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Le retour à la normale du marché du gaz européen reste fragile

Le marché européen du gaz a connu une anomalie qui a persisté tout l’hiver dernier. En temps normal, les cours du gaz pour livraison en été présentent une décote vis-à-vis des cours hivernaux en raison de la demande plus forte et moins élastique aux prix durant cette période où les besoins de chauffage sont élevés. Cette décote est importante car elle incite les opérateurs logistiques à acheter en été et à vendre en hiver (opérations de «cash and carry» : achats au comptant ou échéance proche couplés à des ventes simultanées à plus long terme, assurant ainsi un profit brut). C’est ainsi que les réservoirs se remplissent en amont de la saison froide et que les frais de stockage, non négligeables, sont financés.
Cet hiver toutefois, c’est la situation inverse qui a prévalu. Les prix (à terme) estivaux ont surpassé les prix hivernaux, décourageant les activités de stockage. Janvier et février furent froids et avec la fin de l’acheminement du gaz russe via l’Ukraine les stocks européens avaient atteint des niveaux significativement plus bas qu’à l’accoutumée en début d’année. Or, après l’invasion russe, de nombreux pays européens ont imposé des taux de remplissage cibles élevés à certains moments de l’année pour sécuriser les stocks nécessaires. A l’échelle européenne, le taux de remplissage cible est de 90% avant le 1er novembre. Des seuils intermédiaires doivent être préalablement atteints à des dates clés. Les besoins d’achats de gaz pour atteindre ces seuils pouvaient donc être très substantiels. Des opérateurs ont anticipé ces besoins potentiellement plus élevés et plus urgents que d’habitude et l’écart été-hiver s’est retourné.
Baisse des objectifs de remplissage des stocks
Depuis, les autorités européennes étudient la situation. Au début de l’année, certains pays envisageaient de subventionner le restockage. D’autres préféraient baisser les objectifs de remplissage pour éviter ou limiter les achats forcés. Cette proposition semble désormais tenir la corde avec un taux de remplissage cible qui pourrait être abaissé à 83% complété par une marge de fluctuation (quelques points) acceptable en cas de conditions de marché particulières. Une position définitive devrait être adoptée d’ici la fin du semestre.
Parallèlement, la décote estivale est réapparue ces dernières semaines. L’approche plus accommodante des instances européennes a probablement joué un rôle mais il est encore trop tôt pour annoncer une sortie de crise. L’amélioration observée pourrait n’être surtout qu’une embellie conjoncturelle. La sortie de l’hiver s’est mieux déroulée que prévu avec une météo plus clémente. Les tensions associées à la guerre commerciale lancée par l’administration Trump ainsi que les craintes d’une moindre croissance ont pu amener certains acteurs, notamment chinois, à différer leurs achats. Les premières semaines d’avril ont donc constitué une période de détente et quelques opportunités d’achat à bon compte ont pu se présenter de nouveau pour les opérateurs européens, notamment sur le gaz naturel liquéfié (GNL). Si la météo devait devenir plus défavorable cependant et si certaines sources d’approvisionnement devaient décevoir, les craintes d’une dégradation des conditions de marché en Europe et de stocks insuffisants pourraient rapidement resurgir.
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