
Luxembourg - Objectif, rester en tête

Petit pays d’à peine plus de 672.000 habitants, le Luxembourg occupe depuis longtemps une place surprenante dans la finance en Europe. Il est en effet le premier centre de banque privée au sein de la zone euro et le deuxième mondial – juste derrière les Etats-Unis – pour les fonds d’investissement. Ce qui a fait son succès dans ce domaine ? La fameuse Sicav luxembourgeoise, produit érigé au rang de référence mondiale pour la distribution internationale de fonds depuis plus de trente ans.
Le Luxembourg a encore été en 2023 le principal domicile des fonds transfrontaliers avec plus de 54 % de parts de marché (en nombre), selon une étude de PwC. Il est suivi – de loin – par l’Irlande (36,4 %) qui grappille tout de même chaque année quelques points à son rival. A titre de comparaison, la France représente à peine le domicile de 3 % des fonds transfrontaliers distribués dans le monde.
Le succès du pays dans ce domaine n’est plus à démontrer. « Le Luxembourg avait anticipé la première réglementation européenne OPCVM dans les années 1980. Tous les grands groupes anglo-saxons mais aussi suisses ont compris l’intérêt de créer un produit d’investissement paneuropéen rapidement. Les acteurs des autres pays ont ensuite suivi », rappelle Nicolas Mackel, directeur de Luxembourg for Finance, une association chargée de promouvoir la place financière du Luxembourg. L’activité de banque privée, propulsée par le secret bancaire et quelques anciens avantages fiscaux par un gouvernement soucieux de trouver de nouveaux relais de croissance à l'économie – qui vivait jusqu’alors essentiellement des mines pour l’acier –, a permis de structurer une économie de la conservation et de l’administration des actifs parmi les plus pointues au monde et les plus internationales en termes de compétences. La Sicav luxembourgeoise n’a fait que compléter et renforcer ces atouts.
A lire aussi: Marco Zwick : «La digitalisation des processus reste une priorité stratégique pour la CSSF»
Inquiétudes pour l’avenir
Pourtant, des voix s’élèvent depuis quelques années pour s’inquiéter de l’avenir. Le pays n’aurait pas profité autant qu’il aurait pu du Brexit. Entre scandale Madoff en 2008 et scandales financiers des Luxleaks sur les montages fiscaux douteux, le pays a subi la pression de Bruxelles mais aussi des Etats-Unis, et a dû revoir des règles relatives au secret bancaire, à la fiscalité et resserrer ses contrôles sur le monde de la finance à tous les niveaux. En France, certains acteurs se plaignent désormais de délais devenus bien plus longs pour obtenir un agrément ou d’un régulateur trop « luxembourgeois » dans l’esprit.

Dans le pays lui-même, des citoyens ont commencé à regarder ce secteur d’un œil hostile alors qu’il emploie énormément d’étrangers. Et les politiques se sont engouffrés dans la brèche, tout en considérant le secteur comme une « vache à lait » qu’il faut plus ou moins préserver selon les partis et tendances.
Plusieurs sociétés financières anglo-saxonnes qui avaient historiquement choisi Londres comme point de chute ont porté leur choix sur l’Irlande ou la France pour continuer à bénéficier du passeport européen pour les produits financiers. Avec des exceptions notables comme dans le private equity avec le géant américain Blackstone.

Le Luxembourg a aussi moins profité que l’Irlande de l’impulsion portée au secteur par la croissance phénoménale des exchange-traded funds (ETF) en Europe grâce à un accord bilatéral de non-imposition des dividendes sur les sociétés américaines. Pourtant, le Luxembourg compte bien continuer la course en tête.
L'éclairage
1- Rattraper le retard sur les ETF
Lors de son discours à la conférence Global Asset Management de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi), Gilles Roth, le ministre des Finances, l’a clairement annoncé. Son objectif est de réduire la taxe d’abonnement, qui correspond à un droit d’enregistrement des fonds, pour les ETF gérés de manière active. Cette réduction pourrait même aller jusqu'à la suppression totale de la taxe afin de s’aligner sur l’Irlande. En outre, « grâce à sa longue expertise dans les fonds gérés activement et la présence de leaders globaux de l’asset management, le Luxembourg devrait bénéficier de bonnes conditions de départ sur ce marché émergent », assure le ministre.
2- Relancer les fonds d’actifs privés
Grâce à l’introduction du Raif, qui a connu un beau succès, le Luxembourg s’est bien positionné comme acteur des fonds sur les actifs privés. « Avec la mise en place de la directive AIFM et de façon plus marquée depuis une dizaine d’années suite à la pression exercée par les investisseurs institutionnels européens, le Luxembourg a su attirer les acteurs du non-coté qui utilisaient davantage auparavant les pays offshore ou l’Etat du Delaware pour la domiciliation de leurs fonds. Aujourd’hui, les grands acteurs, notamment américains, du private equity et de la dette privée utilisent essentiellement le Luxembourg pour établir leurs fonds à distribution globale dans un cadre AIFM », se réjouit Serge Weyland, directeur général de l’Alfi.
Le Grand-Duché, premier domicile d’Eltif en Europe, avec 63 % des actifs domiciliés
Et pour l’avenir qui va désormais tourner autour de la « retailisation » du capital-investissement, le pays compte aussi frapper fort. Par exemple, la taxe d’abonnement ne sera plus due pour les fonds européens d’investissement à long terme (Eltif en anglais) et les produits paneuropéens d'épargne-retraite individuelle (PEPP).
Elément important quand on sait que, selon les chiffres de l’Autorité européenne des marchés financiers (Esma), le Luxembourg est le premier domicile d’Eltif en Europe, avec 63 % des actifs domiciliés.
Côté fonds alternatifs, le capital minimum pour investir est passé de 125.000 euros à 100.000 euros pour un investisseur dit averti. Par cette réforme, le Luxembourg a rejoint le seuil pratiqué sur la plupart des marchés concurrents.
3- Encourager l’innovation
Dans un contexte où le secteur espère beaucoup de la blockchain, le nouveau ministre des Finances l’assure : le Luxembourg est devenu la place où se rendre pour l’émission d’obligations digitales. Le pays a par ailleurs mis en place une loi « pionnière sur la blockchain » et veut aller plus loin en proposant de nouvelles réformes « dans les mois qui viennent ». Un des problèmes du pays était par ailleurs la promotion des start-up locales qui ont du mal à trouver des clients dans le secteur. Cela aussi devrait être résolu. L’Alfi vient de mettre en place un programme sur les start-up innovantes, baptisé Catapult FundTech 360, en partenariat avec The Luxembourg House of Financial Technology (Lofth). Pour sa première édition, près de 36 fintechs avaient candidaté dans des domaines aussi divers que la cybersécurité, la data ESG ou l’intelligence artificielle.
4- Miser sur la finance durable
Le Luxembourg mise sur les actifs réels et privés pour leur impact direct sur l’environnement notamment. Les fonds gérés actuellement avec des critères ESG (environnement, social, gouvernance) représentent 67 % des fonds Ucits luxembourgeois.
Ils comptent...
Gilles Roth
Ministre des Finances du Grand-Duché de Luxembourg
Gilles Roth, 57 ans, avocat et juriste, a été élu député en 2007 du Parti chrétien-social (CSV). Il a été nommé ministre des Finances en novembre 2023 dans le gouvernement de coalition avec le Parti démocratique (DP) de Luc Frieden. Il est aussi bourgmestre dans la commune de Mamer depuis l’an 2000. Par le passé, il a été en charge de la représentation permanente du Luxembourg auprès de l’Union européenne à Bruxelles.
Marco Zwick
Directeur de la CSSF
Nommé par le ministre des Finances en 2018 à la tête de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), Marco Zwick, qui détient un master of business administration de la Sheffield Business School (Hallam University), a occupé diverses fonctions dans le secteur financier comme celles de chef de la fonction compliance de Deutsche Börse et chef des fonctions compliance et risques, Emea, auprès de Schroders, avant de rejoindre RBC Investor & Treasury Services en 2015 en tant que chief compliance officer pour l’Europe, le Royaume-Uni et l’Asie.
Serge Weyland
Directeur général de l’Alfi
Avant de prendre la tête de l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) en novembre 2023, Serge Weyland était directeur général d’Edmond de Rothschild Asset Management (Luxembourg). Il a passé 25 années dans la finance luxembourgeoise avec, par exemple, la couverture régionale Amérique du Nord & Royaume-Uni de Caceis Bank Luxembourg, et la responsabilité des institutions financières à la Banque internationale à Luxembourg (BIL).
Nicolas Mackel
Directeur de Luxembourg for Finance
Nicolas Mackel est un diplomate qui a quitté le corps diplomatique luxembourgeois pour diriger en 2013 Luxembourg for Finance, une organisation chargée de promouvoir la place financière du Grand-Duché, à la demande du gouvernement. Il deviendra ambassadeur du Luxembourg auprès de l’Union européenne le 1er septembre 2024 et sera remplacé par Tom Theobald, qui est depuis 2019 directeur du développement et de la promotion de la place financière au ministère des Finances.
Suivez le guide...
Commission de surveillance du secteur financier (CSSF)
283 route d’Arlon
L-1150 Luxembourg
Tél. : +352 26 2511
Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi)
12 rue Erasme
1468 Kirchberg
Tél. : +352 22 30 261
Luxembourg for Finance
12 rue Erasme
1468 Kirchberg
Tél. : +352 27 20 211
Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA)
12 rue Erasme
1468 Kirchberg
Tél. : +352 28 68 196
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Sydney - Un «grand requin» a tué un surfeur samedi sur une plage populaire de Sydney, a annoncé la police, une attaque mortelle rare qui a entraîné la fermeture de plusieurs plages en Australie. La victime, un habitant de 57 ans, surfait avec cinq ou six amis dans les eaux du Pacifique, au large des plages voisines de Long Reef et Dee Why, au nord de Sydney, ont précisé les autorités. Ce surfeur expérimenté, marié et père d’une jeune fille, a perdu «plusieurs membres», a déclaré le responsable de la police de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, John Duncan, lors d’une conférence de presse. «D’après ce que je comprends, lui et sa planche ont disparu sous l’eau», a-t-il ajouté. «Le corps a été retrouvé flottant dans les vagues» et «la planche du surfeur a été brisée en deux». Deux surfeurs l’ont aperçu dans l’eau et l’ont ramené à terre. «Malheureusement, à ce moment-là, il avait déjà perdu énormément de sang, et les tentatives de réanimation ont échoué», a poursuivi M. Duncan. Des témoins ont vu le squale, a indiqué la police, qui avait évoqué auparavant un «grand requin». Des experts gouvernementaux examineront les restes de la planche et le corps de la victime afin de déterminer l’espèce du requin, a indiqué la police. La plupart des morsures graves en Australie proviennent de grands requins blancs, de requins-bouledogues et de requins-tigres. Des images diffusées par les médias locaux montraient des policiers rassemblés sur le rivage et des ambulances garées à proximité. Les plages situées entre les quartiers nord de Manly et Narrabeen ont été fermées pour au moins 24 heures, a indiqué Surf Life Saving NSW, branche locale d’un réseau de clubs de sauveteurs bénévoles et professionnels. «Terrible tragédie» «Pour le moment, merci de rester hors de l’eau sur les plages environnantes et de suivre les consignes des maîtres-nageurs et sauveteurs», a déclaré le directeur général de l’organisation, Steven Pearce. «Nous adressons nos plus sincères condoléances à la famille de l’homme touchée par cette terrible tragédie». Les clubs de sauvetage voisins ont annulé toutes les activités et entraînements nautiques pour le week-end. Des drones et des sauveteurs sur des jets skis surveillaient les plages à la recherche de la présence de requins. Il s’agit de la première attaque mortelle de requin à Sydney depuis 2022, lorsque Simon Nellist, un moniteur de plongée britannique de 35 ans, avait été tué au large de Little Bay. La précédente attaque fatale dans la ville remontait à 1963. Un surfeur anonyme a déclaré au Sydney Daily Telegraph avoir été témoin des suites de l’attaque : «Quatre ou cinq surfeurs l’ont sorti de l’eau et il semblait qu’une partie importante de la partie inférieure de son corps avait été attaquée», a-t-il dit. Les gens ont été sommés de sortir de l’eau, a-t-il raconté. «Il y avait un sauveteur qui agitait un drapeau rouge. Je ne savais pas ce que cela signifiait... mais j’ai pensé que je devais probablement rentrer à terre». La dernière attaque mortelle en Australie remonte à mars, lorsqu’un surfeur avait été tué au large de la plage isolée de Wharton Beach, en Australie-Occidentale. Depuis 1791, plus de 1.280 incidents impliquant des requins ont été recensés en Australie, dont plus de 250 mortels, selon une base de données sur les rencontres entre ces squales et les humains. David WILLIAMS © Agence France-Presse -
Anthropic règle un litige majeur sur le droit d’auteur en IA avec un accord à 1,5 milliard de dollars
New York - La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi. Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative. «Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur», a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. «C’est le premier de son genre dans l'ère de l’IA». Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction. Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages. «Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation», a indiqué une porte-parole d’Anthropic. Mais «nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux», a-t-elle ajouté. Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage. L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco. «Un début» Cette transaction permet à Anthropic d'éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts. La start-up risquait d'être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même. L’accord «va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative», a fait valoir Justin Nelson, «et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.» De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production. Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils. La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable («fair use» en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle. Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable. «Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact», a souligné la porte-parole d’Anthropic. Cet accord «ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus», a-t-elle poursuivi. En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables. Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l'émergence des interfaces d’IA générative. «Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif», a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA. «Ce n’est qu’un début», a écrit l’association sur X, «mais il est marquant et historique.» Thomas URBAIN © Agence France-Presse -
Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse