
La Fed devrait jouer la prudence à Jackson Hole

Jackson Hole sera cette semaine le centre du monde. Cette station de ski, située dans le Wyoming aux Etats-Unis, accueille chaque année fin août le symposium organisé par la Réserve fédérale américaine (Fed) rassemblant les grands argentiers de la planète. L’événement est très attendu par le marché qui espère des éclaircissements de la part de Jerome Powell, le président de la Fed, sur sa stratégie de normalisation monétaire, et notamment son tapering (réduction du programme d’achats d’actifs de 120 milliards de dollars). La Fed de Kansas City, qui l’organise, a annoncé qu’il se tiendrait finalement en ligne le 27 août alors que l'épidémie de coronavirus est repartie aux Etats-Unis. Certains grands banquiers centraux (la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, et le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey) ne seront pas de la partie cette année.
Annonce en septembre
Le symposium de Jackson Hole a été par le passé le théâtre d’annonces importantes de politique monétaire. «Les circonstances de cette réunion sont très spéciales, souligne John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud. Les investisseurs ont besoin de clarté après le discours confus de la Fed.»
Les minutes de la dernière réunion de la banque centrale américaine ont ravivé les anticipations de tapering, un plus grand nombre de membres du FOMC (le comité monétaire de la banque centrale américaine) étant favorables à une diminution du quantitative easing (QE) dès la fin de l’année et non pas début 2022. La résurgence de l’épidémie, notamment aux Etats-Unis, avec la propagation rapide du variant Delta, et les difficultés de la chaîne d’approvisionnement mondiale risquent toutefois de bouleverser le programme.
La prochaine réunion de la Fed, les 21 et 22 septembre, pourrait finalement être un moment plus propice pour une telle annonce. Avec une diminution des achats dès le mois d’octobre, selon les économistes d’ING. Contrairement au taper tantrum de mai 2013, l’impact sur les marchés pourrait être plus limité. «Il s’agit de l’un des resserrements monétaires les plus discutés et les mieux télégraphiés au cours des dix dernières années, avec un objectif explicite de la Fed de ne pas surprendre le marché», souligne George Saravelos, stratégiste chez Deutsche Bank. En outre, la Fed a indiqué que le tapering n’était pas à proprement parler un resserrement des conditions financières, qu’il distingue de toute hausse des taux, ajoutent les économistes d’ING.
Jerome Powell devrait surtout jouer la prudence cette semaine face à l’augmentation des cas de Covid-19 malgré le vaccin. «Renforcer les anticipations de réduction du soutien monétaire au moment où la situation sanitaire se détériore ne serait pas une bonne chose, juge Derek Halpenny, stratégiste chez MFUG. Une attitude prudente aurait plus de sens.»
Le marché obligataire intègre déjà que la croissance a atteint son pic et l’incertitude liée au variant Delta. Certains indicateurs, dont la consommation, montrant un essoufflement aux Etats-Unis, tandis que l’inflation semble avoir atteint un pic. «Cette série de données plus faibles incitera probablement la Fed à adopter une approche plus prudente quant au calendrier et à la vitesse des plans de réduction, ce qui maintiendra les rendements des Treasuries bas», estiment Brian Smedley et Matt Bush, économistes chez Guggenheim Investments. Plus que l’annonce du tapering, c’est cette clarification qu’attendent les marchés cette semaine. La crainte d’une erreur de politique monétaire n’étant jamais très loin. Dans son discours, Jerome Powell devrait s’exprimer sur les perspectives économiques, a annoncé la Fed.
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