
Boursorama tient sa revanche face aux banques de détail traditionnelles

Boursorama compte bien faire taire les critiques sur son modèle. Championne de la banque en ligne dans l’Hexagone avec 5 millions de clients, la filiale de la Société Générale a longtemps été pointée du doigt pour sa stratégie de conquête effrénée, qui s’est traduite par des résultats atones depuis 2016 – hormis les deuxième et troisième trimestres 2020 pendant la crise du Covid-19.
Des investissements qui s’avèrent aujourd’hui payants. Après avoir atteint le seuil de rentabilité au premier trimestre 2023, la banque en ligne a dégagé au deuxième trimestre un résultat net de 47 millions d’euros et un retour sur ses capitaux propres (RONE) de 66%, à faire pâlir tous les acteurs de la banque de détail dans l’Hexagone.
Son management, lui, a toujours revendiqué la pertinence de son modèle de banque complète entièrement digitale. «Ces résultats prouvent que le modèle de Boursorama est intrinsèquement rentable, comme nous l’avons toujours dit. Boursorama a été rentable sans interruption de 2003 à 2015, avant que nous décidions d’accélérer notre croissance organique pour accroître nos parts de marché. Nous avons toujours assumé que le coût d’acquisition de la clientèle ne serait pas amorti pendant cette période », rappelle à L’Agefi son directeur général Benoît Grisoni.
Une stratégie validée par sa maison-mère, la Société Générale, qui a l’intention d’en faire un moteur de croissance important. Elle vise un résultat de 200 millions d’euros et un RONE supérieur à 25% pour sa filiale en 2025. Les cibles pourraient même être revues à la hausse lors de la journée investisseurs du 18 septembre, durant laquelle le nouveau directeur général du groupe Slawomir Krupa doit dévoiler sa feuille de route.
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Contrairement à d’autres pure players de la banque en ligne, le modèle de Boursorama ne repose pas uniquement sur la conquête, mais également sur le multi-équipement de la clientèle. «Nous avons conquis 5 millions de clients, contre 700.000 en 2016. Dans le même temps, nos encours (crédits et actifs sous gestion) sont passés de 17 à 70 milliards d’euros. La conquête seule ne suffit pas pour dégager des résultats dans la durée. La banque de détail est un métier de stock, il faut disposer d’une offre diversifiée et solide pour équiper la clientèle.» Banque au quotidien, épargne, produits d’assurance et d’investissements : Boursorama propose une gamme large pour répondre à leurs besoins… et générer des revenus.
Forte collecte de dépôts
La banque en ligne s’est également lancée dans une habile collecte des dépôts depuis la remontée des taux. Depuis janvier, elle a collecté plus de 3 milliards d’euros sur son livret Bourso + et les comptes à terme. Elle a ainsi capté plus d’un euro sur quatre sur la collecte nette totale de dépôts en France entre janvier et juin.
Alors que les banques de détail traditionnelles sont à la peine dans un contexte d’écrasement des marges du crédit immobilier et de renchérissement du coût de l’épargne réglementée, Boursorama tire donc son épingle du jeu au deuxième trimestre. Mais il ne faut pas y voir, selon son directeur général, un simple effet conjoncturel. «Nous n’avons cessé de collecter des dépôts depuis 2016 en lien avec la croissance de la base de clients, et cette stratégie est payante aujourd’hui avec la remontée des taux et la retarification de ces dépôts», explique-t-il. Boursorama est aujourd’hui assise sur 32 milliards d’euros de dépôts, contre 7 milliards en 2016.
La force du modèle repose aussi sur l’efficacité opérationnelle rendue permise par le digital et l’automatisation des process, alors que les coûts représentent le talon d’Achille des banques de réseaux en France. «Notre modèle nécessite des niveaux de frais généraux moins élevés que celui de la banque de détail traditionnelle, ce qui nous permet d’être aussi plus efficace financièrement», conclut Benoît Grisoni.
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