La Bourse n’a plus la cote chez les banquiers et les assureurs

Après Natixis cet été, CNP Assurances va quitter à son tour la Bourse, vue comme une contrainte plutôt qu’une source de flexibilité financière.
Alexandre Garabedian
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CNP n’avait pas d’avantage majeur à rester en Bourse, explique le président du directoire de La Banque Postale.  -  © Fotolia

Qu’il est loin ce jour d’octobre 1998, première cotation de CNP Assurances à 5,93 euros l’action. C’était la dernière grande vague de privatisations en France. Une décennie durant laquelle l’assureur s’était fait connaître du grand public avec de mémorables spots publicitaires bercés par les valses de Chostakovitch. CNP devrait clore cette parenthèse début 2022, si La Banque Postale parvient à racheter ses actionnaires minoritaires au prix de 21,90 euros par titre. Après Natixis cet été, un deuxième acteur financier s’apprête donc à quitter la cote parisienne, et c’est tout sauf un hasard.

«La cotation n’a pas été le moteur du développement de CNP ces vingt dernières années. CNP n’avait pas d’avantage majeur à rester en Bourse», explique Philippe Heim, le président du directoire de La Banque Postale. Laurent Mignon, patron de BPCE, avait fait le même constat en février en annonçant le projet de retrait de la cote de Natixis.

L’assureur et la banque étaient tous deux des filiales de groupes non cotés, public pour l’un, mutualiste pour l’autre, avec une part minoritaire de leur capital en Bourse, respectivement 21% et 29%. Cette présence n’a de sens que si les actions peuvent servir de monnaie d’échange pour financer des acquisitions. Mais dans la banque traditionnelle comme dans l’assurance, les grands mariages entre acteurs cotés ont quasiment disparu après la crise financière de 2008, qui a laminé les valorisations. Et si CNP s’est permis quelques acquisitions, dont les activités vie d’Aviva en Italie cette année, son modèle de partenariats de distribution ne nécessite pas de fusions. Une fois disparu le principal avantage à la cotation, ne reste que la pression du marché et la contrainte d’une communication financière corsetée.

L’analyse est différente pour la gestion d’actifs, où les unions sont plus fréquentes. Amundi, filiale à 70% du Crédit Agricole, a financé le rachat de l’italien Pioneer grâce à la Bourse. Pour ces mêmes raisons, BPCE envisage de remettre sur le marché les seules activités d’asset management de Natixis, à un horizon encore indéterminé.

Le Crédit Mutuel a également délisté le CIC, en 2017. Une seule grande banque française compte désormais des actionnaires minoritaires en Bourse : Crédit Agricole SA, contrôlé par les caisses régionales du groupe. La cotation lui a permis de financer le rachat du Crédit Lyonnais, il y a dix-huit ans. Une éternité, là aussi.

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