
L’Europe accentue son attention sur la transparence des marchés actions

L’Europe devrait arrêter de se concentrer sur les marchés transparents, comme les marchés réglementés (MR) et les systèmes multilatéraux de négociation (MTF), alors que le trading des actions y est de moins en moins présent. C’est ce qu’a déclaré, en substance, Lynn Challenger, directeur de la négociation chez UBS Asset Management, lors de la conférence TradeTech les 27 et 28 avril. Cet utilisateur «buy-side» a vanté les mérites des internalisateurs systématiques (SI) afin de réduire les coûts d’exécution et l’impact de marché lors de la formation des prixs.
Nés avec la directive MIF 1 (2007), les SI permettaient aux banques et courtiers d’exécuter les ordres de clients face à leur compte propre et non sur les marchés transparents. Ils ont surtout vu leur utilisation exploser - de moins de 2% à plus des 20% des volumes échangés - quand la réglementation MIF 2 (2018) a interdit d’utiliser pour les actions d’autres systèmes internes d’appariement des ordres arbitraires et bilatéraux (brokers crossing networks, BCN). D’après l’Autorité européenne des marchés (Esma), les internalisateurs systématiques – dont les modes de déclarations restent encore assez imprécis – ont représenté plus de 5.800 milliards d’euros d’échanges d’actions (ETF inclus) en Europe sur un total de 28.000 milliards en 2019, pas très loin des MR (6.700) et des MTF (7.300). Avec 36% de parts de marché SI pour Goldman Sachs (2.100 milliards), ce qui en faisait la deuxième plateforme paneuropéenne derrière le MTF Cboe, mais devant les grands marchés réglementés (London Stock Exchange, Xetra-Deutsche Börse, Euronext).
Est-ce un problème ? «Tout dépend des circonstances, nuance David Angel, directeur Europe continentale de Virtu. Nos études de 2020 sur les coûts après transactions (TCA) ont montré un retour des investisseurs vers des stratégies de négociation plus traditionnelles au moment des pics de volatilité comme en mars : ils se sont momentanément éloignés des stratégies plus opportunistes cherchant à traquer la liquidité (implementation shortfall par exemple), avec pour conséquence un recours accru aux marchés transparents.»
Face à une transparence et une efficacité limitées, le régulateur européen avait un moment envisagé de supprimer deux des quatre exemptions à la transparence «pre-trade» existantes dans le cadre de sa révision en cours de MIF 2, pour prix importé ou pour prix négocié, et de ne garder que les exemptions pour ordres de grande taille (LIS) ou pour des processus spécifiques (OMS). «Le régulateur s’inquiète de développements contraires à l’esprit de MIF 2, comme on l’a encore vu récemment dans sa consultation sur les OTF (ex-BCN désormais seulement ouverts aux obligations et aux dérivés, ndlr), rappelle Charlotte Decuyper, consultante chez Redlap Consulting. Il craint une séparation plus floue entre plateformes bilatérales et multilatérales, avec des appariements ‘back-to-back’ sans prise de risques.» Cela pourrait expliquer une moindre efficacité en termes d’amélioration des prix des SI de banques d’investissement par rapport à ceux d’apporteurs de liquidité électroniques à haute fréquence (ELP SI), dont le seul métier est orienté vers cette recherche de liquidité. Lynn Challenger n’a pas relevé ces différences dans son exposé sur les gains théoriques pour le client, même s’il a prévenu des risques accrus «entreposés» sur les bilans au fur et à mesure que les SI gagnent des parts de marché.
Enjeu Brexit
«Pour autant, l’effet du Brexit pourrait changer l’approche réglementaire en Europe : en l’absence d’équivalences, le régulateur britannique (la FCA appuyée par le gouvernement, ndlr) a décidé de nouveaux amendements le 19 avril afin de supprimer de la transposition britannique de MIF 2 l’obligation de négociation sur une plateforme pour les actions (STO) et les plafonds sur la transparence (DVC). Il s’est déjà déclaré favorable aux marchés non transparents jusqu’à un certain niveau. Il sera intéressant de voir quelle sera la réponse du régulateur européen pour s’assurer que les gestions et le financement des entreprises européennes ne se trouvent pas désavantagés, poursuit Charlotte Decuyper. Une solution intermédiaire pourrait être de garder l’exemption pour prix importé au-dessus d’une certaine taille.» En juin dernier, le régulateur français avait, dans cet esprit, suggéré de remonter la taille des «ordres de marché standard» (SMS) qui offrent des avantages spécifiques aux SI en termes de découverte et publication des prix, pour qu’elle converge vers les critères LIS.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse