
La BCE laisse sa politique monétaire inchangée malgré la crise sanitaire

La Banque centrale européenne (BCE) a laissé jeudi ses taux d’intérêt et ses programmes d’achats d’actifs inchangés, comme anticipé par les économistes.
La BCE a indiqué qu’elle laissait son principal taux de refinancement à 0%, soit le niveau auquel il se trouve depuis mars 2016, et son taux de rémunération des dépôts à -0,5%. La banque centrale a également confirmé ses indications prospectives («forward guidance») sur les taux, indiquant qu’ils resteraient à leurs niveaux actuels ou plus bas jusqu’au retour de l’inflation à un niveau «proche de mais inférieur à 2%».
Le volume du Programme d’achats d’urgence pandémique (PEPP), lancé en mars afin de protéger la zone euro contre les répercussions économiques de la crise sanitaire, a été maintenu à 1.350 milliards d’euros et se poursuivra au moins jusqu’en juin 2021. La BCE a répété qu’elle réinvestirait le produit des obligations arrivant à échéance et acquises dans le cadre de ce programme au moins jusqu'à la fin 2022.
Le montant du programme d’assouplissement quantitatif (QE), qui a repris le 1er novembre 2019 et portait initialement sur un volume d’achat de 20 milliards d’euros d’actifs par mois, continue de bénéficier d’une enveloppe supplémentaire de 120 milliards d’euros pour le reste de l’année 2020. Ce programme se poursuivra aussi longtemps que nécessaire pour renforcer l’effet accommodant de la politique de taux et prendra fin peu avant le premier relèvement des taux d’intérêt, a indiqué la BCE dans son communiqué.
L’institution a de nouveau souligné qu’elle comptait réinvestir la totalité du produit des obligations arrivant à échéance, acquises dans le cadre du QE, pendant une période prolongée après sa première hausse des taux d’intérêt.
Un nouvel assouplissement attendu en décembre
Si le statu quo annoncé jeudi était très largement attendu par les investisseurs, ces derniers surveilleront néanmoins attentivement la réaction de la présidente de la BCE, Christine Lagarde, à l’aggravation de la crise sanitaire et aux mesures de restriction annoncées dans de nombreux pays d’Europe, à commencer par la France et l’Allemagne.
La plupart des économistes anticipent un nouvel assouplissement de la politique de la BCE, comprenant notamment une augmentation de l’enveloppe du PEPP et peut-être une prolongation de ce programme, à l’issue de la réunion prévue le 10 décembre.
«A cette date, il y aura beaucoup plus d’informations disponibles sur l'évolution de la pandémie, l’effet de la récente série de mesures de restrictions et les équipes de la BCE auront mis à jour leurs projections macroéconomiques. Ces dernières comprennent la publication des premières estimations de croissance et d’inflation pour 2023», explique le stratégiste de Deutsche Bank Jim Reid.
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«Selfie de toilettes»: la nouvelle tendance mode qui séduit les Nigérianes
Lagos - «Selfies interdits dans les toilettes… C’est une blague!», proclame une pancarte dans un cadre d’or, accrochée au mur marbré des toilettes d’une boîte de nuit de Lagos, la capitale culturelle et économique du Nigeria. De Lagos la déjantée à la sage Abuja, en passant par Kano la conservatrice, les Nigérianes ne badinent pas avec la mode du moment: se prendre en photo dans les toilettes des restaurants et des clubs branchés pour les diffuser sur les réseaux sociaux. Si la mode du «bathroom selfie» («selfie de toilettes») connaît un succès international, sa déclinaison locale reprend toutes les extravagances de la nuit nigériane. Les établissements ont bien saisi l’enjeu : les nombreuses influenceuses du pays le plus peuplé du continent ont le pouvoir, d’un simple «tag», de leur faire une publicité gratuite pour peu que le décor les mette en valeur. Comiebarbie, influenceuse aux plus de 100.000 followers au compteur sur Instagram, venue célébrer son 23e anniversaire à The Library - un club de Lagos, l’atteste: quand elle arrive dans un lieu, elle se rend toujours «rapidement aux toilettes avec ses amies pour prendre des photos» car «la plupart du temps, les photos rendent vraiment bien». «Les clients s’attendent déjà à ce que le restaurant ou le club soit agréable», explique Marianah, cliente de The Library. «Mais lorsqu’ils entrent dans les toilettes et ont l’impression d'être dans une galerie d’art ou un salon luxueux, ils sont pris au dépourvu.» «Ce moment de surprise rend l’expérience encore plus mémorable», et donc «instagrammable», poursuit-elle. La tendance, qui existe dans de nombreux pays, est devenue virale auprès des Nigérianes de la classe moyenne et supérieure, dans un pays où près de 60% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Champagne et chandeliers Le club Zaza, valeur sûre des nuits lagosiennes depuis plusieurs années, s’est récemment refait une beauté et a misé gros sur le nouveau look de ses toilettes pour femmes. Plusieurs clientes, moulées dans des robes aux couleurs vives, réajustent leurs décolletés, se déhanchent savamment et lancent une oeillade lascive toute en faux cils à leur smartphone, tête légèrement penchée en arrière. Les murs au papier peint fleuri et aux multiples miroirs permettent d’essayer différents angles de prise de vue. Afin de s’assurer du confort et du temps de pose adéquats, les patrons du lieu ont imaginé une astuce qui fait mouche. En pressant un bouton rouge dans le mur, une coupe de champagne apparaît par une petite lucarne, gratuitement, pour embellir l’attitude et faciliter les sourires. «La décoration est très importante pour les Nigérianes, on doit être créatif pour les attirer», explique Johnny Franjeh, directeur adjoint de Zaza. Dans les toilettes, «on peut voir dix femmes qui attendent de presser le bouton, juste pour mettre une photo sur leur Instagram ou leur Snapchat», se réjouit-il. «Nous avons inventé cette tendance!», revendiquent de leur côté Ghada Ghaith et Rasha Jarmakani, directrices du Rococo, autre établissement branché de Lagos. Faux marbre du sol au plafond, chandelier en cristal, longs miroirs ceints de dorures sculptées, «You’re gorgeous» («tu es magnifique») comme inscrit au rouge à lèvre au-dessus du lavabo doré: les lieux d’aisance doivent mettre à l’aise. «Deux semaines avant l’ouverture, nous avons posté une photo de nous dans les toilettes, sans montrer les éviers ni les cuvettes, juste le sol et le chandelier», racontent-elles. «Deux heures après avoir mis la photo en ligne, nous avons eu 200 demandes de réservations car les gens pensaient que c'était la décoration de la salle, pas des toilettes», s’esclaffent-elles. Stephanie caresse ses longues tresses blondes et bombe la poitrine face au miroir, regard tourné vers les lavabos. Au Bar Called Paper d’Abuja, la capitale politique du Nigeria, une petite pièce «spéciale selfie» a été aménagée dans les toilettes: murs en plexiglass motifs psychédéliques du sol au plafond avec rétroéclairage et miroir géant pour l’effet de perspective, la silhouette de Stéphanie dans sa mini robe dos-nu à paillettes se réfléchit à l’infini. «La chose la plus importante que je recherche, c’est le bon angle pour mes photos, la lumière brille, tout est orange, comme si mes photos ressortaient plus lumineuses», explique la jeune femme de 26 ans. A Kano, deuxième ville la plus peuplée du pays et capitale du nord principalement musulman et traditionnel, la mode du selfie-toilettes fait aussi ses émules, mais sans la même ostentation. Dans les toilettes de l’Antika Restolounge, prisé par les jeunes de la ville, les manches des clientes se font plus longues, les robes plus amples et moins suggestives et les maquillages discrets. Mais même en pull et en casquette, les jeunes femmes passent de longues minutes dans les toilettes et jouent avec leur reflet dans les miroirs agencés sur un papier peint tropical. Leslie FAUVEL © Agence France-Presse