
UniCredit fait tourner son moteur boursier à plein régime

Andrea Orcel aurait-il découvert le secret de la potion magique chez UniCredit ? Nommé directeur général du groupe en avril 2021, l’ex-banquier d’affaires au caractère tempétueux a une nouvelle fois relevé ses prévisions pour 2023, après la publication d’un résultat net de 2,3 milliards d’euros, supérieur aux attentes, au deuxième trimestre. De quoi alimenter la performance stratosphérique de la banque italienne à la Bourse de Milan.
En un an, l’action UniCredit a multiplié sa valeur par 2,5. Elle s’est encore adjugée mercredi 3,6% en séance mercredi avant de finir quasi stable (+0,3%) à 25,5 euros. L’amélioration du sentiment des investisseurs vis-à-vis de l’Italie, visible aussi dans le rétrécissement du spread entre les emprunts d’Etat italiens et allemands, est loin de tout expliquer. Le groupe applique depuis plusieurs trimestres une recette gagnante en Bourse. Dopés par des taux d’intérêt qui remontent en flèche, ses résultats lui permettent de dégager des milliards d’euros d’excédents de fonds propres, renvoyés ensuite aux actionnaires.
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Objectif relevés pour la deuxième fois en trois mois
Au deuxième trimestre 2023, le produit net bancaire s’est ainsi envolé de 24% sur un an, à 5,94 milliards d’euros, la marge nette d’intérêt bondissant à elle seule de 41% à 3,5 milliards d’euros ! Dans le même temps, ses charges ont légèrement diminué, permettant au coefficient d’exploitation de tomber à 39%. Un niveau exceptionnellement bas pour une banque européenne et qui ferait pâlir de jalousie ses concurrentes françaises.
Forte de ces performances, UniCredit a donc livré un nouvel objectif de résultat net d’au moins 7,25 milliards d’euros pour l’exercice en cours. Elle avait déjà relevé, début mai, cet indicateur à 6,5 milliards. La banque promet aussi de rendre à ses actionnaires au moins 6,5 milliards d’euros sous forme de rachats d’actions et de dividendes, une hausse de 750 millions par rapport à sa précédente promesse. Au total, UniCredit estime qu’elle dégagera cette année de manière organique 300 points de base de capital, rapporté à ses encours pondérés par le risque.
Cette copie presque sans tache comporte malgré tout des points d’interrogation. D’abord, la capacité du groupe à maintenir ce rythme, qui tient avant tout de l’effet d’aubaine, s’agissant des taux, et du rattrapage boursier. Comme la Société Générale, UniCredit se traînait il y a deux ans en queue de peloton des valeurs bancaires européennes. Elle se traite aujourd’hui à plus de 0,7 fois son actif net comptable, un multiple déjà honorable pour le secteur en zone euro.
«La stratégie financière d’Andrea Orcel est claire, faire remonter le cours de l’action dans l’espoir de s’en servir de monnaie d’échange, mais quelle est sa stratégie industrielle ?, s’interroge un investisseur. UniCredit s’est laissé distancer par Intesa Sanpaolo sur le marché italien. Et contrairement à BNP Paribas ou Santander, la banque n’a plus d’usines de production puisqu’elle les a vendues pour reconstituer ses fonds propres du temps de Jean-Pierre Mustier», le prédécesseur d’Andrea Orcel. Au bord du gouffre, le groupe avait notamment cédé son asset manager Pioneer à Amundi en 2016.
Le risque russe
La hausse des taux d’intérêt devrait aussi, en théorie, accroître les difficultés des emprunteurs fragiles. Au premier semestre, le coût du risque d’UniCredit s’est pourtant révélé quasi-nul, à 5 points de base des encours. L’établissement met en avant un taux de couverture des prêts non-performants de 48%, qui exclut 1,8 milliard d’euros de provisions générales (overlays) constituées sur des crédits sains.
Enfin, le groupe reste exposé à la Russie, où sa filiale continue d’engranger les profits : 270 millions d’euros au premier semestre pour un PNB de 535 millions. Au vu du sort récemment réservé à Danone ou Carlsberg, dont Moscou vient de saisir les actifs russes, UniCredit pourrait elle aussi tout perdre. Un risque extrême, dont la banque estime aujourd’hui l’impact maximal net à 3,2 milliards d’euros sur ses fonds propres, soit 41 points de base.
Pas de quoi faire dévier de sa route Andrea Orcel, qui ne se prive pas de prendre sa part des succès récents. Le dirigeant a obtenu cette année une hausse de 30% de sa rémunération fixe à 3,25 millions d’euros, laquelle sert de référence pour le calcul de son bonus plafonné à 200%, au terme d’un processus douloureux qui a conduit au départ de la présidente du comité des rémunérations d’UniCredit.
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