
BPCE illustrerait les dérives de certains frais bancaires

Début septembre, Bercy annonçait un geste de bonne volonté des banques françaises, en amont du Plan pauvreté. Mais le futur plafonnement à 200 euros par an des frais d’incidents réservé aux seuls bénéficiaires dans l’«offre spécifique», un compte low-cost utilisé par 350.000 clients fragiles, ne réglera pas le problème selon le mouvement consumériste. «Le dispositif n’est pas à la hauteur des enjeux» et «l’offre pour les clients fragiles est inadaptée et inefficace à grande échelle», a affirmé hier Fabien Tocqué, coordinateur du pôle Economie, consommation, emploi à l’Unaf (Union nationale des associations familiales).
Au cours d’une conférence de presse, l’association a aussi dénoncé, avec le magazine 60 Millions de consommateurs, de nouvelles «pratiques abusives» dans la facturation et le traitement des clients fragiles, estimés à 8 millions (un quart des Français dépassant leur découvert autorisé chaque mois, selon le site Panorabanques). Les établissements de crédit trouveraient toujours des parades pour préserver la manne de revenus liée aux incidents (chèque sans provision, rejet de prélèvement...), que le magazine avait estimée en 2017 à 6,5 milliards d’euros par an. Face à la baisse des revenus d’intérêt, la tentation est grande de se rattraper sur les commissions.
Ainsi, BPCE a mis en place en novembre 2017 une procédure de traitement des opérations de compte courant, qui se traduit par une hausse potentielle des frais d’incidents, révèlent l’Unaf et 60 Millions, documents internes à l’appui. Les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires facturent une «commission d’intervention» de 8 euros sur toutes les opérations débitrices d’un particulier, dès lors que le compte termine la journée au-delà du découvert autorisé, même s’il n’est pas dans le rouge après chaque opération. En cas de solde positif en fin de journée, les incidents sont effacés, mais cela serait bien moins fréquent. «Notre tarification est légale», assure BPCE à L’Agefi.
Le magazine a constaté des pratiques similaires au Crédit Mutuel. L’Unaf va écrire au gouverneur de la Banque de France pour dénoncer ces pratiques. Elle réclame des contrôles et sanctions et souhaite généraliser le plafond des frais pour incidents à tous les clients. Dans ce paysage, les banques en ligne (qui prélèvent seulement des agios) et les néobanques (souvent sans découvert) tirent leur épingle du jeu. Mais «Compte-Nickel et N26 ont des problèmes de fonctionnement car ils grossissent très vite», pointe Fabien Tocqué.
Plus d'articles du même thème
-
Le taux d’acceptation de l’offre de BBVA sur Sabadell reste une grande inconnue
La banque basque a lancé son offre sur sa rivale catalane. Le suspense va durer jusqu’au 14 octobre prochain, jour de la publication du résultat. -
Le Crédit Agricole CIB transige sur les « CumCum »
La justice entérine l’accord entre le Parquet et la filiale de la banque verte pour solder le litige fiscal lié à l’arbitrage de dividendes. A la clé, une amende de 88,2 millions d’euros. -
Namirial veut acquérir Signaturit pour fonder un acteur européen de la sécurité numérique
A l'heure où l’Europe cherche à construire ses propres champions dans les services de confiance et la sécurité des transactions, cette opération donnera naissance à un groupe solide avec une offre multibriques.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

Xtrackers lance un ETF sur la défense
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
- Mistral AI serait valorisé 12 milliards d’euros par une nouvelle levée de fonds
Contenu de nos partenaires
-
Palais Bourbon : la chute de François Bayrou laisse planer l’ombre d’une nouvelle dissolution
Paris - Journée crépusculaire au palais Bourbon: totalement dénuée de suspense, la chute de François Bayrou a plongé les députés dans la circonspection, attisant lassitude et amertume chez les uns, soulagement chez les autres. Avec en toile de fond, l’ombre tenace d’une nouvelle dissolution. Cette issue, à laquelle pousse Marine Le Pen, a été écartée au moins à court terme par l’Elysée, qui a annoncé lundi soir la nomination rapide d’un nouveau Premier ministre. 194 votes pour, 364 votes contre. En début de soirée, le couperet est tombé, implacable. La donne était jouée d’avance pour François Bayrou, qui devient le premier à perdre un vote de confiance sollicité au Parlement sous la Ve République, après neuf mois en poste. Dans l’hémicycle, un silence se fait au moment de l’annonce du résultat, mais il est de courte durée, rompu par les applaudissements de députés La France insoumise (LFI), debout. François Bayrou reste impassible, et après une accolade à deux de ses ministres, quitte les lieux. Mais malgré le moment historique, le palais Bourbon n’a guère semblé traversé par la solennité: ni les journalistes venus de nombreux pays, ni les invectives des chefs de groupe parlementaire dans l’hémicycle n’ont effacé l’ambiance de fin de règne... Une atmosphère bien éloignée des frissons qui avaient parcouru l’Assemblée nationale lors de la censure du gouvernement Barnier, le 4 décembre 2024. Ainsi le discours de François Bayrou, d’ordinaire enclin à s'épancher, n’aura duré qu’une quarantaine de minutes, sans susciter plus d’agitation que d’ordinaire dans l’hémicycle, sous l’oeil attentif de Jean-Luc Mélenchon et Marine Tondelier, assis dans la tribune des visiteurs. L’ambiance a même parfois pris des airs de drôle de rentrée scolaire, avec des députés ravis de se retrouver après plus d’un mois et demi de suspension des travaux parlementaires. - «Gâchis» - Les mêmes sourires ont accompagné à la mi-journée l’arrivée des Insoumis au palais Bourbon. Pour LFI, c’est «le soulagement» qui prédomine, s’enthousiasme la députée Aurélie Trouvé, non sans appeler au «départ du président de la République». «Cette journée est un crépuscule qui n’en finit pas», se désespère l'écologiste Sabrina Sebaihi, qui souligne elle aussi le «soulagement de repartir d’une page blanche» après «une agonie très longue». Des mines satisfaites se lisent également sur les visages des élus du Rassemblement national (RN): «Nous n’avons qu’une envie, c’est retourner aux urnes», glisse la députée Laure Lavalette. Les troupes de la coalition gouvernementale, elles, oscillent entre rancoeur et lassitude. «Je ne peux pas imaginer qu’il ait pensé que le coup de bluff pouvait passer», s’agace un député Les Républicains (LR). «Il se protège mais il nous met tous dans une espèce de nasse.» Le député Renaissance Jean-René Cazeneuve glisse lui aussi que François Bayrou aurait dû «commencer par la négociation». Et fait part d’"une sensation profonde de tristesse, de gâchis, face aux postures des oppositions». Avec une inquiétude majeure, l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée si le blocage institutionnel persiste. «Quand bien même personne ne le souhaite, on ne peut pas ignorer que cette option existe», affirme une source du groupe Renaissance. «Nous sommes dans une impasse dont personne ne pense que nous soyons la solution», se désole un député du même groupe. «A quoi on sert ?» Dans les couloirs, la valse des candidats à Matignon reprend de plus belle: Catherine Vautrin ? Sébastien Lecornu ? Bernard Cazeneuve ? Olivier Faure ? A moins qu’un profil technique n'émerge, ou qu’un médiateur ne soit nommé pour aboutir à un accord de gouvernement ? Rumeurs pour Matignon, rumeurs de dissolution... L’impuissance en guette certains. «On a l’impression de faire et défaire. Faire et défaire c’est toujours travailler, mais espérons qu’on finisse par faire quelque chose quand même», s’alarme le socialiste Philippe Brun. «On participe un peu aussi à ce manège malgré nous, mais nous sommes obligés de censurer François Bayrou.» «Beaucoup de jeunes députés se posent la question: A quoi on sert ? ", admet son collègue centriste Charles De Courson. «Il faut avoir le cuir épais et savoir gérer le temps», philosophe le plus ancien des députés. Antoine MAIGNAN © Agence France-Presse -
Réseaux sociaux : l’usage excessif chez les jeunes pourrait coûter à la France 2,3 points de PIB d’ici 2060
Paris - Le temps excessif passé sur les réseaux sociaux et certaines plateformes pourrait, en dégradant la santé mentale et les capacités cognitives des enfants, coûter jusqu'à 2,3 points de PIB par an à la France à l’horizon 2060, selon une récente étude. Mis en ligne sur le site de ministère de l’Economie, ces travaux de l'économiste Solal Chardon-Boucaud s’efforcent, au vu d’une analyse des études scientifiques existantes, de chiffrer le coût socio-économique des effets négatifs de «L'économie de l’attention à l'ère du numérique». L’expression désigne le modèle des réseaux sociaux et de certaines plateformes numériques, conçu pour maximiser le temps passé en ligne par leurs utilisateurs, et donc les profits tirés de la publicité et la collecte de données. «Une surexposition aux écrans et l’utilisation de médias sociaux peuvent être associées à une détérioration de la qualité du sommeil et à une plus forte prévalence de troubles psychologiques» -dépression, anxiété, stress chronique-, aux impacts économiques déjà observables, rappelle l'étude. Ils proviennent «d’un effet direct lié à la sollicitation numérique -génération d’hormones du stress- et des fonctionnalités de certains outils, comme les comparaisons sociales sur les réseaux sociaux», résume-t-elle. Selon l’Insee, 57% des moins de 20 ans déclarent ainsi ressentir au moins l’un des effets néfastes des écrans (réduction du temps de sommeil...). Cet impact sur la santé mentale, additionné à la perte de temps productif liée aux usages numériques (interruptions fréquentes, exécution ralentie...), coûterait déjà aujourd’hui «0,6 point de PIB», estime l'économiste. Cela pourrait grimper à 2,3 points de PIB par an en diminuant, à l’horizon 2060, la productivité française: les enfants aujourd’hui surexposés aux écrans - les 30% des 12-17 ans qui passent plus de 35 heures par semaine devant un écran, selon le Crédoc - entreront alors sur le marché du travail. Nombre d'études montrent déjà qu’une «forte exposition aux écrans dès le plus jeune âge, et en particulier l’utilisation des réseaux sociaux et du smartphone, a un impact particulièrement fort sur les capacités d’attention, de mémorisation et les compétences langagières», rappelle l’expert. Les élèves utilisant «le smartphone à l'école plus de 3 heures par jour ont des scores en mathématiques entre 30 et 50 points inférieurs» à ceux l’utilisant moins de 2h quotidiennes, selon l'étude PISA 2022, relève-t-elle. Et les effets potentiels de l’IA générative ne sont pas encore intégrés: en demandant un effort moindre, son utilisation pourrait à long terme entraîner une «dette cognitive» (esprit critique et créativité moindres), selon une étude. © Agence France-Presse -
Vote de défiance
Bayrou chute, au suivant...
Aucun responsable politique ne s’est arrêté pour regarder François Bayrou tomber. Le moment, bien qu’historique, ne compte pour rien dans la course à Matignon. L’extraordinaire est devenu banal