
Les ETF actifs en actions butent sur la transparence
Alors que les marchés financiers pourraient devenir moins favorables à la gestion passive, plusieurs gestionnaires ont lancé des ETF (exchange-traded funds) gérés activement des deux côtés de l’Atlantique. Aux Etats-Unis, ces ETF actifs se sont développés surtout à partir de 2008 et sur les obligations, avec la contrainte réglementaire d’une transparence quotidienne sur tous les sous-jacents, comme pour les autres ETF. Cela ne posait pas de problème pour des stratégies obligataires par nature plus complexes et peu liquides, jusqu’à l’idée de loger au sein de l’enveloppe ETF, plus facile à distribuer, des gestions actives sur les actions, mais sans transparence quotidienne sur les positions afin de ne pas se faire « arbitrer » par la concurrence.
Seule la société NextShares (filiale d’Eaton Vance) a obtenu une autorisation en ce sens de la Securities and Exchange Commission (SEC), fin 2014, grâce à un mécanisme de valorisation sur la base de la NAV (net asset value) de fin de journée (non connue au moment de l’exécution) et à la seule condition d’appeler le produit ETMF (exchange-traded managed funds ) pour ne pas induire de confusion avec les ETF 100 % transparents. Avec un succès qui tarde à prendre forme, malgré 19 gestionnaires (dont Amundi) ayant obtenu une licence pour utiliser cette structure depuis 2016. « A part trois ‘dealers-brokers’, les autres ont attendu de voir les performances de cette solution pour la distribuer. Nous pouvons désormais montrer qu’elle permet bien de s’exposer plus rapidement, plus simplement et à moindre coût à certaines stratégies, ce qui devrait lancer son développement », explique Stephen Clarke, président de NextShares, rappelant que les ETF présentent un avantage fiscal particulier sur les mutual funds aux Etats-Unis. Les autres structures (au moins 5) proposant des ETF actifs et non transparents attendent une autorisation, insistant sur deux niveaux de transparence possibles : vis-à-vis des market-makers pour qu’ils assurent leur trading intraday et la création/destruction de parts à un prix proche de la NAV grâce à la publication d’informations suffisantes d’une part, vis-à-vis du public d’autre part… mais plus tard.
Moins d’enjeux en Europe ?
Sur le Vieux Continent, nombre d’ETF actifs sont apparus depuis trois ans, le plus souvent sur des stratégies fixed income, et sans obligation spécifique autre que celles imposées aux ETF Ucits traditionnels : prospectus, informations régulières… Seul régulateur à se prononcer sur le sujet, la Banque centrale irlandaise (CBI) avait imposé, fin 2016, que les informations soient fournies quotidiennement sur tous les actifs en portefeuille, au-delà de telles obligations formulées par quelques Bourses (Euronext sur tous les ETF, Borsa Italiana sur les ETF actifs). C’est ce que font des acteurs comme Invesco pour 6 stratégies fixed income, ou encore JPMorgan AM pour 3 stratégies obligations et 3 stratégies actions, le matin sur leur site internet avant l’ouverture des marchés. Sans la crainte d’arbitrages possibles ? « Nous avons lancé ces ETF actifs sur des stratégies actions Research Enhance Index avec un filtre ESG mais qui, du coup, couvrent beaucoup de valeurs (700 pour les actions monde, 300 pour les actions US, 120 pour les actions Europe), ce qui les rend très difficiles à arbitrer, beaucoup plus que des stratégies Ucits avec 20 ou 30 lignes », développe Olivier Paquier, responsable de la distribution d’ETF pour l’Europe chez JPMorgan AM. Au-delà du fait que le format ETF européen ne présente pas l’avantage fiscal de son homologue américain, « toutes les stratégies actives n’y seront pas forcément adaptées, mais il y a une tendance, ce qui a relancé le débat via un ‘discussion paper’ du régulateur irlandais en octobre 2017 », note Thibaud de Cherisey, directeur de la distribution ETF Europe pour Invesco. Tout en rappelant la nécessité de permettre aux investisseurs de pouvoir apprécier l’exposition réelle, la CBI admettait finalement la possibilité d’approches alternatives à une transparence totale sur le portefeuille pour ces ETF gérés activement.

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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse