S&P enfonce la note chypriote à un niveau proche du défaut technique

L’agence, qui note Chypre CCC+, déplore la lenteur des négociations avec la troïka divisée sur l'éventualité d’un effacement partiel de la dette
Patrick Aussannaire

Chypre est au bord du gouffre. Et S&P a enfoncé cette nuit, pour la troisième fois depuis août, encore davantage le pays dans la catégorie spéculative, en abaissant sa note souveraine de deux crans, à CCC+, l’agence étant toujours dans l’attente d’un plan de sauvetage financier à deux mois de l'élection présidentielle. S&P déplore la lenteur des négociations avec la troïka depuis que Chypre a demandé un soutien financier, alors que la solvabilité du pays ne cesse de se détériorer, avec un financement à court terme «de plus en plus vulnérable». Le gouvernement aurait même dû puiser 250 millions d’euros dans les fonds de pension d’organismes publics pour payer les salaires de décembre.

Hier, le Süddeutsche Zeitung indiquait que le FMI conditionnerait sa participation à un plan d’aide à Chypre, qui doit être finalisé d’ici fin janvier, à un effacement partiel de la dette. Le fonds estime qu’à défaut, le pays ne sera toujours pas en mesure de faire face aux intérêts de sa dette, même après que les réformes exigées auront été appliquées. Certains Etats membres de la zone euro seraient opposés à un effacement de la dette, parce qu’il avait été promis, lorsque la Grèce avait restructuré sa dette, qu’il s’agirait d’un cas unique.

Un argument qui refroidit le système financier qui ne semble pas prêt à encaisser une deuxième décote et qui craint surtout une escalade. «La dislocation économique serait sévère et le remède pourrait s’avérer pire que la mal», a indiqué à Bloomberg Hung Tran, haut responsable à l’Institute of International Finance (IIF) qui rassemble les principales institutions financières du monde. «Si les dirigeants s’accordent à ce que Chypre s’engage dans un PSI (participation volontaire des créanciers privés), ça remettrait en cause leur propre crédibilité et augmenterait clairement les risques de crédit sur les programmes des autres pays de la zone euro» ajoute Hung Tran.

Si S&P salue les coupes budgétaires conséquentes du budget 2013 malgré des prévisions de recettes trop optimistes, la crise chypriote reste bancaire. S&P estime que la dette publique dépasserait largement les 100% de son PIB si le gouvernement devait assurer le coût de la recapitalisation des banques, estimé à 95 milliards d’euros. Nicosie estime ses besoins à 17 milliards sur quatre ans pour soutenir son économie et ses banques, soit environ un an de PIB de l'île.

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