
Les fonds verts pâlissent à vue d’œil

Le reflux est brutal. Depuis quelques semaines, les gestionnaires d’actifs déclassent en masse leurs fonds les plus durables, dits «article 9» selon la réglementation européenne, pour les reléguer dans la division inférieure des «article 8». Rabattraient-ils leurs ambitions en matière de finance verte ? Leur prudente retraite signe surtout la montée en puissance du risque réglementaire et de la conformité face au marketing agressif des produits ESG.
Entrée en vigueur en mars 2021 en Europe, la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) a offert à l’industrie deux enveloppes dont le potentiel de commercialisation n’a échappé à personne. Les fonds article 9 sont censés être les plus ambitieux en matière d’investissement durable, alors que les fonds article 8 déclarent seulement la prise en compte de certains critères environnementaux ou sociaux dans leur sélection de valeurs. Les gérants se sont engouffrés dans la brèche d’un texte qui laissait une large place à l’interprétation. Ils ont décerné un peu vite le meilleur de ces faux labels à des produits qui excluaient de leurs portefeuilles les entreprises les plus polluantes, mais n’hésitaient pas à financer des secteurs en transition, énergies fossiles incluses, ou peinaient à établir de vrais indicateurs d’impact de leurs investissements. Or, comme son nom l’indique, SFDR traite de l’information présentée aux clients. Les régulateurs ont mis fin au flou artistique en publiant cet été des standards techniques applicables au 1er janvier prochain, bien plus stricts. D’où le rétropédalage des fournisseurs, qui craignent d’être pris la main dans le pot de confiture du greenwashing.
Que des perdants
La cause de l’ESG ne sort pas grandie de l’affaire, et tous ses acteurs y perdent. L’industrie peut à bon droit critiquer l’élaboration des règles européennes sur la finance verte : ambitieuses sur le papier, effroyablement complexes en pratique, constituées de strates de textes dont les versions finales sont d’abord le fruit d’arbitrages politiques, comme en témoigne l’inclusion in extremis, et a posteriori justifiée par la guerre en Ukraine, du nucléaire dans la taxonomie. Les interprétations divergentes des autorités nationales dans l’Union européenne, sans même parler de l’absence de norme à l’échelle mondiale, renforcent l’impression de flottement. Mais les asset managers auraient gagné, dès l’an dernier, à se montrer plus prudents au moment de classer leurs fonds. Ils auraient évité à certains clients de prendre les vessies des affaires courantes pour les lanternes de la transition environnementale. Pour l’investisseur final, cet épisode interroge, une fois de plus, la capacité de la finance verte à délivrer des performances tout en pesant réellement sur les choix des entreprises.
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Yémen : 35 morts et 131 blessés dans des raids israéliens sur les Houthis
Sanaa - L’armée de l’air israélienne a bombardé mercredi des sites des Houthis au Yémen, faisant 35 morts et 131 blessés, ont indiqué ces rebelles, qui contrôlent de larges pans du pays y compris la capitale Sanaa. «Le nombre de martyrs et de blessés parmi les citoyens victimes du crime sioniste perfide est passé à 35 martyrs et 131 blessés», a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé houthi, Anees Alasbahi, sur X, en précisant que ce décompte n'était pas définitif. Il avait dans un premier temps fait état de neuf morts et 118 blessés, et de recherches dans les décombres pour retrouver des disparus. Les raids ont ciblé la capitale Sanaa et la province de Jawf (nord), où Israël a indiqué avoir frappé des «cibles militaires» des Houthis. «Nous continuerons à frapper. Quiconque nous attaque, nous l’atteindrons», a déclaré après ces raids le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. La télévision Al-Massirah, organe des Houthis, a fait état de «martyrs, blessés et plusieurs maisons endommagées dans l’attaque israélienne contre le quartier général de l’Orientation morale», du nom donné aux services de communication des forces rebelles dans la capitale. Un grand panache de fumée grise s’est élevé au-dessus de Sanaa après les frappes, dont le bruit a résonné dans toute la ville, régulièrement attaquée par Israël, ont constaté des journalistes de l’AFP. «Nos défenses aériennes affrontent actuellement des avions israéliens qui lancent une agression contre notre pays», a déclaré dans l’après-midi le porte-parole militaire houthi, Yahya Saree. Tirs vers Israël Selon deux journalistes de l’AFP à Sanaa, un bâtiment utilisé par les forces armées houthies a été touché. Al-Massirah a également fait état de frappes israéliennes contre des bâtiments gouvernementaux à Jawf. L’armée israélienne, qui avait annoncé la veille avoir intercepté un missile tiré du Yémen, a dit avoir frappé des «camps militaires où des membres du régime terroriste avaient été identifiés, le siège des relations publiques militaires des Houthis et un site de stockage de carburant». Sa nouvelle attaque survient trois jours après qu’un tir de drone, revendiqué par les Houthis depuis le Yémen, a blessé un homme en tombant sur l’aéroport de Ramon, dans le sud d’Israël. Le mois dernier, des bombardements israéliens ont tué le Premier ministre et 11 responsables houthis, dans la plus importante opération israélienne contre ces rebelles proches de l’Iran. Depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis ont multiplié les tirs contre Israël et les attaques de navires marchands qui lui sont liés au large du Yémen, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens. En réponse, Israël a mené plusieurs séries de frappes meurtrières au Yémen, visant des ports, des centrales électriques et l’aéroport international de Sanaa. © Agence France-Presse