
Comprendre le jargon financier des banquiers

Comme tous les secteurs, le monde de la banque a un vocabulaire bien à lui, parfois hermétique aux non-initiés. Dans certains cas, il se confond avec celui, plus global, de l’industrie financière mais les banquiers utilisent aussi des termes qui leur sont propres.
Tour d’horizon du jargon de la banque, tel qu’il est utilisé dans les rapports financiers du secteur.
Pas de chiffre d’affaires
Premier constat : à la différence de la quasi-totalité des autres secteurs d’activité, les banques ne publient pas de chiffre d’affaires. A la place, elles dévoilent un produit net bancaire (PNB). Un indicateur spécifique est utilisé «en raison de la structure particulière de l’activité d’une banque dont la «matière première» est l’argent lui-même», indique l’ouvrage de référence Vernimmen.
Ce PNB correspond à la différence entre les intérêts, les commissions reçues et les autres produits d’exploitation bancaire d’un côté et les intérêts, les commissions payées, les charges d’exploitation bancaire, majorée des gains nets des pertes sur instruments financiers de l’autre, poursuit le Vernimmen en précisant que cet indicateur ne prend pas en compte les frais généraux d’exploitation (salaires et charges, coûts immobiliers, publicité, etc.), les provisions pour impayés, les éléments non récurrents et les impôts.
Le PNB est souvent considéré comme l’équivalent des «ventes» ou «revenus» des sociétés non financières mais il correspond en réalité plutôt à la valeur ajoutée des entreprises qui se rapproche elle-même plus de la marge brute que du chiffre d’affaires. Cela n’empêche pas de nombreuses banques, notamment étrangères, d’utiliser les termes de «revenus» ou «revenus nets».
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Revenu net d’intérêt et coefficient d’exploitation
Cet indicateur ne doit pas être confondu avec le concept de «revenus nets d’intérêt» (net interest income, NII) très utilisé par les banques anglo saxonnes. Le NII correspond à la différence entre les intérêts reçus par les banques sur les prêts qu’elles ont octroyés et les intérêts qu’elles paient sur les dépôts, les livrets de leurs clients, ou leurs autres sources de financement.
Plus bas dans le compte d’exploitation, si les banques publient, comme la plupart des entreprises, leur résultat opérationnel ou profit net, elles communiquent également sur d’autres valeurs particulièrement scrutées par les investisseurs. Et notamment sur le très mal nommé «coefficient d’exploitation».
Cet indicateur équivaut au rapport entre les charges d’exploitation (frais de personnel, amortissement, charges courantes, etc.) et le produit net bancaire. Le calcul donne un résultat en pourcentage. Plus ce chiffre est faible, plus la banque est efficace, c’est-à-dire moins elle utilise de charges pour générer son PNB. De nombreuses banques ont ainsi des objectifs visant à réduire ce coefficient d’exploitation, telle la Société Générale qui veut le faire passer de 69% en 2024 à moins de 65% cette année. Il existe d’importantes différences entre les banques sur cet indicateur, en fonction de leur efficacité mais aussi de l’importance de la banque de détail dans leur activité.
«C’est une mesure de l’efficacité de la production bancaire», résume Christian de Boissieu, professeur à l’Université Paris I, qui met toutefois en garde contre une volonté de trop faire baisser cet indicateur. «Si la moyenne du secteur est à 60%, l’objectif ne doit pas être de le faire chuter à 40%», estime-t-il.
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Les fonds propres à toutes les sauces
Le retour sur capitaux (Return On Equity, ROE) et le retour sur capitaux tangibles (Return On Tangible Equity, ROTE) sont deux autres indicateurs de rentabilité très employés par les banques. Le premier s’obtient en divisant le résultat net annuel par les fonds propres de la société. Le second est généralement plus élevé car il retire au dénominateur les capitaux propres dits intangibles (survaleurs ou goodwills) qui procèdent de l’écart d’acquisition observé entre la valeur marchande des actifs et le prix déboursé pour les acquérir. Pour Pascal Quiry, professeur à HEC et coauteur du Vernimmen, la mise en avant du ROTE par les banques est toutefois critiquable. Dans un post Linkedin publié en début d’année, il estime qu’il n’y a aucune raison, du point de vue des actionnaires, de retirer les goodwills des capitaux propres pour améliorer artificiellement la rentabilité et recommande aux acteurs de se contenter de publier leur ROE. Une analyse partagée par Christian de Boissieu qui juge que «le ROE est plus intéressant».
La rentabilité des actifs ou «return on assets» (ROA), qui rapporte le profit net aux actifs mobilisés, est également surveillée par les investisseurs. «Pour une banque privée, cet indicateur est très regardé car il permet de mesurer combien rapportent les actifs laissés en gestion par les clients», indique Etienne Barel, directeur général délégué de la Fédération bancaire française (FBF). Ces «actifs sous gestion», ou «asset under management» (AuM) sont particulièrement suivis dans les banques comptant une grosse activité de gestion d’actifs et/ou de fortune, tels, par exemple, Morgan Stanley et UBS.
Moins sujet à débat, le ratio CET1, que toutes les banques doivent publier, ne doit pas tomber sous un certain niveau imposé par la Banque centrale européenne à chaque établissement. Ce «Common equity tier 1», ou ratio agrégé de fonds propres de base de catégorie 1, est calculé en divisant les fonds propres considérés comme étant de haute qualité - qui, eux, excluent forcément les goodwills - par les actifs totaux pondérés par le risque. Autrement dit, plus une banque détient d’actifs risqués, plus elle devra détenir de fonds propres (actions, bénéfices non distribués, réserves) si elle ne veut pas dégrader son ratio CET1.
A fin 2024, ce ratio s’élevait en moyenne à 15,86% au sein des banques supervisées par la BCE. Le CET1 est «le ratio de solvabilité le plus surveillé par les marchés financiers, les agences de notation et les analystes», ajoute Christian de Boissieu tout en précisant qu’il n’inclut que «les fonds propres durs, ce qui exclut les quasi-fonds propres». «Les dettes subordonnées AT1 sont par exemple exclues», complète Etienne Barel.
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Modéliser les risques
La gestion des risques étant au cœur du modèle économique du secteur, les banques publient aussi plusieurs autres indicateurs en lien avec cette caractéristique. Le coût du risque est notamment particulièrement suivi. Il s’agit des pertes que l’établissement de crédit pourrait subir si les prêts qu’il a octroyés ne sont pas entièrement remboursés.
Pour le calculer, il attribue des probabilités de défaut à ses divers emprunts selon différents scénarios. En fonction de sa «qualité», la créance peut être placée dans trois catégories différentes. En «stage 1» (ou «étape» ou «strate»), l’encours est jugé sain et l’éventuelle provision est calculée sur un an. En «stage 2», il est toujours considéré comme sain mais le niveau de risque s’est significativement dégradé et la provision sera calculée sur la durée restante du crédit. Enfin, en «stage 3», le risque est avéré, un évènement de crédit s’étant déjà produit. «En stage 1 et 2, les provisions sont essentiellement calculées de manière statistique alors qu’en stage 3 elles sont liées à des risques avérés, estimés dossier par dossier», précise Etienne Barel. Connaitre le détail entre les trois étapes peut être utile car «le passage d’un dossier en stage 3 entraîne la reprise des provisions qui avaient été passées sur ce même dossier en stage 1 ou 2, ce qui peut fausser la vision globale», estime le directeur général délégué de la FBF.
Les banques ne meurent jamais d’avoir fait des pertes, elles meurent toujours d’une crise de liquidité
Les banques communiquent généralement sur le coût du risque avec un chiffre en points de base (pb) qui correspond au montant estimé en euros divisé par les encours bruts de créances totaux. Par exemple, en 2024, le coût du risque de la Société Générale a atteint 1,53 milliard d’euros pour 590,725 milliards d’euros d’encours bruts de crédits, soit 0,26% ou 26 points de base (pb).
Les banques publient également le montant de leurs créances douteuses, appelées «prêts non performants» ou «non performing loans» (NPL). Selon la réglementation, un prêt «devient non performant quand la banque considère qu’il est improbable que l’emprunteur le rembourse ou en cas de retard de paiement d’au moins 90 jours». Ce montant peut être rapporté aux encours bruts pour donner le taux de créances douteuses. Diviser les créances douteuses par les provisions prises au titre du risque de crédit permet d’obtenir le taux de couverture de ces créances douteuses. Ce taux est généralement inférieur à 100% «car les garanties adossées à certains crédits ne sont pas prises en compte», explique Etienne Barel.
Assurer une liquidité suffisante en cas de crise
La notion de liquidité, au cœur des activités du secteur, est pour sa part abordée par d’autres indicateurs pour le moins techniques. Le liquidity coverage ratio (LCR), ou ratio réglementaire de liquidité court terme, vise ainsi à s’assurer que les banques disposent de suffisamment d’actifs liquides pour couvrir une crise de liquidité sévère. Il est calculé en divisant les liquidités dont dispose l’établissement par ses sorties nettes de trésorerie anticipées sur un mois selon un scénario de tension spécifié.
Ces liquidités sont dites «HQLA» (high quality liquid assets) et correspondent notamment aux réserves déposées en banques centrales et à certains actifs telles que des obligations d’État ou d’entreprises ainsi que des actions faisant partie d’indices boursiers majeurs et auxquelles est appliquée une décote réglementaire.
De son côté, le NSFR (Net Stable Funding Ratio) est un autre ratio de liquidité de plus long terme qui rapporte les ressources de la banque à plus d’un an aux financements qu’elle a octroyés, également à plus d’un an. Comme le LCR, il doit être supérieur à 100%. Cela «limite la capacité pour les banques de faire de la transformation d’échéances, ou du ‘mismatching’, en utilisant des dépôts à court terme pour réaliser des prêts à long terme», indique Christian de Boissieu.
«Le NSFR est un ratio important», estime Etienne Barel qui rappelle que «les banques ne meurent jamais d’avoir fait des pertes, elles meurent toujours d’une crise de liquidité». Il juge toutefois que la réglementation en la matière ne doit pas non plus être trop stricte car la capacité à prêter à long terme grâce à des ressources de court terme est «au cœur du métier de banquier».
Enfin, la taille du bilan des banques est contrôlée par le «ratio de levier» qui rapporte les fonds propres «tier 1» à la totalité des actifs et des éléments hors bilan, indépendamment des niveaux de risque. Cet indicateur est un complément du ratio CET1 et «vise à prendre en compte le risque de levier conditionnel émanant de banques recourant massivement aux produits dérivés, aux opérations de financement sur titres et à des éléments hors bilan», indique la BCE sur son site Internet.
Pour Christian de Boissieu, le ratio de levier est «très mal nommé» car il correspond en fait à l’inverse de l’effet de levier et équivaut à «un ratio de solvabilité non pondéré par les risques». Etienne Barel lui reconnaît toutefois l’avantage de ne retenir aucune exception, ce qui permet d’appréhender l’ensemble des engagements des banques.
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