
Biodiversité, la finance sans boussole

Si vous n’avez pas aimé les serments intenables des trajectoires d’émissions zéro carbone, vous détesterez les engagements en faveur de la biodiversité. La préservation du vivant, angle mort de la politique environnementale durant des années, n’a fait que récemment son apparition en tête des agendas politiques. Dans l’industrie financière, la thématique émerge tout juste. Et c’est au moment où elle promettait de déboucher sur des actions concrètes que la guerre en Ukraine menace de la renvoyer aux oubliettes.
Pour un investisseur ou un banquier, la biodiversité élève les handicaps de l’approche ESG (environnement, social, gouvernance) à la puissance deux. Les initiatives foisonnent de toutes parts. Bien malin celui qui peut retrouver ses petits entre la TNFD, la CBD, la SNB3, le GRI et le LEAP (sic !), en attendant de voir naître d’autres sigles dont les autorités publiques nationales ou multilatérales ont le secret. Pour mesurer l’impact climatique, les normes de reporting extra-financières sont déjà mouvantes ; dans la biodiversité, impossible de détecter quels seront les standards de demain. La matière est aussi complexe que le vivant. Si réchauffement climatique et extinction des espèces animales et végétales sont liés, leurs interactions se dérobent aux grilles d’analyse simplistes. Certaines industries, grosses émettrices de carbone, auront peu d’effets directs sur les écosystèmes aquatiques ou terrestres, et inversement.
Pour compliquer le tout, les urgences énergétiques et agricoles nées de l’invasion de l’Ukraine forcent l’Europe à de douloureux demi-tours. Alors que point la menace d’une crise alimentaire dans certains pays émergents, la nécessité de nourrir les populations bat en brèche la politique « Farm to Fork » de la Commission européenne, qui vise à diminuer de moitié l’usage des pesticides d’ici à 2030. Peut-être est-ce un mal pour un bien tant ce texte est critiqué par l’argo-industrie. La crise russe a montré que la sortie du nucléaire, colonne vertébrale des mouvements écologistes, crée plus de problèmes économiques et environnementaux qu’elle n’en résout.
Les poteaux indicateurs de la stratégie biodiversité ne sont donc pas encore plantés dans le sol qu’il faut déjà les bouger. C’est d’ailleurs l’ensemble de l’investissement ESG qui est invité à faire son examen de conscience dans cette crise : les valeurs de l’armement ou du pétrole, sans lesquelles la souveraineté du continent est un vain mot, redeviennent soudain fréquentables. Mais cet entre-deux ne pourra durer trop longtemps. La realpolitik ne saurait faire oublier l’enjeu vital que représente la biodiversité.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse