
La fête pourrait durer sur les marchés actions en 2022

Fin 2020, les places boursières étaient au plus haut et les valorisations tendues. Un an après, les marchés actions sont encore plus hauts, à de nouveaux records, et les valorisations sont toujours aussi élevées.
A Wall Street, l’indice S&P 500 est au plus haut à 4.800 points après avoir battu des records à 69 reprises cette année et affiche un gain de 27,8%. Le Nasdaq est proche de ses plus hauts établis en novembre en hausse de 22,9% depuis le début de l’année. L’Europe n’est pas en reste, et notamment la Bourse de Paris où le CAC 40 a dépassé cette année son record vieux de 21 ans et va terminer l’année au plus haut à 7.173 points après un gain de 29,2%, l’une des meilleures performances boursières de l’année. L’indice Euro Stoxx 50 progresse de 21%, le Dax sous-performe avec un gain de 15,8% tandis que l’Ibex 35 ne gagne que 7,9%.
Le marché japonais déçoit également avec un gain de seulement 4,9% malgré son rattrapage cet été avant la nomination d’un nouveau Premier ministre. L’une des plus grandes déceptions est le marché chinois, et plus particulièrement Hong Kong, où les valeurs technologiques, affectées par les coups de boutoirs réglementaires de Pékin, et les difficultés du secteur immobilier, ont entraîné une chute de 15,1% de l’indice Hang Seng. Le CSI 300 (Chine continentale) perd 5,6%.
Bond des bénéfices
L’année n’a toutefois pas été linéaire, ni en termes d’évolution, ni en termes de style. La préférence des investisseurs est passée des valeurs décotées et cycliques aux valeurs de croissance et inversement, en fonction des fluctuations sur les marchés de taux. Les pénuries d’approvisionnement ont également animé les échanges. De même que la forte activité des investisseurs particuliers, y compris sur les marchés des options, baptisée par les spécialistes «gamification», particulièrement sur les valeurs «memes» (GameStop ou AMC Entertainement, notamment) et les valeurs stars comme Tesla ou les FAANG.
Le juge de paix sur le marché actions a néanmoins été la croissance bénéficiaire avec des publications de résultats supérieurs aux attentes trimestre après trimestre dans un contexte de reprise économique avec des effets de base très favorables, et alors que les entreprises ont généralement réussi à répercuter les hausses de coûts dans leurs prix de vente ou grâce à leurs marges élevées. Les achats record d’actions par les entreprisesont également soutenu les marchés.
Si certains investisseurs ont augmenté la part des liquidités dans leurs portefeuilles et commencé à réduire un peu la part des actions, inquiets des niveaux de valorisation et d’un ralentissement de la croissance, la plupart restent positifs. «Avec la pandémie qui n’est pas encore terminée et les données d’inflation qui surprennent toujours à la hausse, les inquiétudes concernant les erreurs politiques pourraient persister, note Emmanuel Cau, stratégiste chez Barclays. Les premières étapes de la politique de normalisation ont généralement entraîné une volatilité plus élevée mais nous notons qu’au cours des cycles passés, les hausses de taux n’ont pas mis fin aux marchés haussiers.» Au cours des quatre cycles de resserrement monétaire des 30 dernières années, les rallyes sur les marchés actions se sont poursuivis sur le moyen terme, même si le mouvement des marchés au cours des 18 derniers mois limite cette fois le potentiel.
Hausse à moyen terme
Les investisseurs le savent. L’espérance de rendement est d’autant plus faible que les marchés atteignent des niveaux extrêmes. A Wall Street, les valeurs de l’indice S&P 500 se payent 21 fois les bénéfices estimés pour les 12 prochains mois. Le même ratio, corrigé du cycle économique, atteint des niveaux jamais vu depuis septembre 2000. Le CAPE ratio est de 40, contre 44 au plus haut il y a 21 ans. Les actions européennes (indice Euro Stoxx 50) se paye 16 fois.
La trajectoire des marchés actions en 2022 dépendra d’abord de la croissance économique et de l’évolution des bénéfices après une année 2021 exceptionnelle. Une fois les effets de base épuisés, la croissance bénéficiaire devrait retomber mais rester à des niveaux soutenus grâce à une poursuite de la reprise. Le consensus des analystes anticipe une nouvelle croissance de 7-8% en 2022 en Europe comme aux Etats-Unis, certains stratégistes anticipant jusqu’à 10%. «Le consensus IBES pour 2022 nous semble assez conservateur par rapport aux projections top-down d’une croissance du PIB en Europe et aux États-Unis supérieure à la tendance moyenne», relève Emmanuel Cau.
Buy the dip
Les marchés actions pourraient réaliser en 2022 une performance en ligne avec la progression des résultats mais dans un contexte volatil. De fait, les marges des entreprises, qui sont au plus haut, notamment aux Etats-Unis, pourraient subir l’impact de la hausse des coûts et la persistance des pénuries dans la chaîne d’approvisionnement. De plus, une inflation plus durable qu’anticipé pourrait non seulement provoquer une forte volatilité sur les taux longs mais aussi une réaction des banques centrales, et en premier lieu la Fed, qui ne serait pas favorable aux actions.
Les titres les mieux valorisés, principalement les FAANG et plus largement les valeurs de croissance, seraient alors les plus vulnérables dans ce nouveau paradigme. Les investisseurs commencent à privilégier les valeurs de croissance défensive. Les récents mouvements sur les marchés témoignent de ces ajustements avec des corrections sur les valeurs dont les fondamentaux sont les moins solides. Dans ce contexte de plus forte volatilité, les spécialistes espèrent toujours que le phénomène d’achat sur repli (buy the dip), qui a notamment été porté par les investisseurs particuliers, continuera en 2022 à soutenir le marché.
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États-Unis : les démocrates publient une lettre attribuée à Trump pour l’anniversaire de Jeffrey Epstein
Washington - Une lettre attribuée à Donald Trump à l’attention de Jeffrey Epstein pour son anniversaire en 2003 a été rendue publique lundi par des parlementaires démocrates, alors que le président américain en avait démenti l’existence en juillet, en pleine polémique sur ses liens avec le délinquant sexuel. La lettre, obtenue par les membres démocrates d’une commission de la Chambre des représentants, montre une esquisse de buste féminin avec des citations attribuées à tour de rôle à Jeffrey Epstein et à Donald Trump, deux figures alors de la jet-set new-yorkaise, avec la signature du futur président américain au pied de la note. L’affaire Epstein, du nom du financier new-yorkais mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels, enflamme de nouveau les Etats-Unis depuis que le gouvernement de Donald Trump a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires ou le lancement d’une nouvelle enquête dans ce dossier. La mort, par suicide selon les autorités, de Jeffrey Epstein a alimenté d’innombrables théories du complot, selon lesquelles il aurait été assassiné pour l’empêcher d’impliquer des personnalités de premier plan. Selon le Wall Street Journal, qui avait le premier révélé en juillet l’existence de la lettre, celle-ci a été envoyée par les légataires de Jeffrey Epstein à une commission du Congrès ayant exigé auprès d’eux d’obtenir de nombreux documents liés à l’affaire. «Merveilleux secret» Après les révélations du quotidien américain, Donald Trump avait nié être l’auteur de la lettre et avait attaqué le «WSJ» pour diffamation, ainsi que son patron Rupert Murdoch, leur réclamant au moins 10 milliards de dollars de dommages-intérêts. Le texte de la missive représente un échange imaginaire entre Donald Trump et Jeffrey Epstein, dans lequel le premier dit: «Nous avons certaines choses en commun Jeffrey». «Les énigmes ne vieillissent jamais, as-tu remarqué cela», dit-il également avant de conclure: «Joyeux anniversaire. Que chaque jour soit un autre merveilleux secret». Après avoir promis à ses partisans pendant sa campagne présidentielle des révélations fracassantes sur cette affaire, Donald Trump tente aujourd’hui d'éteindre la polémique, qu’il a de nouveau qualifiée récemment de «canular» monté par l’opposition. Les élus démocrates qui ont publié la lettre lundi ont exhorté le président républicain à faire la lumière sur l’affaire. «Trump parle de merveilleux secret que les deux partageaient. Qu’est-ce qu’il cache? Publiez les documents!», ont-ils écrit sur X avec une image de la lettre. Taylor Budowich, un conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a réagi en affirmant que la signature en bas de page ne correspondait pas à celle du président. «DIFFAMATION!», a dénoncé sur X le responsable. Le très populaire podcasteur conservateur Charlie Kirk a également mis en doute la véracité de la lettre. «Est-ce que ça ressemble à la vraie signature du président. Je ne crois pas du tout», a-t-il lancé sur X, estimant que celle-ci avait été «falsifiée». Robin LEGRAND © Agence France-Presse -
Après la chute de Bayrou, des rassemblements improvisés dans plusieurs villes de France
Paris - Des manifestants fêtent lundi soir dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre. A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées «Bye bye Bayrou» et «le 10/09 on bloque tout», quelques confettis survolant le regroupement. «On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent», rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi. A Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. «On est au bout du système» avec «une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer», assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant. A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. «C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage» à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans. Selon Marius, 25 ans, «il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise» en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que «le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus». A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare. «Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron», lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne. Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont M. Bayrou est le maire. Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours». © Agence France-Presse