
La France détaille un programme de financement conforme aux attentes pour 2023

L’Agence France Trésor (AFT) a présenté mercredi le programme indicatif de financement de l’Etat arrêté par le ministre de l’Economie en s’appuyant sur le projet de loi de finances pour 2022. Celui-ci prévoit des émissions à moyen et long terme (OAT) nettes de rachats de 270 milliards d’euros en 2023, soit 10 milliards de plus qu’en 2022, 2021 et 2020, conformément à ce qui avait été annoncé en septembre.
Le besoin prévisionnel de financement atteindra 298,4 milliards, après 304,4 milliards pour 2022. Cette somme provient principalement d’un déficit budgétaire de 158,5 milliards – inchangé par rapport aux indications de septembre - et de 149,4 milliards d’amortissement de dette à moyen et long terme venant à échéance en 2023 – en baisse de 7,1 milliards grâce à un programme de rachats de dettes fructueux (26,2 milliards).
Ce besoin sera donc couvert par les émissions d’OAT à moyen et long terme (MLT) nettes de rachats pour 270 milliards, par 18 milliards d’euros de contribution du solde du compte du Trésor, en quelque sorte issus de préfinancements par les émissions de dettes massives des années précédentes, et par 6,6 milliards d’amortissement de dette Covid par la Caisse de la dette publique. L’AFT prévoit un recours légèrement accru aux émissions de bons du Trésor à court terme : 3,3 milliards de BTF en plus sont prévus, sur un encours de 146 milliards à fin octobre (pour un total de dette de 2.247 milliards), qui devraient permettre d’ajuster les comptes.
Contrairement à décembre 2021, l’Agence ne prévoit pas tellement d’autres ressources de trésorerie (0,5 milliard contre 3,5 milliards à l’époque), car la hausse des taux a induit des décotes (et non plus des primes) sur le montant facial réémis sur d’anciennes souches abondées, finalement pour -11 milliards en 2022.
Bonnes conditions de financement
Cela dit, malgré le mouvement violent qui a porté le taux français à 10 ans jusqu’à 3% le 21 octobre avant de les ramener à 2,28% mercredi, les conditions de financement de la France restent très bonnes : 1,43% en 2022 sur les émissions à plus d’un an, 1,03% avec les émissions de BTF, soit à peu près comme sur la dernière décennie, pour un coût total 1,87% sur tout l’encours de dette. La maturité moyenne de la dette s’est encore un peu allongée (8,5 ans) malgré une demande des investisseurs supérieure sur les maturités courtes dans cette période d’incertitude.
Pour 2023, l’AFT procédera à l’émission par adjudication de nouvelles souches de référence à 3 ans et 5/6 ans ainsi que, à partir du deuxième trimestre, de deux nouvelles souches de référence à 10 ans, plus d’une obligation indexée à l’inflation européenne (OAT€i) à 10 ans. Elle étudiera également les perspectives d’émission par syndication d’une nouvelle souche de référence à 30 ans, en fonction des conditions de marché, et d’une obligation indexée sur l’inflation française (OATi) d’une maturité comprise entre 15 et 20 ans, en fonction de l’évolution de la demande. L’Agence conserve son objectif d’un programme autour de 10% en titres indexés. Elle continuera d’abonder l’ensemble de ses souches nominales au gré de la demande de marché, et en particulier ses obligations vertes (2 souches OAT et une souche OAT€i) dans la limite du montant des dépenses vertes éligibles pour 2023 dont le montant sera communiqué en janvier.
Pour 2022, le montant nominal des emprunts bruts à MLT émis a atteint 286,2 milliards répartis entre 260,8 milliards d’obligations à taux fixe et 25,4 milliards d’obligations indexées.
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Après la chute de Bayrou, des rassemblements improvisés dans plusieurs villes de France
Paris - Des manifestants fêtent lundi soir dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre. A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées «Bye bye Bayrou» et «le 10/09 on bloque tout», quelques confettis survolant le regroupement. «On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent», rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi. A Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. «On est au bout du système» avec «une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer», assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant. A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. «C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage» à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans. Selon Marius, 25 ans, «il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise» en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que «le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus». A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare. «Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron», lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne. Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont M. Bayrou est le maire. Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours». © Agence France-Presse