
La Banque d’Angleterre milite pour une réglementation de l’effet de levier non bancaire

Sarah Breeden, directrice exécutive de la stratégie de stabilité financière et des risques à la Banque d’Angleterre (BoE), a déclaré lundi lors d’une conférence organisée avec les Associations internationales des produits dérivés (Isda) et des hedge funds (Aima) que la communauté financière avait fait trop peu de progrès dans la gestion des risques liés à l’effet de levier en dehors des banques. Et elle a appelé à une réglementation mondiale plus stricte pour empêcher l’accumulation de niveaux d’endettement dangereux.
Après le drame vécu fin septembre outre-Manche sur les fonds de pension britanniques dont la gestion actif-passif (Liability Driven Investment, LDI) reposaient sur des swaps de taux, les régulateurs doivent faire en sorte d’améliorer la transparence sur l’effet de levier de l’ensemble du système financier. «Au-delà de l’amélioration de la transparence, les régulateurs devront réfléchir à la meilleure façon de s’assurer que l’effet de levier est bien géré», a-t-elle ajouté.
Après l’annonce du «mini-budget» britannique le 23 septembre, les fonds de pension LDI, longs en duration et donc couverts sur une baisse des taux pour environ 200 milliards de livres sterling, ont été secoués par la remontée rapide des taux et les appels de marge induits, accentuant les ventes forcées d’obligations souveraines Gilts pour pouvoir y répondre.
Levier caché
Les banques devraient améliorer leurs tests de résistance et exiger des contreparties qu’elles fassent preuve d’une plus grande transparence concernant leur effet de levier caché, a déclaré Sarah Breeden. Les courtiers devraient avoir accès aux données sur l’effet de levier global d’un fonds donné, et non seulement sur la partie à laquelle ils contribuent. Selon elle, il semble que les fonds LDI ont récupéré plus de 40 milliards de livres sterling auprès de leurs souscripteurs, et réalisé plus de 30 milliards de livres sterling de ventes de Gilts au cours des opérations de rachats de la BoE de début octobre, réduisant ainsi considérablement leur effet de levier.
Le Conseil de stabilité financière (FSB) pourrait demander cette semaine de nouvelles mesures permanentes au secteur financier non bancaire et aux fonds LDI en particulier, sous forme de coussins de liquidité plus élevés, a indiqué Reuters la semaine passée. Des stress tests spécifiques seraient également envisagés.
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