
La BCE relèvera ses taux de 0,25 point en juillet

La réaction sur les marchés de taux ne s’est pas fait attendre. La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi qu’elle cesserait ses achats nets d’actifs au 1er juillet et comptait relever ses taux directeurs de 25 points de base (pb) à l’issue de sa prochaine réunion, prévue le 21 juillet.
A la suite de ces annonces, les taux des obligations souveraines de la zone euro ont bondi, et particulièrement ceux de certains pays périphériques. Après avoir atteint un point haut de 3,72%, le rendement du BTP italien progressait de 22 pb à 3,68% peu avant 17h. Le taux 10 ans espagnol se tendait de 13 pb à 2,61% et les taux grecs de même maturité affichaient une hausse de 17 pb à 4,11%. L'écart entre les taux allemand et italien, très suivis par les marchés s’est élargit de 14 points de base à 225 pb.
Le taux du Bund allemand à 10 ans prenait 8,6 points de base, à 1,435%. De son côté, l’OAT, avec une hausse de 10 pb, a dépassé les 2% pour la première fois depuis 2014.
La BCE a maintenu jeudi le taux des opérations principales de refinancement à 0% et le taux de rémunération des dépôts à -0,5%. L’institution n’a pas relevé ses taux d’intérêt depuis juillet 2011 et le taux de rémunération des dépôts se situe en territoire négatif depuis juin 2014.
Alors que les équipes de la BCE ont sensiblement relevé leurs prévisions d’inflation pour les prochaines années, la banque centrale a indiqué dans un communiqué que les conditions pour une première hausse des taux étaient désormais réunies.
Un défi majeur
«L’inflation élevée constitue un défi majeur pour nous tous. Le conseil des gouverneurs s’assurera que l’inflation retourne vers son objectif de 2% à moyen terme», a indiqué la BCE dans le communiqué publié jeudi.
«Le conseil des gouverneurs a l’intention de relever les taux d’intérêt directeurs de la BCE de 25 points de base lors de sa réunion de politique monétaire de juillet» et une nouvelle fois en septembre, a prévenu l’institution.
L’ampleur de la hausse prévue en septembre dépendra de l'évolution des perspectives d’inflation à moyen terme, a-t-elle précisé, en soulignant qu’un relèvement supérieur à 25 points de base n'était pas exclu si les perspectives d’inflation restaient élevées.
Après septembre, la BCE estime qu’un «rythme graduel mais soutenu» de hausse des taux d’intérêt sera «approprié».
Eviter la fragmentation
La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a indiqué que l’institution pourrait avoir recours à de nouveaux instruments pour éviter toute fragmentation des conditions financières au sein de la zone euro.
«Nous devons nous assurer que notre politique monétaire se transmette à l’ensemble de la zone euro. A cette fin, nous devons être sûr qu’il n’y ait pas de fragmentation qui empêcherait» cette transmission, a déclaré la banquière centrale au cours de la conférence de presse tenue à l’issue de la réunion du conseil des gouverneurs de la banque centrale.
Elle a ajouté que, dans cette optique, l’institution pourrait, si nécessaire, soit déployer «des instruments actuels ajustés» soit «de nouveaux instruments qui seraient rendus disponibles».
Débat sur l’ampleur des hausses de taux à venir
Christine Lagarde, et d’autres responsables de l’institution de Francfort ont préparé les marchés ces dernières semaines à une hausse des taux en juillet, suivie d’une deuxième en septembre, afin de mettre fin à la politique de taux négatifs. Les investisseurs s’interrogent à présent sur l’ampleur des prochaines hausses des taux. Si le chef économiste de la BCE, Philip Lane, a récemment déclaré que des hausses de 25 points de base à chacune des réunions de juillet et septembre constitueraient un «rythme de référence», certains économistes pensent que la BCE pourrait opter dès le mois prochain pour une hausse de 50 points de base afin de freiner l’inflation, qui a atteint le niveau record de 8,1% sur un an en mai dans la zone euro.
La flambée des prix, particulièrement prononcée dans les secteurs de l'énergie et des matières premières en raison de la guerre en Ukraine et des sanctions internationales contre la Russie, pèse sur le pouvoir d’achat des ménages, menaçant ainsi la reprise économique de la zone euro.
La BCE anticipe à présent une inflation de 6,8% en 2022, de 3,5% en 2023 et de 2,1% en 2024. En mars, ses économistes attendaient une inflation de 5,1% cette année, puis de 2,1% en 2023 et de 1,9% en 2024.
L’institution anticipe une croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro de 2,8% en 2022 et de 2,1% en 2023 comme en 2024. En mars dernier, la BCE avait indiqué tabler sur une croissance de 3,7% en 2022, suivie par une hausse de 2,8% du PIB l’an prochain et de 1,6% en 2024.
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A Pau, François Bayrou face à la fronde locale pour les municipales
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Un décret interdit les sachets de nicotine en France à partir de mars 2026
Paris - Dénoncés pour leur toxicité et leur caractère addictif en particulier pour les enfants et adolescents, les sachets, billes et gommes de nicotine seront interdits en France à partir de mars 2026, une «victoire» pour les associations anti-tabac. Le décret d’interdiction, paru au Journal officiel samedi, fait suite au bannissement des cigarettes électroniques jetables, prohibées à la vente depuis fin février, et à l’interdiction de fumer dans les espaces publics comme les jardins et parcs, les plages ou encore aux abords des écoles en vigueur depuis le 1er juillet. Le bannissement des sachets «vise à protéger la santé publique: la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse en raison de ses effets nocifs, et son usage à visée récréative présente un risque d’initiation au tabagisme, notamment chez les jeunes», a justifié à l’AFP le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. La ministre «Catherine Vautrin confirme ainsi son engagement» contre les «risques liés aux addictions», selon cette source. Le gouvernement Barnier avait annoncé à l’automne 2024 son intention de bannir les sachets de nicotine, également appelés pouches, en raison notamment d’un accroissement des intoxications chez les adolescents. Le marché mondial des pouches a été évalué par Global Markets Insights à 6,6 milliards de dollars (5,6 milliards d’euros) pour l’année 2023, et pourrait atteindre 27,4 milliards de dollars (23,4 mds d’euros) en 2032. Apparus récemment, les sachets de nicotine sans tabac renferment, dans un tissu perméable, des fibres de polymères imprégnées de nicotine et d’arômes et se glissent entre la lèvre et la gencive. L’interdiction prise par le gouvernement vise l’ensemble des «produits à usage oral contenant de la nicotine, à l’exception des médicaments et dispositif médicaux». Elle ne s’applique pas aux tabacs à chiquer. «Eldorado financier» Il s’agit notamment des «sachets portions» ou «sachets poreux», «pâte, billes, liquides, gomme à mâcher, pastilles, bandelettes ou toute combinaison de ces formes», énumère le texte. L’Alliance contre le tabac, une fédération d’associations anti-tabac, a salué une «victoire». «Il s’agit d’une mesure cruciale pour protéger les jeunes et contrer les stratégies pernicieuses d’une industrie qui prospère sur le marché de l’addiction, au détriment de la santé publique», a-t-elle estimé dans un communiqué. «Face à la baisse de la consommation de cigarettes dans les pays développés, les sachets de nicotine et les nouveaux produits nicotiniques (tabac chauffé et cigarettes électroniques) constituent le nouvel eldorado financier des cigarettiers», souligne l’organisation pour qui, «loin d’être des outils de sevrage, les sachets de nicotine et leurs dérivés (billes, perles) n’ont pour objectif que d’étendre le marché de l’addiction à la nicotine». Les fabricants British American Tobacco France et Philip Morris France ont dénoncé l’interdiction. Le premier a critiqué une «approche dogmatique, sans débat ni concertation» de la France, qui «prend le risque (...) de priver les fumeurs adultes d’alternatives encadrées» au tabac. Pour le second, «la France s’entête dans une stratégie d’interdiction inefficace». La confédération des buralistes y voit une «victoire annoncée pour les trafics». En novembre 2023, l’Anses avait appelé à une vigilance particulière» sur ces sachets en soulignant que ces produits, comme les billes aromatiques, entraînaient de plus en plus d’intoxications. «Les enfants et adolescents sont les principales victimes», avait constaté l’Agence nationale de sécurité sanitaire. Comme les snus (tabac sous forme de sachet à usage oral interdit à la vente en Europe), les sachets de nicotine «peuvent provoquer des syndromes nicotiniques aigus parfois sévères: vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, hypotension ayant nécessité un remplissage vasculaire», selon l'étude qui précise que la majorité des personnes intoxiquées ont entre 12 et 17 ans. Les billes aromatiques présentent aussi un risque d’accident domestique, en particulier pour les enfants de moins de trois ans qui les ingèrent. Le nombre d’appels au centres anti-poisons concernant ces produits était passé de trois en 2020 à 86 en 2022, selon l’Anses. Boris CAMBRELENG © Agence France-Presse