
Le Crédit Agricole affronte la fronde d’actionnaires des caisses régionales
Le bras de fer a commencé entre l’Adam et le Crédit Agricole. Colette Neuville, emblématique présidente de l’Association de défense des actionnaires minoritaires, a rencontré vendredi des représentants du groupe mutualiste, indiquent à L’Agefi plusieurs sources proches du dossier. L’activiste avait sonné la charge quelques jours plus tôt contre le rachat, par les caisses régionales, des 25% de leur capital détenu par Crédit Agricole SA (CASA) sous la forme de certificats coopératifs d’investissement (CCI) et certificats coopératifs d’associés (CCA).
Cetteopération de renforcement des fonds propres de CASA laisse sur le bord de la route les actionnaires minoritaires porteurs de CCI émis par des caisses régionales cotées. Parmi eux, une dizaine de sociétés de gestion sont en discussion avec l’Adam, selon plusieurs sources : Moneta AM, Amiral Gestion, Haas Gestion ou encore Patrival. Elles détiendraient environ 300 millions d’euros de CCI, sur un total de 1,8 milliard en circulation. Le reste est essentiellement aux mains de clients du Crédit Agricole. Les caisses régionales vont racheter à CASA leurs propres titres pour 1,05 fois leur actif net, or « les CCI cotent entre 0,3 fois et 0,45 fois l’actif net », tempête un gérant. Au nom de l’équité, certains porteurs de CCI souhaitent pouvoir vendre leurs titres au multiple retenu par la banque, dans le cadre d’un retrait de cote.
Le groupe mutualiste, lui, attend de l’AMF un non-lieu à offre publique de retrait, au motif qu’il réalise un simple « reclassement interne ». «On ne modifie pas les conditions de marché des porteurs et l’essentiel du capital transféré correspond à des CCA (non cotés, ndlr), même dans les [13] caisses qui ont des CCI», assure une source interne, qui ajoute : « Trois cabinets ont réalisé des attestations d’équité et la décote actuelle des CCI est similaire à celle de toutes les valeurs bancaires. Leur rendement est aussi deux fois supérieur au 1,8% des parts sociales » détenues par les sociétaires des caisses régionales. « Si l’on met nos CCI au même prix que celui offert à CASA, le rendement est inférieur à 2% », corrige le gérant. Outre l’effet « non relutif » de l’opération, qui n’annule pas les titres rachetés, il craint que ses conditions financières entraînent une baisse de 9% à 20% du résultat annuel des caisses (pro forma 2015), donc de leur dividende futur.
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« Sentinelle orientale » : la France déploie des Rafale en Pologne face à la menace des drones russes
Mińsk Mazowiecki - Les deux Rafale français s’envolent au-dessus des zones boisées de la campagne polonaise. Leur mission : intercepter tout drone russe qui franchirait les frontières de l’Otan, dans le cadre de l’opération «sentinelle orientale» déclenchée vendredi par l’Alliance atlantique. Quelques minutes plus tôt, la sonnerie a retenti dans le hangar qui héberge le détachement de 68 militaires français sur la base de Minsk Mazowiecki, à une cinquantaine de kilomètres de Varsovie. Les capitaines Justine et Hugo, dont le patronyme ne peut être dévoilé, s'équipent alors et rejoignent en quelques minutes leur avion, armé de quatre missiles air-air Mica et d’un canon de 30 mm. «L'équipe d’alerte vit sur place, prête à décoller au coup de sifflet», explique le commandant Victor, chef du détachement dépêché par Paris pour participer à cette mission de l’Otan. Celle-ci a été décidée vendredi après l’intrusion en Pologne dans la nuit du 9 au 10 septembre de 19 drones russes à longue portée depuis la Biélorussie et l’Ukraine voisines. Trois de ces drones ont été abattus dans l’espace aérien polonais, une première dans l’histoire de l’Alliance créée en 1949. «Intentionnel ou non, c’est dangereux. Et inacceptable», a justifié le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte en annonçant l’opération destinée à renforcer le flanc oriental de l’Alliance. «Premiers déployés» Des Eurofighter allemands et britanniques, ainsi que des F-16 danois, déployés sur d’autres bases, participent également à «Eastern Sentry». La position de la base de Minsk Mazowiecki rend la contribution des trois Rafale français essentielle, estime le lieutenant-colonel Marcin Boruta, de l’armée de l’air polonaise, car elle est située à 120 kilomètres de la frontière bélarusse et 150 kilomètres de l’Ukraine, et «c’est la base la plus importante à l’Est de Varsovie». Heureux hasard, les trois Rafale étaient déjà en Pologne depuis quelques jours dans le cadre d’un exercice, dit «ACE» de l’Otan, visant à disséminer sur court préavis une force aérienne sur différentes bases. Quelques heures après le lancement d’Eastern Sentry, «on était les premiers déployés, nos avions étaient prêts à prendre l’alerte», selon le capitaine Lucas, navigateur-officier systèmes d’armes sur Rafale. Celle-ci n’a pas tardé : dès samedi, deux Rafale ont eu un «Alpha scramble», un «déclenchement réel», décrypte le capitaine Lucas. Le commandement des opérations aériennes, basé en Allemagne, «nous a demandé d’aller chercher des drones qui avaient été détectés au-dessus des territoires ukrainien et biélorusse en direction de la Pologne». Ces drones n’ont finalement pas franchi la frontière et n’ont donc pas été interceptés. Missile ou obus de canon ? En cas d’intrusion en Pologne de drones Gueran-2 bourrés d’explosifs ou de Gerbera, des drones leurres et d’observation, comme ceux que Moscou lance par centaines quasiment chaque nuit contre l’Ukraine, les avions de chasse de l’Otan ont pour mission de les trouver, de les identifier, de «remonter l’information» et le cas échéant de les détruire. Faut-il neutraliser un drone de quelques dizaines de milliers d’euros avec un missile en coûtant 600.000 ou privilégier les obus de canon, bien moins onéreux? Pour le capitaine Lucas, le coût n’entre pas en ligne de compte. «Ce qui va déterminer, c’est le risque consenti, les passes canon ne sont pas simples et ça va dépendre de la proximité avec le sol», explique-t-il. Face à des drones volant à faible vitesse à quelques centaines de mètres d’altitude, tirer au canon peut s’avérer dangereux à proximité de zones habitées. Outre le message de solidarité entre Etats de l’Otan, l’appartenance des trois Rafale déployés en Pologne aux Forces aériennes stratégiques (FAS), la composante nucléaire aéroportée française, répond à un «choix qui n’est pas anodin», estime Etienne Marcuz, chercheur associé à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS). «Le déploiement des FAS en Pologne crédibilise la parole présidentielle sur la dimension européenne de la dissuasion française en la concrétisant», explique-t-il sur X, alors que le président Emmanuel Macron s’est dit «prêt à engager un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts». Mathieu RABECHAULT © Agence France-Presse