Le resserrement monétaire de la BCE pèserait sur les titrisations

La réduction des programmes d’achats d’actifs sera discutée en décembre.
Fabrice Anselmi
BCE
La Banque centrale européenne va débuter la réduction de son bilan (quantitative tightening, QT).  -  photo ECB (CC BY-NC-ND 2.0)

A la Banque centrale européenne (BCE), les gouverneurs les plus restrictifs appellent à débuter rapidement la réduction du bilan (quantitative tightening, QT) par la fin des réinvestissements sur le programme d’achats d’actifs réguliers (APP), potentiellement dès le deuxième trimestre 2023, si les banques ont alors remboursé une partie des prêts TLTRO (voir par ailleurs). Or ce programme initié en 2014 a comporté un «sous-programme» d’achats de parts de titrisation (Asset-backed securities purchase programme, ABSPP), dont la banque centrale détient aujourd’hui près de 24 milliards d’euros, à comparer à 344 milliards d’obligations d’entreprises (Corporate Sector purchase programme, CSPP) et à 302 milliards d’obligations sécurisées (Covered bonds purchase programme 3, CBPP3), qui sont étroitement connectées aux marchés de titrisation.

Si les économistes de Bank of America (BofA) restent sceptiques quant à un lancement rapide en cas de récession malgré des discussions attendues en décembre, ils soulignent aussi qu’un QT aurait des effets bien plus importants sur les volumes d’ABS que sur d’autres types de dettes : «En utilisant les projections de la BCE sur les remboursements attendus pour réduire son bilan, la plupart des actifs de l’APP chutent d’une manière générale d’environ 8% à 10% sur l’année à venir, tandis que les actifs de l’ABSPP diminuent d’environ 40% dans une telle hypothèse», explique l’équipe d’Alexander Batchvarov, rappelant que l’utilisation des programmes de titrisation est à la discrétion des banques, et qu’il est difficile d’anticiper les lancements à venir. Le marché devrait aussi compter avec la «libération» possible de 392 milliards de parts d’ABS apportées en collatéral des TLTRO, dont les remboursements anticipés pourraient aussi libérer 694 milliards de «covered bonds».

«Si les conséquences directes pour le marché des ABS sont limitées, vu la taille des avoirs de la BCE à l’heure actuelle et de la nature amortissable des titres, les conséquences indirectes – avec une forte variation des valeurs relatives sur les spreads et de la liquidité du marché - ne peuvent être négligées compte tenu des montants d’obligations d’entreprises et de ‘covered bonds’ également détenus par la BCE», poursuivent les économiste de BofA, évoquant le caractère inédit du QT. Les titrisations de prêts hypothécaires (RMBS) néerlandaises et de prêts automobiles (ABS auto) allemands seraient les plus directement exposées.

{"title":"","image":"296209","legend":"","credit":""}

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles Titrisation

Contenu de nos partenaires

Les plus lus de
A lire sur ...