
La semaine prochaine, les marchés scruteront l’inflation américaine et la BCE


Les investisseurs regarderont à la loupe les chiffres de l’inflation américaine et réagiront aux annonces de la Banque centrale européenne (BCE) la semaine prochaine, dans un contexte de réajustement brutal des anticipations de taux d’intérêt aux Etats-Unis et en Europe.
Après les derniers commentaires de banquiers centraux, les marchés «voient la Réserve fédérale (Fed) et la BCE remonter leurs taux vers 5,75% et 4% respectivement d’ici la fin de l’année, ce qui est 0,75% au-dessus des anticipations d’il y a un mois», notent les économistes de LBPAM.
Ces anticipations pénalisent les groupes fortement endettés ainsi que les détenteurs d’obligations. Silicon Valley Bank, une banque américaine active dans le secteur technologique, a vu son titre plonger de 60% jeudi après avoir annoncé le lancement d’une augmentation de capital destinée à éponger les pertes subies sur l’un de ses portefeuilles d’obligations. Les actions de grandes banques américaines et européennes ont corrigé dans son sillage, dans une moindre mesure. La cotation de SVB est suspendue vendredi dans l’attente d’un communiqué.
«C’est un problème qui pourrait toucher toutes les banques, y compris les grandes, parce qu’elles ont accumulé de nombreux actifs depuis la crise financière de 2007-2008, à des prix croissants, et qu’elles n’ont que faiblement rémunéré les dépôts bancaires» jusqu'à récemment, les taux d’intérêt étant restés proches de zéro pendant longtemps, prévient Ipek Ozkardeskaya, analyste en chef chez Swissquote Bank.
Le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis, publié ce vendredi, a de nouveau souligné la vigueur du marché du travail américain, avec 311.000 créations de postes le mois dernier contre 504.000 en janvier. Le taux de chômage est légèrement remonté, à 3,6%, mais certainement pas suffisamment pour dissuader la Réserve fédérale (Fed) de relever ses taux lors de sa réunion des 21 et 22 mars.
A lire aussi: Jerome Powell oriente la Fed vers un taux terminal à 6%
Nouvelle salve d’indicateurs américains
L’ampleur de cette hausse pourrait dépendre des statistiques à paraître aux Etats-Unis la semaine prochaine, à commencer par l’indice des prix à la consommation de février qui sera publié mardi. Les analystes de Barclays tablent sur un recul de l’inflation globale à 6%, contre 6,5% le mois précédent, mais l’inflation sous-jacente, qui exclut les prix de l’alimentation et de l'énergie, devrait se maintenir à 5,5%, contre 5,6% en janvier, selon eux.
D’autres indicateurs américains seront surveillés, notamment les ventes de détail et les mises en chantier pour février, les enquêtes d’antennes régionales de la Fed sur l’activité manufacturière en mars et les indicateurs avancés du Conference Board.
«Il ne fait aucun doute que l’activité économique a bénéficié d’un hiver très doux et de l’optimisme lié au déconfinement de la Chine», commente Mark Dowding, directeur des investissements chez BlueBay Asset Management. Il s’attend par conséquent à des données encore robustes pour février, avant un possible ralentissement en mars.
Dans la zone euro, tous les regards se tourneront vers la BCE. La gardienne de la stabilité des prix devrait augmenter jeudi ses taux de 50 points de base, comme annoncé lors de sa dernière réunion, et maintenir un ton restrictif. L’attention se portera également sur les projections de croissance et d’inflation de l’institution, en particulier sur la prévision d’inflation à l’horizon 2025 qui pourrait rester au-dessus de l’objectif de 2%, souligne Ulrike Kastens, économiste chez DWS.
Les investisseurs prendront en outre connaissance vendredi des chiffres définitifs de l’inflation en zone euro pour février.
Du côté des entreprises, Michelin tiendra lundi une journée investisseurs. Bolloré publiera ses résultats annuels mardi, alors que Rubis et Wendel dévoileront leurs comptes en fin de la semaine.
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