«Wall Street pâtira forcément de la hausse des taux directeurs»

Christian Parisot, chef économiste chez Aurel BGC
Bruno de Roulhac

-L’Agefi: La crise grecque aura-t-elle un impact durable sur les marchés actions européens ?

-Christian Parisot: Le «juge de paix» sera le comportement de la devise européenne. Ces derniers mois, les mouvements de taux de change étaient principalement liés aux anticipations de politique monétaire aux Etats-Unis. Mais, dans les prochains jours, l’évolution de l’euro pourrait devenir un indicateur de la «crédibilité de la construction européenne». En effet, en pleine crise des souverains, les non-résidents avaient massivement sorti leurs capitaux de la zone euro par crainte d’explosion de l’Union économique et monétaire. La crédibilité politique et économique du mode de résolution de cette crise grecque se reflétera dans le taux de change de la devise européenne.

-La perspective d’une hausse des taux aux Etats-Unis va-t-elle peser sur l’évolution du S&P 500?

-Plusieurs éléments sont à prendre en compte. Primo, pour la première fois de son histoire, le Fed va relever ses taux directeurs alors que la croissance américaine est modeste, que le risque inflationniste est faible et que les perspectives de croissance (autour de 2-2,5%) ne sont pas euphoriques. Le marché actions va donc devoir intégrer un «effet taux négatif» sans forcément relever sensiblement ses projections de résultats des entreprises. Secundo, une majorité de membres de la Fed sont des «faucons». Ils anticipent, en moyenne, des Fed Funds à 3% à la fin 2017 malgré des projections de croissance faible. Certes, ces projections s’adapteront à la réaction des marchés et, notamment du dollar. Mais le Fed veut vraiment en finir avec sa politique de taux zéro. Wall Street pâtira forcément de cette décision…

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