
Le pétrole grimpe grâce à la Russie et aux perturbations dans la mer Rouge

Le cours du Brent gagnait près de 1%, à plus de 77 dollars, lundi en début de matinée. Le prix du pétrole s’est repris de 7% en quatre séances après avoir touché le 13 décembre un plus bas depuis fin juin, à 72,3 dollars.
Ce rebond est dû à une réduction annoncée des exportations de brut de la Russie alors que les attaques des Houthis du Yemen sur les navires dans la mer Rouge ont soulevé des inquiétudes quant à la perturbation de l’approvisionnement en pétrole.
«Le mauvais temps en Russie a joué un rôle dans la hausse de ce matin, tout comme l’attaque des Houthis sur les navires proches du Yémen», a déclaré Tony Sycamore, analyste chez IG.
La Russie a déclaré dimanche qu’elle renforcerait les réductions des exportations de pétrole en décembre, potentiellement de 50.000 barils par jour ou plus, plus tôt que promis, alors que les plus grands exportateurs du monde tentent de soutenir les prix mondiaux du pétrole.
Cette décision intervient après que Moscou a suspendu environ deux tiers des chargements de son principal produit d’exportation, le brut de l’Oural, à partir des ports, en raison d’une tempête et d’une maintenance programmée vendredi.
Zone évitée
Les sociétés de transport maritime, dont les plus grandes compagnies de transport par conteneurs du monde, MSC, Maersk et le Français CMA CGM, ont déclaré ce week-end qu’elles éviteraient le canal de Suez, les militants houthis du Yémen ayant intensifié leurs attaques contre les navires commerciaux dans la mer Rouge. Lundi, l'énergéticien BP a également annoncé suspendre le transit de ses pétroliers via la mer Rouge.
Bab al-Mandab est l’une des routes les plus importantes au monde pour le transport maritime de marchandises, en particulier le pétrole brut et le carburant du Golfe à destination de la Méditerranée via le canal de Suez ou l’oléoduc SUMED situé à proximité, ainsi que les marchandises à destination de l’Asie, notamment le pétrole russe.
Le Brent et le WTI ont mis fin à leur plus longue série de baisses hebdomadaires depuis une demi-décennie en enregistrant un léger gain la semaine dernière, après qu‘une réunion de la Réserve fédérale américaine a fait naître l’espoir que les hausses de taux d’intérêt sont terminées et que des réductions sont en cours.
A lire aussi: L’Opep+ réduit un peu plus sa production pour contrer la baisse des prix
«Je pense que la réunion dovish de la Fed de la semaine dernière est tout aussi importante, car elle élimine les risques d’un atterrissage brutal de l'économie américaine et de la demande de pétrole brut à l’avenir», a ajouté Tony Sycamore.
Le pétrole brut a également été soutenu par un dollar affaibli et des données sur les stocks américains plus importantes que prévu, a déclaré Tina Teng, analyste chez CMC Markets, dans une note, car un dollar plus faible rend le pétrole libellé en dollars moins cher pour les acheteurs étrangers.
Les analystes ont déclaré que les stocks de pétrole à Cushing, Oklahoma, le principal centre de stockage américain, ont rebondi le mois dernier après avoir atteint des niveaux opérationnels bas en raison de l’amélioration des prix au centre qui a attiré des barils du bassin Permien du Texas et des flux de brut canadien plus élevés.
L’afflux récent de brut en provenance de ces deux sites a fait augmenter les stocks de Cushing pendant huit semaines consécutives, pour atteindre 30,8 millions de barils.
(Avec Reuters)
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Anthropic règle un litige majeur sur le droit d’auteur en IA avec un accord à 1,5 milliard de dollars
New York - La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi. Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative. «Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur», a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. «C’est le premier de son genre dans l'ère de l’IA». Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction. Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages. «Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation», a indiqué une porte-parole d’Anthropic. Mais «nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux», a-t-elle ajouté. Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage. L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco. «Un début» Cette transaction permet à Anthropic d'éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts. La start-up risquait d'être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même. L’accord «va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative», a fait valoir Justin Nelson, «et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.» De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production. Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils. La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable («fair use» en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle. Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable. «Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact», a souligné la porte-parole d’Anthropic. Cet accord «ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus», a-t-elle poursuivi. En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables. Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l'émergence des interfaces d’IA générative. «Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif», a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA. «Ce n’est qu’un début», a écrit l’association sur X, «mais il est marquant et historique.» Thomas URBAIN © Agence France-Presse