
Suez et Veolia mettent fin aux hostilités pour se rapprocher

Suez et Veolia enterrent la hache de guerre. Les deux groupes de services aux collectivités ont annoncé lundi être parvenus à un accord de principe sur leur rapprochement, mettant ainsi un terme à des mois de tension et faisant grimper leurs titres en Bourse.
« Les deux groupes se sont mis d’accord sur un prix de 20,50 euros par action Suez (coupon attaché) conditionné à la conclusion de l’accord de rapprochement », a ont indiqué les deux entreprises dans un communiqué commun. « Sous réserve de l’obtention d’une attestation d'équité conformément à la réglementation en vigueur, cette offre serait recommandée par le conseil d’administration de Suez lors de la signature des accords définitifs », ont ajouté Suez et Veolia.
Ce prix de 20,50 euros par action représente un surcoût de 1,3 milliard d’euros, a souligné le PDG de Veolia, Antoine Frérot, lors d’une conférence téléphonique. Veolia proposait auparavant un prix de 18 euros par action, aligné sur l’offre faite à Engie à l’automne pour acquérir un bloc de 29,9% de Suez. Antoine Frérot a indiqué que Veolia verserait un complément de prix à Engie de 1,85 euro par action, correspondant à l'écart avec le nouveau prix de 20,5 euros par action diminué du dividende de Suez au titre de 2020.
Sur la base de cet accord, Veolia s’attend désormais à ce que l’opération entraîne une relution de son bénéfice par action de plus de 40% en 2023, contre une précédente estimation de plus de 50%, a également indiqué le dirigeant.
Les investisseurs saluaient lundi matin l’annonce de cet accord. Vers 10h40, l’action Suez grimpait de 8% à 19,92 euros et le titre Veolia gagnait 7,7% à 24,3 euros, dans un marché parisien en légère baisse.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a salué lundi l’accord de rapprochement. « Je me réjouis que Veolia et Suez soient parvenus à un accord à l’amiable, conformément au souhait exprimé par l’Etat depuis le début de cette opération industrielle », a souligné le ministre de l’Economie, dans une déclaration transmise à la presse.
« Cet accord préserve la concurrence [...] entre deux grandes entreprises industrielles nationales dans le traitement de l’eau et des déchets. Il garantit leur bon développement sur les marchés nationaux et internationaux. Il préserve l’emploi », a-t-il ajouté.
Un « nouveau Suez » avec des revenus de 7 milliards
Les deux groupes ont convenu de conclure des accords définitifs de rapprochement d’ici au 14 mai, a précisé Suez.
Selon les éléments présentés lundi par les deux groupes, l’accord permettrait la mise en oeuvre du projet de Veolia de constitution du « champion mondial de la transformation écologique » avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 37 milliards d’euros.
Par ailleurs, un « nouveau Suez » serait créé. Cette entreprise, dont le chiffre d’affaires s'élèverait à environ 7 milliards d’euros, serait constitué des activités de Suez dans l’eau municipale et le déchet solide en France, ainsi que d’activités dans l’eau à l'étranger, notamment en Italie, République tchèque, Afrique, Asie centrale, Inde, Chine, et Australie.
Ce périmètre représente un compromis entre les exigences de Veolia et celles de Suez. Veolia avait proposé de maintenir l’intégralité de Suez France sans y adjoindre d’activité à l'étranger, soit 5,3 milliards de chiffre d’affaires. Pour sa part, Suez souhaitait que son rival cède des actifs totalisant 9,1 milliards d’euros de revenus.
Le capital de ce nouveau Suez sera proposé au fonds Meridiam, à la Caisse des Dépôts ainsi qu’au fonds Ardian et GIP (Global Infrastructure Partners) et aux salariés de Suez, a indiqué Antoine Frérot. Le dirigeant a indiqué que Meridiam et la Caisse des Dépôts devraient détenir conjointement plus de la moitié du capital. Selon une source proche du dossier, Meridiam aurait 40% du capital et la CDC 20%. Le solde serait réparti entre les autres actionnaires.
Les procédures judiciaires suspendues
L’accord de principe entre les deux groupes prévoit la résiliation des accords conclus avec la société australienne Cleanaway portant sur la cession d’actifs de Suez en Australie, ainsi que la suspension de toute autre cession significative. Veolia sera ainsi en mesure d’acquérir « l’ensemble des actifs désignés comme stratégiques dans le projet de note d’information déposé le 8 février dernier auprès de l’Autorité des marchés financiers ».
En outre, l’accord entre Suez et Veolia prévoit la désactivation de la fondation néerlandaise établie par Suez afin d’empêcher la cession de ses activités Eau en France.
Les deux groupes se sont également entendus sur la « suspension des procédures en cours et, lors de la signature des accords définitifs, le désistement de Suez et de Veolia de l’ensemble des contentieux en cours et l’absence d’introduction de nouvelles procédures entre eux ».
Cet accord a été conclu notamment grâce à l’intervention de Gérard Mestrallet, l’ancien président de Suez, en tant que médiateur.
Plus d'articles du même thème
-
L'empire des Berlusconi dans la télévision s'étend avec la reprise de Prosiebensat
MediaForEurope, contrôlé par la famille de feu Silvio Berlusconi, détient plus de 75% du groupe de télévision allemand Prosiebensat après la clôture de son OPA. -
Le vent de la consolidation reprend de la vigueur dans les télécoms espagnoles
Telefonica aurait obtenu l’accord de ses principaux actionnaires pour un rachat de son rival Vodafone en Espagne. -
Puma bondit dans la perspective d’une recomposition de son tour de table
La famille Pinault qui détient 29% du capital via son holding Artemis réfléchit, selon Bloomberg, à un scénario de cession de ses titres.
Sujets d'actualité
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les émetteurs français de dette bravent la crise politique
- L'indice Euro Stoxx 50 va perdre deux représentants de la Bourse de Paris
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
Contenu de nos partenaires
-
Royaume-Uni: la numéro deux du gouvernement démissionne, revers pour Keir Starmer
Londres - Nouveau coup dur pour le gouvernement travailliste de Keir Starmer : sa numéro deux, Angela Rayner, a dû démissionner vendredi, emportée par une controverse après avoir admis avoir sous-payé un impôt lors de l’achat d’un logement. La vice-Première ministre, également ministre du Logement et numéro deux du Labour, s'était signalée au conseiller en éthique du gouvernement, qui a conclu vendredi qu’elle avait «enfreint le code» de conduite ministérielle. La démission de cette femme de 45 ans, issue d’un milieu populaire et qui incarnait l’aile gauche du parti travailliste au sein de l’exécutif, constitue un nouveau revers pour le gouvernement, en difficulté un an après son arrivée au pouvoir et dépassé dans les sondages par le parti anti-immigration de Nigel Farage, Reform UK. Un remaniement plus large est attendu dans la journée. Dans sa lettre de démission adressée à Keir Starmer, Angela Rayner a dit «regretter profondément (sa) décision de ne pas avoir recherché des conseils fiscaux spécialisés supplémentaires», et assumer «l’entière responsabilité de cette erreur». «Compte tenu des conclusions et de l’impact sur ma famille, j’ai donc décidé de démissionner,» a-t-elle poursuivi, après plusieurs jours de controverse et d’intense couverture médiatique. Dans sa lettre acceptant sa démission, Keir Starmer, «très attristé», a assuré à Angela Rayner qu’elle demeurerait «une figure majeure» du parti travailliste. La cheffe de l’opposition conservatrice Kemi Badenoch s’est réjouie sur X qu’Angela Rayner soit «enfin partie», accusant le chef du gouvernement de «faiblesse» pour ne pas avoir agi dès les premières révélations. «Bonne foi» Angela Rayner avait révélé mercredi qu’elle avait payé moins d’impôts que ce qu’elle aurait dû après l’acquisition en mai d’un logement à Hove, station balnéaire du sud de l’Angleterre. Elle a, selon les médias, économisé 40.000 livres sterling (46.050 euros) en retirant son nom des titres de propriété d’un autre bien immobilier, dans sa circonscription du nord du pays. Elle avait vendu ses parts dans la maison familiale après son divorce au profit d’un trust établi pour son fils handicapé. En conséquence, elle a déclaré son nouvel appartement acheté 800.000 livres (922.000 euros) comme sa résidence principale, et non comme logement secondaire - qui aurait été soumis à une imposition supérieure. Or la situation liée au trust ne lui permettait pas de le faire. «Je pensais avoir tout fait correctement», avait assuré Angela Rayner mercredi dans une interview donnée à la chaîne Sky News. «Je suis effondrée parce que j’ai toujours respecté les règles», avait-elle ajouté, très émue. Laurie Magnus, le conseiller d'éthique du gouvernement, a estimé qu’elle avait agi «de bonne foi», mais qu’elle devait être tenue responsable, comme tout contribuable, de ses déclarations fiscales. Souvent prise pour cible par les médias conservateurs, Angela Rayner a quitté l'école sans diplôme et, à 16 ans, est devenue mère célibataire. Elle a découvert le syndicalisme puis la politique après avoir travaillé dans le social, et a gravi les échelons du Labour. Sa démission intervient après un été difficile pour le gouvernement, à la fois impopulaire auprès des électeurs travaillistes et confronté à des divisions internes, dans un contexte budgétaire difficile. Mi-juillet, il avait fait face à une fronde d’un tiers des députés travaillistes s’opposant à sa réforme de la protection sociale, et a été contraint de rétropédaler pour éviter une défaite humiliante au Parlement. Angela Rayner était restée proche de la base du parti, et elle passait parfois pour une possible remplaçante du Premier ministre Keir Starmer en raison de sa popularité. Clara LALANNE © Agence France-Presse -
Accident de funiculaire à Lisbonne : 11 étrangers parmi les 16 morts, dont une française, une enquête en cours
Lisbonne - Onze étrangers figurent parmi les 16 morts recensés après l’impressionnant déraillement d’un funiculaire à Lisbonne, selon le dernier bilan présenté vendredi par les autorités portugaises, qui doivent publier en fin de journée de premiers éléments de l’enquête sur les causes de l’accident. La catastrophe, survenue mercredi en fin d’après-midi dans un quartier très touristique du centre de la capitale portugaise, a coûté la vie à cinq Portugais, trois Britanniques, deux Sud-Coréens, deux Canadiens, une Française, un Suisse, un Américain et un Ukrainien, a détaillé la police judiciaire dans un communiqué. En revanche, aucun Allemand n’est décédé dans l’accident à ce stade, contrairement à une information fournie par les autorités jeudi, mais il y a bien trois blessés originaires de ce pays, dont un enfant de trois ans. L’accident a fait en tout une vingtaine de blessés dont au moins onze étrangers, selon les secours. Parmi les Portugais décédés figuraient quatre employés d’une même institution d’aide sociale dont les bureaux sont situés au sommet de la chaussée parcourue par l’ascenseur. Les débris du funiculaire centenaire qui s’est écrasé contre un bâtiment ont été déblayés dans la nuit de jeudi à vendredi, rendant un semblant de normalité à la rue où la catastrophe a eu lieu. Mais la capitale portugaise restait sous le choc: «Je ne sais pas ce qui m’a le plus impressionné, si c'était de voir le wagon dévaler la chaussée comme un jouet, l’enfant (blessé dans l’accident, ndlr) ou les gens qui ont fini par mourir, certains sous nos yeux», a confié un témoin, Bruno Pereira, au micro de la télévision publique RTP. Inspection quotidienne Les causes précises de l’accident restent inconnues, mais l’agence portugaise enquêtant sur les accidents aériens et ferroviaires doit publier vendredi en fin de journée «une note informative faisant état des premières constatations confirmées» sur le déraillement du funiculaire de la Gloria, avant un rapport préliminaire d’ici un mois et demi, a annoncé son directeur Nelson Oliveira. Interrogé jeudi soir aux côtés de M. Oliveira sur les causes de l’accident, le directeur de la police judiciaire Luis Neves a affirmé qu’aucune piste n'était écartée pour le moment: «Rien n’est exclu. Nous ne pourrons prendre position que quand nous serons sûrs. A ce stade, il faut garder l’esprit ouvert». La principale piste évoquée par les médias locaux concerne l'éventuelle rupture d’un câble de sécurité, qui pourrait être la conséquence d’une possible négligence dans les travaux de maintenance du funiculaire, assurés par un sous-traitant du gestionnaire des transports lisboètes, Carris. «La cause de l’accident a été la rupture d’un câble. C’est un câble qui est en tension durant l’opération, car un wagon en tire l’autre», a estimé un ancien bâtonnier de l’ordre des ingénieurs, Carlos Mineiro Aires sur la télévision nationale SIC. «Quelque chose d’inhabituel s’est passé qui a subitement brisé le câble, et c’est sur ça que doit se focaliser l’enquête», a-t-il ajouté. «On ne peut pas partir de la prémisse que le problème est dans le câble. C’est ce que l’enquête va déterminer», a toutefois assuré le patron de Carris jeudi, défendant aussi à plusieurs reprises le plan de maintenance de ses appareils, «scrupuleusement respecté». La presse portugaise a d’ailleurs publié le rapport de l’inspection quotidienne réalisée le matin du jour du drame, indiquant que le funiculaire présentait «toutes les conditions» nécessaires pour circuler. Selon l’hebdomadaire Expresso, le nombre de passagers empruntant à Lisbonne les trois funiculaires gérés par Carris, très prisés des touristes, a bondi de 53% entre 2022 et 2024, à 1,5 million de voyageurs l’an dernier, avec un coût d’entretien resté stable. D’après les témoins, un des deux wagons jaunes de l’ascenseur de la Gloria -- reliés par un câble en système de contre-poids -- a dévalé cette rue très pentue à toute allure, avant de dérailler au niveau d’un virage et de se fracasser contre un immeuble. Thomas CABRAL © Agence France-Presse -
Tesla propose un plan de rémunération qui rapporterait plus de 1.000 milliards de dollars à Elon Musk
New York - Le conseil d’administration de Tesla a proposé vendredi un plan de rémunération inédit pour son patron Elon Musk, qui pourrait lui rapporter plus de 1.000 milliards de dollars, sous conditions, et renforcer son contrôle sur l’entreprise. Le plan, qui a une durée de dix ans et doit être approuvé par les actionnaires, prévoit d’octroyer des actions à Elon Musk en fonction de la valorisation boursière qu’atteint Tesla, d’après un document publié sur le site du gendarme boursier américain (SEC). Le nombre maximal d’actions qu’il pourrait obtenir correspond à 12% du capital actuel de l’entreprise, mais est conditionné à «une croissance stratosphérique» et une valorisation de 8.500 milliards de dollars en Bourse. Ce niveau de valorisation serait inédit et correspondrait à plus du double de l’actuelle plus grosse capitalisation boursière au monde, le champion américain des puces pour l’intelligence artificielle Nvidia. Tesla, en difficulté depuis plusieurs mois, est valorisé aujourd’hui en Bourse à un peu plus de 1.000 milliards de dollars. Les ventes du constructeur ont souffert ces derniers mois d’une gamme vieillissante et des prises de position politiques de son patron. S’il atteint les objectifs les plus ambitieux, Elon Musk, déjà l’homme le plus riche de la planète, atteindrait un niveau de patrimoine jamais vu dans l’histoire et renforcerait aussi son contrôle au capital de Tesla en portant sa participation autour de 25%. Le conseil d’administration a toutefois fixé plusieurs tranches dans son plan de rémunération. Par exemple, si la capitalisation de Tesla atteint 2.000 milliards de dollars, Elon Musk obtiendra alors une rémunération en actions autour de 20 milliards de dollars. «Retenir» Musk chez Tesla Ce nouveau plan de rémunération a été «conçu pour retenir et inciter» Elon Musk, selon le conseil d’administration. La rémunération d’Elon Musk chez Tesla fait l’objet d’une bataille judiciaire depuis des années. Un précédent plan de rémunération, validé par Tesla en 2018 et estimé à l'époque à 56 milliards de dollars, avait été annulé en janvier 2024 par une juge du Delaware, saisie par un actionnaire. La juge avait en effet considéré que les actionnaires avaient reçu des informations «erronées» et «trompeuses» au sujet du conseil d’administration et du comité de rémunération, en amont de l’assemblée générale au cours de laquelle le plan avait été approuvé. Mi-juin 2024, le plan de rémunération a de nouveau été validé par les actionnaires de Tesla. Avant d'être de nouveau rejeté par la justice du Delaware en décembre l’an dernier. Tesla, qui a fait appel de la décision, a depuis mis en place un comité spécial chargé d'étudier la question. «La rémunération d’Elon Musk continue de se trouver dans un vide juridique malgré deux votes distincts des actionnaires qui l’ont largement soutenue», avait expliqué l’entreprise. En attendant, le constructeur automobile a accordé en août 2025 millions d’actions à Elon Musk pour une valeur d’environ 29 milliards de dollars. © Agence France-Presse