
La CDC et les assureurs relancent les fonds Novo avec un milliard d’euros

L’appel du pied de la Caisse des Dépôts (CDC) sera suivi d’effet. Pour «remuscler notre économie» après la crise sanitaire, son directeur général Eric Lombard ne cachait pas réfléchir «avec l’ensemble des investisseurs institutionnels» à des solutions de financement pour les entreprises, et en particulier les acteurs de la santé, lors de ses résultats annuels le 8 avril. En fin de semaine, le projet était quasiment ficelé. L’institution publique va réactiver, au côté de grands assureurs français, les fonds Nova, Novo et Novi créés entre 2012 et 2015 pour financer, en fonds propres ou en dette, des PME et ETI cotées et non-cotées.
«Les assureurs souhaitent apporter au moins un milliard d’euros à ces fonds de Place, en rechargeant les fonds existants et en créant un nouveau compartiment dédié à la santé», explique Antoine Lissowski, directeur général de CNP Assurances. La compagnie, filiale historique de la CDC passée le mois dernier dans le giron de La Banque Postale (elle-même contrôlée par la Caisse), compte s’engager à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros. La Caisse elle-même investira dans le projet. «Nous apporterons 100 millions d’euros et nous espérons mobiliser bien plus d’un milliard d’euros en associant au moins 10 assureurs français, complète Olivier Mareuse, directeur des gestions d’actifs de la CDC. Comme pour les précédents fonds, nous souhaitons aussi que d’autres investisseurs institutionnels nous rejoignent, notamment des fonds de retraite». Dans le passé, le Fonds de réserve pour les retraites et l’Erafp avaient répondu présent.
Affichage conjoint
Certes, les assureurs n’ont pas attendu cette initiative conjointe pour remettre leur bilan au travail, après le krach boursier du mois de mars. Mais «ces véhicules de coopération vont créer un effet d’entraînement et permettre de mutualiser le travail des équipes d’investissement», argue Antoine Lissowski. Le projet participe aussi à l’affichage d’une profession critiquée par le gouvernement, qui l’appelle à des «efforts supplémentaires» face à la crise engendrée par le Covid-19.
Les parties prenantes souhaitent réactiver au plus vite les fonds de la gamme Novo pour signer les premiers investissements avant l’été. «Nous allons nous appuyer sur les structures existantes pour permettre un déploiement rapide des fonds», pointe Olivier Mareuse. Les équipes d’investissement des différentes maisons planchent déjà sur le cahier des charges, qui devrait être assez similaire à celui des précédentes générations. Pour tenir compte des besoins de capital des entreprises en sortie de crise, les nouveaux fonds pourraient être davantage tournés vers l’investissement en fonds propres que leurs prédécesseurs, qui intervenaient majoritairement en dette. Avec une nouveauté notable : «nous allons élargir la liste des gestionnaires d’actifs pour donner plus de choix aux compagnies d’assurance, avance Antoine Lissowski. Plutôt qu’un appel d’offres, la CDC et les assureurs lanceront une consultation des parties prenantes, pour gagner du temps.»
Relocalisations en France
La gamme comptera aussi un quatrième fonds, dédié à la santé. La Place souhaite notamment favoriser des relocalisations d’entreprises sur le territoire national. «Dans ce secteur, nous allons privilégier les investissements de long terme dans les capacités de production qui sont insuffisantes en France (masques, respirateurs, médicaments), mais aussi dans les laboratoires et start-up du secteur, et dans les infrastructures et équipements», déclare le patron de CNP Assurances. Le véhicule dédié à la santé pourrait compter plusieurs compartiments dédiés aux sociétés cotées, au non-coté, voire aux infrastructures.
Depuis leur création, les fonds «Nov-» ont reçu plus de 2 milliards d’euros d’engagements. «Presque tout a été investi. Un dernier rechargement de Novo a eu lieu en 2018», relève Olivier Mareuse. Les véhicules de dette Novo (environ 1,5 milliard d’euros) sont gérés par BNP Paribas AM et Tikehau IM. Les fonds d’actions cotées Nova (160 millions d’euros) ont été confiés à CM-CIC AM et Amiral Gestion, et les stratégies mixtes Novi (300 millions d’euros) à Idinvest allié à Oddo AM et à Tikehau… allié à la Financière de l’Echiquier.
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Fitch hésite à dégrader la note de la France, menacée de passer en catégorie inférieure
Paris - Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d’en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise. Fitch ouvre le bal des revues d’automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette «haute ou bonne»), avec, pour certaines comme Fitch, une «perspective négative». Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité «moyenne supérieure»), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d’autant les remboursements de cette dette. Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, une dégradation serait «logique». D’abord parce que la situation politique n’aide pas à mettre en œuvre «un plan crédible d’assainissement budgétaire», comme Fitch l’exigeait en mars. Mais aussi pour effacer «une incohérence» : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu’ils ont - à très peu d’exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024. Coup d’envoi Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l’espoir d’un budget 2026 présenté en temps et heure. Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi «plausible» que Fitch «attende davantage de visibilité politique» pour agir. D’autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n’ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que «la croissance résiste». L’Insee a même annoncé jeudi qu’en dépit du «manque de confiance» généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année. Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l’institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, «donne rarement le coup d’envoi» des dégradations. Mais il estime «très probable» que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre. Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l’an prochain, contre les 4,6% qu’espérait François Bayrou. Les économistes affirment cependant qu’une dégradation ne troublerait pas les marchés, «qui l’ont déjà intégrée», relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade. Syndrome La dette française s’y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l’espace d’une journée, mardi, le taux de la dette italienne. Les marchés donnent déjà à la France une «notation implicite» bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie. Il craint des taux qui resteraient «durablement très élevés», provoquant «un étranglement progressif», avec des intérêts à rembourser captant «une part significative de la dépense publique, alors qu’on a des besoins considérables sur d’autres postes». L'économiste décrit une France en proie au «syndrome du mauvais élève». «Lorsqu’on avait 20/20», explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu’a toujours l’Allemagne - «on faisait tout pour s’y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu’on est au-dessus de la moyenne, c’est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!», dit-il à l’AFP. Pour autant, même abaissée à A+, «la dette française resterait de très bonne qualité», relativise M. Camatte, préférant souligner «la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine». Odile DUPERRY © Agence France-Presse -
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