La grêle de 2022 en France marque une nouvelle ère pour le secteur de l’assurance

Il faudrait désormais compter moins de 10 ans entre deux tempêtes de grêle au coût supérieur à 600 millions d’euros, contre plus de 20 ans précédemment.
Bertrand De Meyer
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Les orages et tempêtes de grêle en France représentent déjà le deuxième sinistre le plus coûteux depuis le début de l’année pour le réassureur Scor,  -  Photo de grêlons par Assy-Pixabay.

Le constat interpelle. Dans un billet de blog publié mardi, Tamara Soyka, qui dirige le segment des catastrophes naturelles pour le réassureur Swiss Re en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique, estime que « l'évaluation du risque d’assurance et la tarification de la grêle doivent être ajustées pour aider à retrouver la durabilité à long terme ». En cause, les nombreux sinistresde ce type qui ont touché l’Hexagone en 2022. France Assureurs estime à 5,2 milliards d’euros l’ensemble des sinistres causés par les intempéries, et en particulier la grêle, qui ont traversé la France entre janvier et août 2022.

«En termes d'événement, les tempêtes de la Pentecôte en 2014 (ou Ela) constituaient auparavant la principale référence du secteur. C'était l'événement de grêle le plus coûteux pour la France avant 2022, avec une perte matérielle d’environ 600-700 millions d’euros (ajustée aux valeurs de 2022). La période de retour sur le marché d’une tempête comme Ela était généralement supposée être comprise entre 20 et 50 ans. Cette année, Qiara et Maya (deux tempêtes qui ont touché la France en juin, ndlr) ont toutes les deux dépassé la perte d’Ela, ce qui exige un réexamen des hypothèses de période de rendement événementiel dans le secteur », explique Tamara Soyka.

Selon elle, la période de retour de telles tempêtes à un niveau de perte de 600-700 millions d’euros sur le marché français serait désormais inférieure à 10 ans. « Les événements de 2022 ont permis d'établir que le risque de grêle en Europe s’est considérablement modifié au cours de la dernière décennie. En ce sens, 2022 a apporté plus de certitude, en termes de ce que le marché devrait envisager », conclut-elle. A l’horizon donc, de fortes hausses des tarifs de réassurance, déjà annoncées depuis les Rendez-Vous de Septembre à Monaco.

Outre les conséquences du changement climatique, qui augmente la fréquence de ces tempêtes dites convectives et les intensifie, c’est surtout l’inflation et la croissance économique, par l’urbanisation et l’augmentation de la superficie des terrains bâtis, qui tirent vers le haut le coût de ces sinistres. Selon une étude de France Assureurs, le coût des tempêtes en France pourrait croître de 46% à 46 milliards d’euros entre 2020 et 2050 par rapport à la période 1989-2019. Après l’ouragan Ida, les orages et tempêtes de grêle en France représentent déjà le deuxième sinistre le plus coûteux depuis le début de l’année pour le réassureur français Scor, à 166 millions d’euros.

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