
Marie Dauvergne (BNP Paribas AM) : «Lorsqu’on trouve du sens au travail, on ne regrette pas les heures non passées en famille»

Marie Dauvergne n’aime pas être qualifiée d’«hyperactive». Pourtant, la trentenaire a toujours aimé mener plusieurs choses de front. Comme lorsqu’elle donnait des cours de français à des réfugiés, ou prenait des cours du soir à l’Ecole du Louvre, en dehors de ses heures de travail. Depuis l’arrivée de son petit garçon il y a près d’un an, elle a «ralenti le rythme». Elle doit déjà relever un sacré défi : concilier sa nouvelle vie de maman avec de nouvelles responsabilités professionnelles à la tête d’une équipe de quatre personnes.
Recrutée en juin 2021 comme analyste senior investissements solidaires par BNP Paribas Asset Management, elle se voit proposer le poste de sa responsable un an plus tard lorsque celle-ci quitte la banque. Cette promotion sonne comme une évidence : le reste de l’équipe est composé de juniors, d’anciens alternants formés par BNP Paribas, tandis que Marie Dauvergne dispose d’une expérience de cinq ans à l’extérieur du groupe, chez Inco, une société de gestion où elle a fait ses armes sur la finance à impact.
Une prise de poste et un congé parental
Elle saisit cette opportunité, comme elle l’a toujours fait. «Je n’ai jamais eu de plan de carrière très précis», précise-t-elle. Elle doit tout de même annoncer à son supérieur une nouvelle délicate : elle est enceinte et va donc s’absenter six mois dans cette phase cruciale de prise de poste. «Il a encaissé et s’est montré très compréhensif, bien que mon retour de congé maternité ait été vécu comme un soulagement !», raconte-t-elle. De sa prise de fonction en septembre 2022 à son départ en congé en janvier 2023, Marie Dauvergne vit donc une situation atypique : elle doit prendre en main son poste tout en préparant sa passation.
Elle bénéficie de la convention collective très généreuse des banques françaises, qui lui permet de compléter les 16 semaines légales de congé maternité par un congé parental de 45 jours rémunéré à 100%. Son retour à temps plein en septembre 2023 s’est passé sans accroc. «C’était intense mais j’aurais pu tirer une sonnette d’alarme si j’en avais ressenti le besoin» confie-t-elle. Au quotidien, «c’est une question d’organisation et de partenariat avec mon mari. Le télétravail aide, bien sûr. Cela m’offre de la flexibilité quand mon fils est malade par exemple.»
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Trouver du sens
Marie Dauvergne a aussi la chance de travailler dans un champ où la rentabilité des investissements n’est pas l’objectif premier, ce qui explique sans doute «la bienveillance» de son équipe. Dans ce domaine de la finance à impact, qui commence à peine à se structurer, les femmes ont plutôt eu tendance jusqu’ici à être majoritaires. «Chez Inco, nous travaillions un peu moins que dans un fonds d’investissement traditionnel, et nous étions avant tout motivés par l’impact des projets dans lesquels nous étions investis, ce qui explique que nous étions moins rémunérés», observe Marie. Une différence qui explique peut-être le moindre attrait pour les hommes.
Marie explique, de son côté, avoir fait «le choix du sens». «Lorsqu’on trouve du sens dans son métier, les heures que l’on ne passe pas en famille ne sont jamais regrettées», pointe-t-elle. Diplômée de l’université Paris Dauphine en corporate finance, elle débute sa carrière à 22 ans par des stages en private equity et en M&A corporate, notamment chez Suez. Elle veut alors mettre en pratique sa formation et «apprendre, au maximum». Mais, rapidement, elle qui a hésité à suivre un master en développement durable est rattrapée par l’envie d’autre chose. Après un passage d’un an dans une start-up de e-commerce avec l’Afrique, elle se renseigne sur ce nouveau champ, l’impact investing, et se forme sur le terrain chez Inco. Une façon pour elle d’aligner son travail avec ses valeurs.
A l’avenir, Marie Dauvergne que l’on sent passionnée par son métier aimerait sensibiliser les étudiants à Dauphine à la finance à impact. «Je voudrais dire aux jeunes femmes, comme aux hommes d’ailleurs, qu’il ne faut pas avoir peur de tenter, d’explorer, surtout en début de carrière. Les stages sont faits pour ça, même un CDI on peut le quitter. Faites des rencontres ! Les métiers, même dans la finance, évoluent», conclut-elle.
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Editorial
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