
Mediobanca pousse ses feux dans la gestion de patrimoine


«One brand, one culture». C’est sous cet intitulé que Mediobanca, sous la houlette de son directeur général, Alberto Nagel, a dévoilé, le 24 mai, sa nouvelle feuille de route triennale à horizon 2026. La banque souhaite augmenter ses revenus totaux jusqu’à 6%, pour atteindre 3,8 milliards d’euros sur la période, et vise un bénéfice par action en hausse de 15%, à 1,80 euro. La rentabilité – le ROTE – devrait aussi passer de 12% à 15% d’ici à 2026. L’établissement a également prévu de distribuer 3,7 milliards d’euros à ses actionnaires – 2,7 milliards de dividendes et 1 milliard en rachat d’actions –, ce qui devrait représenter une hausse de 70% par rapport au précédent plan stratégique.
Dans le cadre de cette feuille de route, le crédit à la consommation représentera plus d’un tiers du total des revenus, suivi par la gestion de patrimoine et la banque de financement et d’investissement (BFI). En revanche, la gestion de patrimoine, le wealth management, sera le principal contributeur aux revenus de commissions, avec un taux de croissance organique le plus élevé du groupe (+10% en moyenne par an), et devrait dépasser le milliard d’euros. Pendant des années, Mediobanca a recherché une cible dans la gestion de fortune et étudié une offre de rachat sur Banca Generali. Aujourd’hui, elle se dit prête à tenir la dragée haute à ses principaux concurrents en continuant à se concentrer sur le segment des clients aisés et très aisés, qui représentent 40% de ses actifs financiers, soit deux fois plus en moyenne que chez ses compétiteurs cotés en Bourse : «Nos concurrents domestiques sont bien souvent des BFI mondiales sans focus spécifique sur le marché des mid-cap italiennes, et les gérants manquent de compétences en BFI», juge Francesco Saverio Vinci, responsable des activités de gestion de fortune chez Mediobanca, lors d’un call aux analystes. Or, le terreau est très fertile : «La fortune des foyers italiens a augmenté de 16%, à 4,8 milliards d’euros, depuis 2013, dont près de 60% ne sont pas gérés, poursuit le professionnel, le marché de la banque privée transalpine devrait atteindre 1.100 milliards d’euros à horizon 2024.» Pour soutenir cet effort, Mediobanca envisage d’augmenter de 25% ses effectifs dans la gestion de patrimoine, ce qui portera le total à 1.500 professionnels : 1.350 dans le segment «premier» (+25%) et 170 dans le segment privé (+15%).
Cap sur l’international
La banque d’affaires transalpine a aussi dévoilé ses ambitions dans la BFI, en axant sa stratégie sur l’international. Mediobanca veut augmenter les revenus de la BFI non domestique à 55% du total, contre 40% aujourd’hui, en se concentrant sur le conseil et en réduisant les actifs pondérés en fonction des risques liés à ces activités. «Nous pensons que nos compétences seront le moteur de notre expansion internationale», a expliqué Giuseppe Baldelli, coresponsable de la BFI chez Mediobanca. Outre les axes traditionnels de Mediobanca – institutions financières, industrie, consommation et infrastructure –, la banque d’affaires a également l’intention de renforcer sa couverture dans la tech, à la suite du rachat récent de la société de conseil en technologie britannique Arma Partners, mais aussi dans la transition énergétique et dans le secteur de la santé, «en faisant preuve de sélectivité», précise Giuseppe Baldelli.
Mediobanca estime aussi être en mesure de répliquer le succès de ses activités de conseil (advisory) réalisées en Italie auprès des mid-caps dans d’autres pays européens, à l’image de la France, où elle a racheté 66% du capital de Messier & Associés en 2019, de l’Espagne, mais aussi de l’Allemagne et du Royaume-Uni. L’accent sera également mis sur la création de nouveaux produits et sur le recrutement de talents externes «éthiques, dotés du sens de l’entreprise et en provenance d’horizons différents», selon le responsable de la BFI de Mediobanca. A la Bourse de Milan, l’action de la banque d’affaires était en hausse de 1,57% le 24 mai en milieu d’après-midi.
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