
Boursorama négocie une acquisition stratégique des clients d’ING

Boursorama confirme que tous les moyens sont bons pour gagner des clients. La banque en ligne de la Société Générale a annoncé être entrée en discussion exclusive avec ING «en vue de proposer aux clients particuliers d’ING en France la meilleure solution bancaire alternative». L’accord en question permettrait à Boursorama d’offrir, selon les produits, des offres de bienvenue réservées et une souscription simplifiée pour les clients qui s’orienteraient vers elle. En particulier, aucun frais de transfert ne serait facturé et des offres promotionnelles seraient proposées.
Les deux groupes précisent que l’accord définitif, attendu avant la fin du mois d’avril 2022, «concernerait la banque au quotidien : les comptes à vue et cartes bancaires, les livrets, l’assurance vie et les comptes titres et PEA. «Concernant l’assurance vie, produit pour lequel ING, comme Boursorama, exerce le rôle de courtier auprès de Generali Vie, les termes des contrats, en particulier le maintien des investissements, l’antériorité fiscale et les bénéficiaires désignés, resteront dans tous les cas inchangés», détaillent les banques. En outre, les crédits ne feront pas partie de l’accord. ING continuera à gérer les crédits immobiliers mais le maintien des crédits à la consommation est «à l’étude».
Développement
Les discussions sont stratégiques pour la banque en ligne de la Société Générale. Boursorama, qui compte plus de 3,3 millions de clients à fin décembre 2021 après en avoir acquis 800.000 en un an, vise 4 millions de clients en 2023 et 4,5 millions de clients en 2025. La possibilité d’attirer les clients actifs d’ING en France, estimés à 700.000 sur le marché, est l’occasion d’accélérer encore la dynamique d’acquisition de part de marché. D’autant que sa politique d’acquisition est permise par un système de parrainages et une politique marketing qui pèsent sur la rentabilité du groupe. Boursorama a déjà repoussé à 2024 son objectif de rentabilité. Fin 2020, la banque estimait ainsi que sa conquête de clients s’accompagnerait d’une perte cumulée de 230 millions d’euros d’ici 2023 avant d’atteindre un résultat net d’environ 100 millions d’euros en 2024.
De ce côté, l’accord pourrait pourtant être moins rentable que prévu. Plusieurs sources rapportent que la Société Générale devrait inclure un paiement avoisinant les 100 millions d’euros à ING dans l’accord. «Il est hautement probable que l’investissement soit plus rentable d’un point de vue stratégique et médiatique que financier», résume un fin connaisseur du marché. Celui-ci estime que les clients d’ING visés ne sont pas forcément les plus rentables. «Le fait que les crédits soient exclus laisse penser que l’on fait face à un reliquat d’une politique agressive de montée en volume de clientèle qui n’a pas rendu les objectifs escomptés en termes de rentabilité», considère-t-il. ING s’est d’ailleurs lancé depuis quelques semaines dans un processus de clôture des comptes considérés comme inactifs ou jugés peu rentables. 200.000 comptes pourraient finalement être concernés.
Ce manque de rentabilité explique en partie pourquoi le Crédit Mutuel Arkéa, qui avait aussi déposé une offre, semblait moins actif sur le dossier. «Les deux groupes ont pu avoir la même analyse du portefeuille de clients d’ING et aboutir à des conclusions différentes concernant la conquête de clientèle», décrit notre source. La Société Générale, qui précise toutefois que l’opération aura une conséquence «très limitée» sur son ratio CET1, a entamé une mise à plat de sa banque de détail. Elle comprend notamment la fusion de ses réseaux avec ceux de sa filiale Crédit du Nord et donne une priorité claire au développement de Boursorama. Dans le même temps, le Crédit Mutuel Arkéa, qui indique avoir pris acte de la communication d’ING, entend plutôt développer son statut d’opérateur informatique et d’opérations pour d’autres établissements et n’est pas dans une dynamique d’acquisition de clients à tout prix pour Fortuneo.
Les clients attendent des précisions
Du côté des clients d’ING, l’annonce ne convainc pas vraiment. «La notion de parcours simplifié nous laisse dans le flou et nous interroge d’un point de vue légal. Le mécanisme de mobilité bancaire nous inquiète aussi», rapporte Michel Guillaud, président de France Conso Banque, une association de défense des usagers bancaires. Contrairement à la reprise du réseau de HBSC France par le fonds Cerberus officialisée l’année dernière, le protocole d’accord n’est pas unrachat de portefeuille de clients et suppose donc la fermeture du compte du client chez ING avant l’ouverture d’un compte chez Boursorama. «C’est une perte de temps et d’énergie», pour Michel Guillaud. S’il reconnaît les aspects positifs concernant les comptes titres et l’assurance vie, il s’interroge : «quid des clients qui ne voudront pas aller chez Boursorama ?». Les détails de l’accord seront scrutés.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse