
Heureux comme un banquier en Italie

Qu’il est loin le temps où la crise de la zone euro envoyait les banques italiennes au tapis. Alors que leurs concurrents français ont signé une fin d’année sans relief, à l’image de BNP Paribas et du Crédit Agricole, les banquiers transalpins font tourner la pompe à profits pour le plus grand bonheur de leurs actionnaires. Dans un pays où les hausses de taux ont été mieux répercutées auprès des emprunteurs que des épargnants, les revenus et les résultats s’envolent.
UniCredit symbolise ce redressement. Au bord de la faillite il y a huit ans, la banque a nettoyé son bilan et se permet désormais de reverser 100% de ses profits de l’exercice écoulé, 8,6 milliards d’euros, sous forme de dividendes et de rachats d’actions. Elle promet encore de redistribuer 90% du résultat net ajusté de 2024. Son ambitieux directeur général, Andrea Orcel, a trouvé la martingale boursière. Depuis sa nomination en avril 2021, le cours de l’action a été multiplié par 3,4.
L’autre poids lourd transalpin, Intesa Sanpaolo, n’est pas en reste. Performance rarissime chez les banques de la zone euro, il se paie en Bourse presque une fois son actif net, le triple de la Société Générale. Même la vénérable Monte dei Paschi, nationalisée pour éviter la faillite, annonce la reprise du versement du dividende après treize ans de disette.
La mansuétude du superviseur bancaire local devant ces accès de générosité peut surprendre, tant les banques italiennes ont longtemps été jugées sous-capitalisées. Que le niveau d’endettement de l’Italie vienne à nouveau à inquiéter les marchés, que les impayés remontent, et le vent pourrait vite tourner pour le secteur financier. Le risque politique ne disparaît jamais vraiment à Rome, comme l’a rappelé au cœur de l’été la menace d’une taxe sur les profits bancaires, finalement édulcorée. Mais pour les prêteurs de la Péninsule et leurs actionnaires, ce qui est pris n’est plus à prendre.
A lire aussi: Les banques, une variable d’ajustement budgétaire toute trouvée
Cet éditorial est également à retrouver dans la chronique hebdomadaire de L’Agefi, «Le cercle des initiés», publiée dans l’Opinion.
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En Alsace, opération nettoyage des "polluants éternels" dans l'eau du robinet
Bartenheim - Au pied d’un château d’eau du sud de l’Alsace, aux portes de la Suisse, deux grandes citernes bleues tournent à plein régime pour nettoyer l’eau du robinet des «polluants éternels» qu’on y a retrouvés en quantité excessive. Installées par Veolia, les citernes de cette «unité mobile de traitement» sont remplies de charbon actif, une matière qui absorbe les substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS), dits «polluants éternels» car extrêmement difficiles à éliminer une fois dans l’eau ou les sols. Lorsqu’il sera gorgé de ces particules, au bout de quelques mois, le charbon actif devra être incinéré et remplacé. Utilisés dans de nombreux objets (textiles, emballages alimentaires, ustensiles de cuisine, cosmétiques...) pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou leur résistance à la chaleur, les PFAS peuvent avoir des effets délétères sur la santé: augmentation du taux de cholestérol, cancers, effets sur la fertilité et le développement des fœtus... Dans l’agglomération de Saint-Louis, frontalière de Bâle, leur concentration dans l’eau du robinet a dépassé la limite légale de 0,1 microgramme par litre dans 11 communes, où vivent quelque 60.000 personnes. Cette pollution vient majoritairement des mousses anti-incendie utilisées jusqu’en 2016 par les pompiers de l’aéroport de Bâle-Mulhouse, tout proche. «Les résidus de mousses s’infiltraient dans le sol et, vraisemblablement, ont contaminé la nappe souterraine», explique Emmanuel Piernot, directeur général des services techniques à Saint-Louis Agglomération. Levée des restrictions En mai, la consommation d’eau du robinet a été interdite à quelque 3.000 personnes «sensibles": immunodéprimées, femmes enceintes et allaitantes, bébés de moins de deux ans, ont droit à une aide de 80 euros pour leurs achats d’eau en bouteille jusqu'à la fin de l’année. Mais elle ne l’a pas été pour les autres habitants. D’ailleurs, aux points d’eau potable situés sur la place principale de la commune voisine de Bartenheim, aucun message n’informait les potentiels consommateurs de la pollution détectée. Mardi, la préfecture a annoncé la levée des restrictions dans les quatre communes dont l’eau a été traitée, la concentration en PFAS y étant repassée sous le seuil légal. «C’est positif, au sens où le calendrier qui avait été annoncé à la suite de l’arrêté préfectoral est respecté», a déclaré à l’AFP le préfet du Haut-Rhin, Emmanuel Aubry. Les restrictions perdurent cependant dans sept communes pour lesquelles les unités de traitement n’ont pas encore été installées. Elles devraient l'être avant la fin de l’année selon le préfet. «Bruit de fond» Daniel Bettinger habite Blotzheim, commune dont l’eau du robinet a présenté des concentrations en PFAS trois fois supérieures à la limite légale. Cet ancien routier de 69 ans confie à l’AFP qu’il utilise une carafe filtrante, sans savoir si c’est utile contre les PFAS (ça ne l’est pas, indiquent les autorités). Il préfère aussi acheter des bouteilles en plastique quand sa petite-fille est à la maison, malgré leur coût. «On alterne avec les packs d’eau, mais quand on sait ce qu’il y a dans les bouteilles en plastique, est-ce que c’est mieux?», demande-t-il. L’agglomération est la troisième collectivité en France à utiliser ces unités mobiles de Veolia, indique l’entreprise, après Corbas, au sud de Lyon, et Lunel-Viel (Hérault). «On constate de manière globale une généralisation de la contamination aux PFAS. (...) Et donc on a malheureusement dorénavant un bruit de fond de PFAS dans tous les milieux naturels et dans nos territoires», déplore Emmanuel Piernot. Les unités mobiles ne sont qu’une étape: une fois installées les neuf citernes filtrantes dont elle a besoin pour rendre l’eau à nouveau potable partout sur le territoire, l’intercommunalité envisage de construire des usines de traitement plus pérennes. L’ensemble des dépenses liées aux PFAS est chiffré par la collectivité à 20 millions d’euros. «Pour une agglomération de 84.000 habitants, c’est impossible à prendre en charge avec nos recettes actuelles», constate Emmanuel Piernot. L’Etat, l’agence de l’eau Rhin-Meuse et la région Grand Est se sont engagés à en prendre une partie en charge, tout comme l’aéroport. Mais le directeur reconnaît que les usagers vont forcément payer plus cher leur eau à partir de 2027, sans pouvoir dire de combien les tarifs augmenteront. Adrien VICENTE © Agence France-Presse -
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