Le LME reprend les transactions sur le nickel

La Bourse des métaux s’est efforcée de renforcer le cadre de transactions sur le minerai, après six séances de suspension.
Fabrice Anselmi
La Bourse londonienne des métaux, le London Metal Exchange (LME)
Le LME a décidé de nouvelles règles et conditions pour la réouverture des échanges.  -  photo LME.

La Bourse londonienne des métaux, le London Metal Exchange (LME), a annoncé que les transactions sur le nickel reprendront ce mercredi à 8h à Londres (9h à Paris), après six séances de suspension due à une flambée des cours sans précédent. Une coupure historique.

Entre le 7 et le 8 mars, le cours du contrat à terme avait grimpé de 250% jusqu’à 101.365 dollars/tonne, conduisant la plateforme à suspendre puis annuler les échanges du mardi matin. Bien que soutenue par la hausse du métal - indispensable à différentes industries (inox, batteries…) et produit pour 10% en Russie -, cette envolée a été liée à des producteurs de nickel en position de vente à découvert («short») pour se protéger des baisses de cours, incapables de répondre aux appels de marge induits par la hausse soudaine des cours.

Pris dans cette spirale, le premier producteur mondial, le chinois Tsingshan, n’a pas pu faire face aux appels de marge, et aurait tenté de réduire ces paris «courts» et ses expositions en achetant d’autres contrats. Mais, alors que la Bourse a relevé ses exigences de marge pour les contrats sur le nickel le 8 mars, certains spécialistes ont estimé qu’un autre acteur majeur en position «longue» a exacerbé les difficultés de Tsingshan à se repositionner, au détriment de nombreux petits acteurs industriels.

Dysfonctionnements

Au bout du compte, la filiale du Hong Kong Exchanges & Clearing (HKEC) a décidé d’annuler 3,9 milliards de dollars de transactions réalisées ce matin-là, et de ramener la cotation au cours du lundi soir, soit 48.078 dollars/tonne. Un «statu quo» destinés réduire les risques de certaines contreparties ? «Ce qui s’est passé est assez incompréhensible : pourquoi, malgré une réunion de crise le lundi soir après une hausse de plus de 60% des cours, le LME a-t-il décidé de reprendre les échanges le mardi ? Pourquoi aucun coupe-circuit n’a fonctionné ? Comment des appels de marge et limites de position intraday n’ont-ils pas pu atténuer les risques au niveau de la chambre de compensation (CCP) ? », s’interroge Antoine Pertriaux, responsable d’Adamantia Research Institute. Et le consultant de pointer les risques juridiques liés à la décision du LME : «l’annulation des transactions du mardi est absolument inédite – les rares annulations de transactions s’expliquent pour des raisons techniques qui ont lésé tous les opérateurs – et risque d’être remise en cause par les contreparties qui étaient gagnantes…»

Alors que les appels de marge ont failli mettre plusieurs courtiers en défaut le 8 mars, le LME a négocié plusieurs jours, notamment avec Tsingshan, pour s’assurer que les conditions de financement des vendeurs à découvert puissent permettre une réouverture du marché «ordonnée». La Bourse, qui a renoncé à entreprendre un «accord de compensation volontaire» sur ce cas précis, a tenté de rassurer ses membres en leur confirmant dans une note le soutien d’un consortium bancaire au «gros client» en difficulté. Les noms de JPMorgan, Standard Chartered et BNP Paribas ont été cités dans la presse. Reste à voir si cela suffira à rouvrir dans le calme, la holding chinoise ayant encore une position «short» sur 150.000 tonnes de nickel selon l’agence Bloomberg. En outre, les contrats sur le nickel au Shanghai Futures Exchange (SFE), qui avaient gagné 50% les 7 et 8 mars avec des limites de risques un peu plus cadrées, ont reperdu plus de 20% depuis (à 221.410 yuans ou moins de 35.000 dollars/tonne), ouvrant des possibilités d’arbitrage.

Selon la note, le LME étudie les conditions «désordonnées» des 7 et 8 mars, et pourrait ouvrir une enquête à la demande de l’industrie. En attendant, la Bourse a décidé de nouvelles règles et conditions précises pour la réouverture des échanges afin de protéger ses membres en cas de perturbations. A partir de ce mercredi, elle institue des limites de fluctuations de prix dans les deux sens pour tous les contrats fermes : à hauteur de 5% à 10% selon les conditions de marché définies la veille par rapport au cours du jour de clôture précédent pour le nickel ; de 15% pour les autres métaux de base. Le LME précise aussi les règles suivant lesquelles seront fixés les prix officiels/de clôture en cas de perturbations. Il obligera également ses membres à divulguer leurs positions de gré à gré (OTC) au-dessus de certains niveaux (100 lots ou 600 tonnes pour le nickel) et à engager leur responsabilité au regard de la chambre de compensation LME Clear au-dessus de 3.000 lots désormais, contre 6.000 auparavant.

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