
La Fed réaffirme son rôle de prêteur de dernier ressort mondial

Les banques centrales veulent prévenir tout incendie. La Banque centrale européenne (BCE), la Fed, la Banque du Japon, la Banque du Canada, la Banque d’Angleterre et la Banque nationale suisse ont lancé dimanche soir une action concertée pour augmenter la fourniture de liquidités en dollar. La fréquence de leurs opérations de lignes de swap à sept jours est désormais quotidienne, au lieu d’une fois par semaine.
Les lignes de swap, un droit à l’échange entre deux banques centrales né dans le sillage du 11 septembre 2001 et généralisé après la crise de 2008, permettent aux banques centrales d’assurer la liquidité en devises étrangères. Les banques centrales disposent certes de réserves de change, mais leur volume est limité, ce qui peut déclencher des inquiétudes de marché.
Le fonctionnement est un simple échange de devise : une première banque centrale (par exemple, la BCE) fait une demande de liquidité auprès d’une autre (la Fed, par exemple). La Fed dépose une somme donnée de dollars dans le compte de la BCE ouvert au sein de la Fed, tandis que la BCE verse une somme correspondante en euros dans le compte de la Fed. La BCE s’engage à reprendre ses devises auprès de la Fed à une date donnée et au taux de change auquel a été réalisé la transaction initiale, portant donc seule le risque de change.
La restitution croisée des devises a lieu à l’échéance du prêt, la banque centrale emprunteuse (dans l’exemple, la BCE) devant par ailleurs verser des intérêts (en général, le taux directeur assorti d’une prime de risque). Dans l’intervalle, la BCE peut prêter les dollars obtenus à ses acteurs domestiques en échange de collatéral (à une marge fixée à 12%, selon le communiqué publié dimanche), tandis que la Fed s’engage à ne pas utiliser les euros dont elle dispose.
A lire aussi: La Fed a déjà effacé la moitié de la réduction de son bilan
Accords illimités
Les cinq banques centrales concernées par l’accord de dimanche disposent d’accords illimités avec la Fed, ce qui permet d’assurer un apport en dollar quel que soit l’environnement de marché. Reste à savoir dans quelle mesure cette décision est pertinente.
De fait, les tensions sur le financement en dollar ne se matérialisent pas. Sur les deux dernières semaines, seules quatre banques ont utilisé la facilité d’emprunt de la BCE pour lever 470 millions de dollars de financement, tandis que 943 millions de dollars seulement ont été empruntés auprès de la Fed les deux dernières semaines. «Il s’agit d’un signal envoyé aux marchés, de façon préventive, nuance une économiste. Il est rare que ce genre de dispositif soit utilisé à hauteur des enveloppes proposées aux banques commerciales - voire qu’il soit utilisé tout court. Son efficacité tient dans le message qu’il envoie». En 2008 et 2020, 580 et 450 milliards de dollars avaient néanmoins été empruntés par les acteurs non américains, signe que ces dispositifs ont leur utilité. L’intérêt de ces outils est aussi qu’ils sont neutres en termes de politique monétaire : dans ce cas précis, les banques centrales n’auront pas à opposer stabilité financière et stabilité des prix. «En tant qu’émettrice de la monnaie d’échange internationale, la Fed joue son rôle de prêteur de dernier ressort global en dollar», conclut l’économiste.

Plus d'articles Banque centrale
-
Les marchés entrevoient une lueur d’espoir autour de la Turquie
Les chantiers économiques du nouveau mandat de Recep Tayyip Erdogan resteront importants. A commencer par celui de crédibiliser la banque centrale. -
Quel est le taux de la BCE ?
Retrouvez dans cet article régulièrement mis à jour les taux en vigueur de la Banque centrale européenne. Découvrez également l’historique de leurs variations depuis 2008. -
La Banque d’Australie remonte son taux directeur à 4,1%
La RBA ne prend pas de pause, se considérant encore en retard au regard de l’inflation à 7%.
Sujets d'actualité
Contenu de nos partenaires
- L’alliance mondiale des assureurs «net zéro» fait pschitt
- Risque climatique : les eurodéputés doivent faire des plans de transition un pilier de la gestion du risque
- Axa modifie son équipe de direction en amont d'un futur plan stratégique
- Pour démocratiser l’accès au private equity, n’oublions pas l’épargne salariale !
- Carrefour s’apprête à supprimer 1.000 postes dans ses sièges en France
- La succession d’Olivier Klein à la tête de la Bred se précise
- Casino obtient l’ouverture d’une procédure de conciliation avec ses créanciers
- La Société Générale présentera sa nouvelle feuille de route stratégique le 18 septembre
- Le relèvement du plafond de la dette devrait être annoncé à la dernière minute
-
Diplomatie
Le président brésilien Lula sera reçu à Paris par Emmanuel Macron les 22 et 23 juin
Un sommet pour un nouveau pacte financier sur la pauvreté et le climat se tiendra ce faisant. L’Elysée évoque l’occasion de « relancer » la relation bilatérale -
Stratégie
La Russie se dit prête à respecter le traité New Start si les Etats-Unis renoncent à être «hostiles»
Cette semaine, Washington s'est dit à même de se conformer à ce traité si Moscou en faisait de même. Le texte limite à 1 550 le nombre de têtes nucléaires par Etat et doit expirer en 2026 -
Justice
Olivier Dussopt jugé en novembre pour favoritisme par le tribunal correctionnel de Paris
Le ministre est soupçonné d'avoir favorisé en 2009, alors qu'il était maire d'Annonay (Ardèche), l’obtention d'un marché de gestion de l'eau à la société Saur