Pékin étend le champ des réformes à la dette des collectivités locales

Le gouvernement chinois a proposé un projet de loi visant à étendre le nombre de collectivités autorisées à émettre des titres de manière autonome
Patrick Aussannaire

Pékin ne faiblit pas sur le rythme des réformes. Les autorités chinoises devraient donner leur feu vert à un élargissement des émissions directes de titres par les gouvernements locaux afin d’endiguer la prolifération du financement des investissements par l’intermédiaire de véhicules dédiés (LGFV) jugés opaques. Les provinces, régions autonomes et villes ayant reçu l’aval de Pékin pourront ainsi assurer elles-mêmes leurs besoins de financement sans passer par l’Etat central.

A l’heure actuelle, seules quelques collectivités aux finances jugées solides, dont les villes de Shanghai et Shenzhen, sont autorisées à venir sur le marché primaire.

Les investissements en infrastructures, les services publics et dépenses sociales représentent à eux seuls 85% des dépenses locales. Dans le même temps, les collectivités disposent de peu de sources autonomes et sont dépendantes des transferts de l’Etat central qui «couvrent à peine les dépenses courantes, leur laissant peu de ressources pour financer leurs investissements», explique le FMI. La dette locale a explosé de 67% à 17.900 milliards de yuans entre 2010 et fin juin 2013, avec 28% de cette nouvelle dette issue du shadow banking (sociétés fiduciaires, émissions obligataires), alors que la part du crédit bancaire direct a chuté de 79% à 23%.

La réforme suit les deux premiers défauts constatés sur le marché obligataire corporate chinois. La société de gestion GaveKal estime la part des sociétés industrielles et immobilières en situation de perte entre 15% et 20%, avec des ratios d’endettement élevés. Si les défauts devraient se limiter à 27 milliards de yuans sur les 2.300 milliards de titres arrivant à échéance cette année, «les conséquences pourraient être désordonnées et pas entièrement contrôlables» et entraîner une hausse des primes de risque et des coûts de financements pour les sociétés des secteurs plus exposés, estime GaveKal.

Dans ce contexte, la PBOC a opté pour une politique monétaire plus accommodante sur sa gestion des liquidités, également tirées par les achats de devises étrangères par les banques. Pékin a également annoncé la semaine dernière une baisse du ratio des réserves obligatoires ciblée aux banques et coopératives rurales, dont les créances sont limitées à 18.600 milliards de yuans, soit 17% des dépôts totaux en Chine, selon Barclays. Le Shibor à 7 jours est revenu à un niveau moyen de 3,4% en avril et 3,2% en mars, au plus bas depuis mai 2013.

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