
Les banques françaises vont devoir rassurer sur leurs plans stratégiques

L’annonce des résultats du troisième trimestre des banques françaises pourrait se transformer en bilan d’étape. Un an après la présentation de leur feuille de route pour 2020, en novembre 2017, la Société Générale et Natixis n’ont plus que deux années pour atteindre leurs objectifs. BNP Paribas, qui ouvre le bal des résultats demain, dispose du même délai après avoir dévoilé sa stratégie au printemps 2017. Seul Crédit Agricole SA (CASA), sorti du bois un an plus tôt, s’est fixé une date-butoir en 2019.
La filiale cotée de la banque verte semble aussi la plus avancée aux yeux des analystes. «Nous anticipons qu’elle va atteindre ses objectifs 2019», écrit RBC dans une note récente. «BNP Paribas et la Société Générale parlent tous deux d’un démarrage réussi de leurs plans stratégiques», mais les analystes de la banque canadienne doutent qu’ils arrivent à leurs fins. Ce n’est «pas inconcevable pour BNP mais presque impossible pour la Société Générale», ajoutent-ils. Avant de rappeler que le directeur financier de la banque de La Défense a évoqué, fin septembre, de possibles ajustements d’objectifs.
Résultats nets stables
Le consensus établi par FactSet prévoit une hausse des revenus trimestriels de la filiale cotée du Crédit Agricole de 6% en rythme annuel, à 4,85 milliards d’euros, et de 5,2% chez Natixis, à 2,2 milliards, contre une quasi-stagnation chez BNP Paribas et à la Société Générale. En revanche, ces deux dernières pourraient publier un résultat net en légère augmentation, à respectivement 10,4 milliards et 6 milliards d’euros, contre une stabilité chez Natixis à 384 millions, et un petit recul chez CASA, à 1,035 milliard.
CASA se distingue grâce à «une inflexion plus précoce du chiffre d’affaires de la banque de détail en France que chez ses pairs, des baisses de coûts en Italie et une résilience des commissions de la bancassurance et de la gestion d’actifs», pointe Morgan Stanley. Tout comme leurs collègues de RBC, ils prévoient pour le troisième trimestre une hausse de 3% sur un an du produit net bancaire (PNB) de sa banque de détail en France, c’est-à-dire chez LCL. Après avoir davantage souffert que ses pairs, l’enseigne affichait déjà au deuxième trimestre une hausse de 2,1% en rythme annuel. Les caisses régionales, dont les résultats sont visibles au niveau du Groupe Crédit Agricole, avaient progressé de 0,5%.
Toujours affecté par les taux bas, le réseau français de BNP Paribas pourrait de nouveau reculer de 1 à 1,2% et celui de la Société Générale de 2% selon RBC, à 2,9% d’après Morgan Stanley. «BNP Paribas a récemment relevé sa prévision de croissance des revenus pour 2018 de négative-stable à stable voire positive, mais nous nous attendons à ce que cela se produise plutôt au quatrième trimestre», pointe RBC. Dans les enseignes tricolores, «les revenus de commissions pourraient décevoir en raison de la pression sur les prix des banques en ligne et l’attention du gouvernement sur certains frais», pointent les analystes de Deutsche Bank, qui fait référence à la volonté des pouvoirs publics de réduire la manne des frais pour incidents de paiement. Dans ce domaine, BPCE, la maison mère de Natixis, pourrait détailler sa nouvelle politique commerciale après les critiques des associations de consommateurs. Autre point faible, les réductions de coûts du secteur sont «trop faibles» et «trop lentes», estiment les analystes de la première banque allemande.
Vigilance en Italie
Les potentiels relais de croissance traversent eux aussi une période difficile. Dans la banque de détail à l’international, la situation politique en Italie pourrait peser sur CASA et BNP Paribas, qui ont des réseaux d’agences dans le pays. BNP Paribas est aussi exposé à la Turquie et va voir les premiers effets dans ses comptes de la déconsolidation de First Hawaiian Bank, où il a continué de s’alléger après l’introduction en Bourse de sa filiale américaine l’an dernier.
Dans la gestion d’actifs, CASA s’en sort bien, après les bons résultats et la collecte positive de sa filiale Amundi. A l’instar de l’allemand DWS, Natixis pourrait en revanche accuser des sorties nettes de capitaux au troisième trimestre, prévient Morgan Stanley, qui s’appuie sur les chiffres de décollecte des principaux affiliés américains (Loomis Sayles et Harris Associates) et dans les fonds actions à marge élevée.
Reflux du fixed income chez BNP Paribas
Le ralentissement saisonnier, couplé à l’attentisme des investisseurs lié aux risques de guerre commerciale aux Etats-Unis, affecte aussi les activités de banque de financement et d’investissement. Comme dans les banques américaines, le courtage de produits de taux et changes (fixed income) a souffert cet été. Du fait d’un effet de base peu favorable, BNP Paribas, le géant obligataire de la zone euro, pourrait accuser un repli de 20% dans le fixed income selon Morgan Stanley, voire de 31% selon RBC. A l’inverse, ses revenus dans le trading actions sont attendus en hausse de 20% ou 27% par les analystes des deux maisons. Tous métiers confondus, les activités de banque de financement et d’investissement pourraient reculer chez BNP Paribas, et légèrement progresser chez CASA et à la Société Générale.
Cessions d’actifs
Enfin, les groupes français seront questionnés sur leur périmètre. En particulier Natixis dans les paiements, après l’annonce du transfert d’une grande partie de ses financements spécialisés chez BPCE et son intérêt pour une alliance avec Ingenico. La Société Générale est quant à elle donnée vendeuse en Pologne et La Banque Postale souhaiteraient qu’elle lui vende ses parts dans leur coentreprise de crédit à la consommation, selon Les Echos. Enfin BNP Paribas pourrait s’alléger dans l’assureur indien SBI Life.
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