
La relance de la titrisation en Europe, nécessaire mais pas suffisante

La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, avait coutume de dire l’ancien patron d’une banque française en citant un vieux proverbe. Fille du projet d’Union de l’épargne et l’investissement, la réforme de la titrisation dévoilée ce 17 juin devrait réjouir tous les prêteurs et les emprunteurs de la zone euro. Il était grand temps que la Commission européenne délace le corset qui comprime le bilan de ses banques.
La pratique, qui consiste à transformer les crédits bancaires en obligations négociables, vivote en raison des réglementations restrictives adoptées dans le sillage de la faillite de Lehman Brothers. Aux Etats-Unis, les volumes de prêts titrisés chaque année représentent environ 4% du produit intérieur brut. C’est treize fois moins de ce côté-ci de l’Atlantique. Rien ne justifie un tel écart en notre défaveur.
Les contempteurs de la titrisation, qui agitent la menace d’une redite des subprimes, ont peu d’arguments pratiques à lui opposer. Les pertes des investisseurs se sont révélées négligeables en Europe même durant les heures les plus difficiles. Les transactions les plus exotiques ont disparu depuis quinze ans. Et l’histoire nous enseigne que la prochaine crise financière ne ressemblera sans doute pas à la précédente. Si l’on devait s’inquiéter aujourd’hui d’une sophistication extrême ou d’un effet de levier excessif, il faudrait aller les chercher dans d’autres poches du système, chez des acteurs peu ou pas régulés.
En permettant aux banques de faire tourner plus rapidement leurs portefeuilles, en accroissant la masse de titres en circulation, la réforme de la titrisation contribuera à la relance des marchés de capitaux en zone euro. Ne lui en demandons cependant pas trop. D’abord parce que le texte de la Commission devra passer sous la toise du Parlement. Les «anti» y donnent déjà de la voix, et l’on sait combien les compromis européens ont le don de rendre complexes et inopérantes les idées les plus simples. Ensuite, parce que les prêteurs devront prendre le temps d’adapter leurs processus de gestion aux nouvelles règles du jeu.
Enfin, parce que la titrisation a seulement vocation à résoudre un problème d’offre de crédit. Des bilans bancaires plus liquides et moins gourmands en fonds propres réglementaires dynamisent la production de prêts à l’économie. Mais les entreprises européennes ont déjà de la dette à revendre ; c’est de capital dont elles ont surtout besoin. Si l’Europe veut libérer tout le potentiel de son épargne et combler l'écart de compétitivité avec les Etats-Unis, comme le réclamait le rapport Draghi, il lui faudra actionner d’autres leviers, et plus vite.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse