitiques avec les Etats-Unis et du besoin de souveraineté technologique en Europe, «Mistral peut s’imposer comme un acteur européen incontournable, une véritable alternative aux modèles non-européens», estime Franck Sebag, associé chez EY, auprès de l’AFP. La start-up, qui compte plus de 350 employés répartis entre six bureaux de Londres à Singapour, s’attend à générer plus de 100 millions de dollars de revenus par an, a confié son patron au Wall Street Journal en juin. Daxia ROJAS © Agence France-Presse -
Bourses européennes: un calme prudent après la chute du gouvernement français
Paris - Les Bourses européennes ont entamé la séance sans grand changement mardi, attentives aux évolutions politiques en France au lendemain de la chute du gouvernement de la deuxième économie de la zone euro, largement anticipée par les observateurs politiques et économiques. Dans les premiers échanges, la Bourse de Paris avançait de 0,23% et celle de Londres de 0,15%, tandis que Francfort reculait légèrement de 0,15%. Euronext CAC40 © Agence France-Presse -
Bardella prévient que le RN censurerait tout Premier ministre qui ne peut pas «rompre avec la politique menée depuis huit ans»
Paris - Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a rappelé mardi, au lendemain de la chute du gouvernement de François Bayrou, que le RN censurerait tout Premier ministre qui ne peut pas «rompre avec la politique menée depuis huit ans». «La question du figurant importe peu, c’est la politique de fond qu’il faut changer», a balayé le patron du parti d’extrême droite sur RTL, renouvelant son appel à une nouvelle dissolution débouchant sur des législatives anticipées. «Si (Emmanuel) Macron fait le choix de nommer un nouveau Premier ministre, alors ce Premier ministre n’a aucune autre possibilité que de rompre avec la politique qui est menée depuis huit ans», a-t-il tancé. «Auquel cas les mêmes causes entraîneront les mêmes conséquences et entraîneront par définition une censure du gouvernement», a-t-il ajouté. Le Rassemblement national plaide pour «revenir devant les Français» sans quoi, «je ne vois pas comment quelque chose de sain pourrait émerger», a estimé Jordan Bardella, alors que deux Premiers ministres sont déjà tombés depuis la dissolution de juin 2024. «Si on ne change pas les politiques, si on ne change pas les gens qui sont au pouvoir», le «quotidien» des Français «ne pourra pas changer», a-t-il insisté. © Agence France-Presse