
La Banque d’Angleterre devra se passer des détails du budget

Les investisseurs devront patienter deux semaines supplémentaires pour connaître les détails du plan budgétaire que compte mettre en œuvre le gouvernement britannique pour ramener les finances publiques du pays sur une trajectoire plus soutenable. Rishi Sunak, le nouveau Premier ministre, qui veut du temps pour «prendre les bonnes décisions pour l’économie britannique», et son ministre des Finances, Jeremy Hunt, ont reporté au 17 novembre la présentation du budgetà moyen terme. Elle devait initialement avoir lieu lundi 31 octobre.
Ce programme budgétaire devient en outre un budget intermédiaire (Autumn statement). Les marchés attendaient beaucoup de ces annonces après le chaos sur la livre sterling et les emprunts d’Etat britanniques (gilts) provoqué par le mini-budget de Liz Truss, depuis abandonné par Jeremy Hunt, qui a déjà annoncé des réductions de dépenses et des hausses d’impôts pour combler un trou budgétaire. Celui-ci est estimé à 35 milliards de livres, selon des sources gouvernementales citées par Bloomberg qui avance par ailleurs que le Trésor et l’Office of Budget Responsability (OBR) ont listé plus de 100 mesures potentielles pour réduire les dépenses. L’OBR présentera également son évaluation du budget et ses prévisions, notamment de réduction de la dette à moyen terme, le 17 novembre.
Ce décalage n’a pas provoqué de panique dans le marché, la livre poursuivant son appréciation à 1,16 dollar mercredi, un plus haut depuis mi-septembre, tandis que les rendements des gilts s’écartaient modérément.
Moins de pression
Ce report pourrait en revanche être plus problématique pour la Banque d’Angleterre (BoE) qui se réunira jeudi 3 novembre car elle n’aura pas les éléments d’évaluation du budget. L’un des paramètres manquants sera l’impact sur l’inflation de l’arrêt du bouclier énergétique en avril prochain, qui deviendra plus ciblé, au lieu des deux ans initialement prévus par Liz Truss. Le mini-budget avait été présenté le lendemain de la dernière réunion de la BoE, cette dernière n’ayant pu réagir.
Les investisseurs parient néanmoins sur la prudence budgétaire de Rishi Sunak qui a été l’artisan de la hausse du taux de l’impôt sur les sociétés à 25% prévue en avril prochain. «La politique budgétaire est désormais plus restrictive», souligne George Buckley, économiste chez Nomura. La réduction de la prime politique sur les gilts et le rebond de la livre diminuent en outre la pression sur la BoE car le bond des attentes en septembre était justifiée par le fait que la banque devrait relever ses taux pour défendre la livre. «La stabilisation de la livre pourrait être la base d’une certaine révision des taux à la baisse», estiment les économistes d’ING.
Le marché a revu en nette baisse ses anticipations de hausse des taux par la BoE. Même si certains croient toujours à une hausse de 100 points de base (pb), la majorité table sur 75 pb, loin des 150 à 200 pb anticipés en pleine crise sur les Gilts et la livre. George Buckley ajoute que le démarrage du programme de vente de Gilts le 1er novembre pourrait également peser dans la balance.
En revanche, le marché reste sceptique sur la capacité de la trajectoire des taux de la banque centrale. Les swaps de taux anticipent toujours un taux terminal de 5% malgré les mises en garde de Ben Broadband et de Catherine Mann, deux membres de la BoE, indiquant que le marché était trop pessimiste.
Jeremy Hunt a précisé qu’il avait informé Andrew Bailey, le gouverneur de la BoE, de ce report et qu’il garantirait l’indépendance de la banque dans ses décisions sur les taux. Une façon d’oublier un peu plus le fiasco du mini-budget de Liz Truss.
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