
Les assureurs européens prennent la vague

Au sein du compartiment des financières, les assureurs européens ne laissent pas toute la lumière aux banques en matière de rachats d’actions. Ils misent sur cette méthode pour redistribuer des richesses à leur actionnaires.
Axa a par exemple annoncé, lors de ses comptes annuels 2022, un nouveau programme, débuté le 27 février 2023 et qui se terminera au plus tard le 16 mai 2023. «Notre modèle repose sur une gestion stricte du capital, et nous restons déterminés à générer de la valeur pour nos actionnaires. Compte tenu de notre très bonne performance en 2022 et de la solidité de notre bilan, le conseil d’administration propose aux actionnaires un dividende de 1,70 euro par action, en hausse de 10%, et a de nouveau approuvé le lancement d’un programme de rachat d’actions pour un montant maximal de 1,1 milliard d’euros», a déclaré Thomas Buberl, directeur général d’Axa.
Le groupe d’assurance français n’est pas le seul à avoir fait une telle annonce lors de la publication de ses résultats. Aviva, qui a vu son bénéfice opérationnel bondir de 35% à 2,2 milliards de livres, a aussi annoncé un programme de 300 millions de livres.
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Allianz et Generali ne sont pas étrangers à cette pratique. Certes, les analystes et actionnaires du groupe d’assurance allemand lui ont tenu rigueur de l’absence de plan lors de la publication de ses résultats. Mais, le dernier programme de rachats d’action d’Allianz est encore cours après avoir été lancé en novembre 2022.
L’assureur munichois, qui tente de sortir la tête haute du scandale de ses fonds structurés Alpha, avait déjà déboursé plus de 500 millions d’euros début février 2023 et mettra sur la table jusqu’à un milliard d’euros au total.
Generali, de son côté, a sauté le pas pour la première fois en quinze ans en 2022 avec un plan de 500 millions d’euros. Début 2023, l’assureur italien a d’ailleurs confirmé compter sur cet outil de redistribution en annonçant un nouveau programme qui prévoit le rachat d’un maximum de 10,5 millions d’actions pour une contre-valeur totale ne dépassant pas 210 millions d’euros.
Plans stratégiques
Les assureurs ancrent, plus globalement, les rachats d’actions dans leur stratégie. Axa mise par exemple sur la pratique pour contrer la dilution potentielle sur son bénéfice par action entraînée par la vente de certains actifs dans des marchés jugés non prioritaires.
L’assureur français a d’ores et déjà prévenu que le programme de 1,1 milliard d’euros annoncé lors des résultats «sera effectué en complément de toute autre opération éventuelle de rachat d’actions qui pourrait être lancée par Axa, incluant le rachat d’actions relatif à la cession d’un portefeuille d’assurances vie et retraite en ‘run-off’ en Allemagne qui sera réalisé après la clôture de l’opération». Cela devrait aboutir à un nouveau programme de plus de 200 millions d’euros en début d’année prochaine.
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Les compagnies misent sur cet outil pour convaincre les investisseurs. Amanda Blanc, directrice générale de Aviva, a ainsi entendu les critiques du fonds activiste suédois Cevian en 2021 et promis depuis des rachats réguliers et durables pour remonter plus de richesse à ses actionnaires.
En Italie, Philippe Donnet, directeur général de Generali, a aussi renoué avec les rachats d’actions après une guerre de gouvernance qui l’a vu dévoiler un plan stratégique prévoyant de distribuer entre 5,2 et 5,6 milliards d’euros aux actionnaires d’ici à 2024. Dans l’assurance, l’inflation des sinistres n’a d'égale que l’inflation des politiques de redistribution aux actionnaires.
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